Roni Alter raconte son harcèlement dans "Devil's calling"
Roni Alter prend position dans son single "Devil's calling", extrait de son nouvel EP. L'auteur, compositrice et interprète tape du poing contre le harcèlement, une expérience qu'elle a vécue dans son enfance. Elle nous raconte...
Mettre des mots sur les maux, une mélodie sur les blessures : c'est ce qu'a choisi de faire Roni Alter dans son morceau Devil's calling, extrait de son nouvel EP. Victime de harcèlement sexuel à l'âge de huit ans, elle raconte son bourreau dans une chanson aux paroles percutantes et au clip poignant. "Musique et paroles sont venues ensemble, comme un monologue de la fille que j'étais, de la femme que je suis", explique-t-elle. L'artiste de 36 ans partage une expérience intime, douloureuse, (pas si) lointaine, et qui fait écho au mouvement de libération de la parole qui a pris forme cette année, avec #MeToo. Roni Alter nous raconte.
Le Journal des Femmes : Était-ce difficile de vous livrer dans cette chanson, qui aborde un sujet douloureux ?
Roni Alter : De revenir sur un moment difficile de sa vie n'est jamais une chose facile. Mais dans ce processus de création, il y a quelque chose de réparateur . Y mettre les mots, transformer cette histoire enfouie depuis des années en une chanson est une merveilleuse thérapie .
Est-il important pour un artiste de prendre position, notamment sur ce thème ?
En général, je pense que chacun doit surtout faire ce qui lui va. Un artiste n'est pas seulement une personne privée. Il faut donc doublement être prêt à partager des moments fragiles du passé. Il m'en a fallu des années... Et aujourd'hui c'est le bon moment. Si mon histoire peut toucher et aider quelqu'un d'autre, alors je serai vraiment heureuse.
Vous chantez : "I can only pray I ran away" ("Je peux seulement prier de m'être échappée"). Avez-vous le sentiment de ne pas pouvoir échapper au souvenir de ce "diable" ?
Depuis le moment où cette chanson est née, son histoire est bien plus présente dans ma vie. C'est un souvenir refoulé qui a refait surface et qui ne me laisse plus la possibilité de le fuir. Cela m'a amené à recontacter mes amies d'enfance pour leurs demander si elles avaient croisé, elles aussi, ce diable dans notre quartier. Une a répondu que oui. Tout à coup, je n'étais plus la seule et l'idée de partager des histoires croisées m'a apportée un certain apaisement.
L'EP de Roni Alter est disponible dans les bacs. Elle sera en concert au Café de la danse, à Paris, le 16 mai 2019.