Rachida Brakni et Gaëtan Roussel nous racontent Lady Sir 

Après Louise Attaque, Tarmac et une carrière solo lancée en 2010, Gaëtan Roussel allie son talent à celui de Rachida Brakni, actrice, metteuse en scène et chanteuse. On a rencontré ce duo intrigant, envoûtant et complice au nom et à la classe aristocratiques.

Rachida Brakni et Gaëtan Roussel nous racontent Lady Sir 
© Mathieu Zazzo

Collaboration inattendue et spontanée, Gaëtan Roussel et Rachida Brakni s'unissent et deviennent Lady Sir.
Dans sa quête d'un générique de fin pour son premier film De Sas en sas, sorti en février 2017, Rachida Brakni contacte son ami Gaëtan Roussel, chanteur célèbre des groupes Louise Attaque et Tarmac. En interprétant le titre choisi à deux, le chanteur et l'actrice découvrent le mariage harmonieux de leurs voix et décident de donner naissance à un tandem. Leur premier album, dans les bacs depuis le 14 avril, prend le nom de la chanson qui les a rassemblés : Accidentally Yours et comporte des mélodies douces et mélancoliques, chantées en français, en anglais mais aussi en arabe. Prochaine étape ? Rachida Brakni insiste pour que Gaëtan Roussel prenne place devant sa caméra. "Il va devenir acteur. J'ai très envie de filmer et de passer du temps avec lui sur les tables de montage", énonce-t-elle avec admiration et enthousiasme. Dans les coulisses de l'émission On n'est pas couché, les deux artistes se sont confiés sur cette nouvelle aventure musicale avec une complicité évidente. 

Accidentally Yours... Pourquoi avoir choisi un titre en anglais pour votre premier album ?

Rachida Brakni : C'est le titre qui symbolise la naissance de notre groupe, une invitation au voyage, de l'ordre du temps suspendu à une époque où tout va vite, Cette introduction est comme un hall qui invite les gens à entrer dans notre univers.

De quoi parle ce premier opus ? Quelle est son histoire ?
Gaëtan Roussel :
Ce n'est pas un album qui a un thème, si ce n'est cette idée de mouvement et d'invitation. Rachida a écrit un titre très important qui s'appelle "Je Rêve d'Ailleurs" qui est une bonne manière de résumer ce que l'on essaie de raconter à travers ce disque. On veut que vous en fassiez ce que vous souhaitez.

Pourquoi avoir choisi le nom de Lady Sir ?
Rachida Brakni :
Quand Clarisse notre manager nous a proposé ce nom, on a tout de suite été emballés. Il y a l'ambition aristocratique, une ambiguïté aussi parce que nous sommes un homme et une femme dont les voix se mélangent. En écoutant notre musique, il y a quelque chose d'hybride, d'androgyne. On joue avec le masculin et le féminin.

"On joue avec le masculin et le féminin"

 

 

Ecrivez-vous tous les deux vos chansons ?
Gaëtan Roussel :
C'est une production commune qui n'est pas de nos quatre mains. Clarisse écrit des textes, elle a même produit l'album. On a eu de l'aide d'autres personnes pour écrire des chansons. C'est très collégial et nous sommes très bien entourés. Il y a un effort de la part de tout le monde pour que notre musique ressemble le plus possible à Lady Sir.

Vous mêlez anglais, français et arabe dans votre musique : pourquoi était-ce important ?
Rachida Brakni : L'arabe est la langue de mes racines et l'anglais celle de la communication. Le dénominateur commun c'est la musique, donc ça ne met pas de barrière. On peut passer allègrement d'une langue à l'autre. Il n'y a rien de revendicatif à part l'idée du voyage et du mouvement. On passe d'un continent à un autre avec cette colonne vertébrale qu'est la musique.

Quelles sont vos inspirations pour votre musique ?
Gaëtan Roussel :Des voix féminines et masculines qui se sont mêlées comme Isobel Campbell et Mark Lanegan ou alors Nick Cave et Kylie Minogue. On a d'autres choses en commun mais ce sont comme des fantômes qui rôdent autour de Lady Sir.

Vous provenez de milieux différents : comment vivez-vous ce mélange ?
Gaëtan Roussel : On essaie d'être curieux et nous mettons au centre ce que l'on a envie de raconter. On est en train de construire des concerts qui ne sont pas éloignés de ce que l'on peut faire au théâtre, il y a juste moins d'exigences et de chorégraphies. C'est parfois très libre et c'est notre manière de s'inspirer de ce que chacun peut croiser. On reste fidèles à nous-mêmes.

Rachida Brakni :Il y a de la gourmandise et de la curiosité des deux côtés.

 

© Mathieu Zazzo

Gaëtan, les chansons de Lady Sir sont plus mélancoliques que celles qui vous ont rendu célèbre...
Gaëtan Roussel : C'est plus en rapport avec ce que l'on avait à raconter ensemble. C'est le rythme qui collait. C'est plus posé, plus calme. Les notes rebondissaient de cette manière. Il y avait une envie de faire des choses différentes.

Entre Louise Attaque, Tarmac et votre carrière solo, comment parvenez-vous à gérer tous ces projets ?
Gaëtan Roussel :Ce qui est très différent c'est avec qui on le fait. Ce qui m'intéresse c'est d'entrer en contact avec de nouvelles personnes. Le tout c'est d'être bien entouré. Ce sont des projets qui n'ont jamais lieu au même endroit et au même moment. Ce n'est pas toujours la même chose. Un projet peut nourrir l'autre. Il y a plusieurs phases de vie.

 

"La musique accompagne chacun d'entre nous"

 

Rachida, vous avez sorti un premier album en 2012. La musique serait-elle une autre de vos passions ?
Rachida Brakni : La musique accompagne chacun d'entre nous. Elle a fait partie de mon cursus d'apprentissage quand j'étais en école de théâtre. J'ai également joué dans des opérettes. Je n'ai jamais dissocié le chant du jeu car ça reste de l'interprétation. La voix est notre premier instrument, il suffit de trouver la sienne et d'être en accord avec elle.

Vous avez grandi avec Cheikha Remitti, une chanteuse engagée qui évoquait des tabous...

Rachida Brakni : Je ne me pose pas la question. Le féminisme fait partie de moi parce qu'il désigne mon rapport au monde, aux hommes et aux femmes. Dans l'album de Lady Sir, je chante l'amour. Je ne me pose pas en tant que féministe car ça voudrait dire que je lutte contre quelque chose que l'on m'aurait inculqué ce qui n'est pas le cas. Ça me paraît juste naturel. Tant mieux si ça peut en convertir certains.

Vous avez dit une fois avoir "besoin de confrontations, de discussions, de désaccords" : ça existe dans votre duo ?
Rachida Brakni : La chanson "Je ne me souviens pas" est une confrontation. Un échange de points de vue. En tant que duo, les confrontations ne font pas encore partie de notre quotidien.

"Les confrontations ne font pas encore partie de notre quotidien"

 

Comment parvenez-vous à combiner votre vie de femme, de mère, d'actrice et de chanteuse ?
Rachida Brakni : J'aime beaucoup la chanteuse Dani qui a dit un jour "ce n'est pas le temps que l'on passe avec ses enfants qui compte, mais la qualité de ce temps". J'en ai fait un mantra. Même si je ne suis pas là beaucoup, quand je le suis, je le suis pleinement. Je n'installe pas mes enfants devant une tablette.

Gaëtan Roussel :Il en est de même pour moi. Je suis papa. On peut ne pas être là du tout, tout comme nous pouvons l'être beaucoup. C'est un autre rythme. On peut être près de nos enfants même 10 jours d'affilée.

Si vous pouviez créer une playlist : de quels titres serait-elle composée ? Gaëtan, écoutez-vous vos propres titres ?
Gaëtan Roussel : Je n'écouterais pas mes propres morceaux, mais il m'est déjà arrivé de vouloir écouter les chansons de Lady Sir en voiture car nos voix se marient bien. Mais il y aurait certainement du Nick Cave, du Gorillaz et du Leonard Cohen, qui sont nos influences communes.

Quels sont vos projets ?
Gaëtan Roussel : Lady Sir, encore et toujours. On a déjà fait le festival de Bourges et on se prépare pour les Francofolies de La Rochelle, le Philharmonie de Paris et les Nuits de Fourvière à Lyon. Notre tournée débutera aux alentours du mois d'octobre. On aimerait aussi sortir un deuxième album.

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