Aurora : "Une chanson peut sauver ceux qui n'ont personne à qui parler"

Aurora ressemble à une frêle tête blonde, jusqu'à ce qu'elle se mette à chanter. La Norvégienne de 20 ans se transforme alors en guerrière poétique à la Björk. Rencontre avec cette étoile lunaire.

Aurora : "Une chanson peut sauver ceux qui n'ont personne à qui parler"
© Elodie Daguin / Aurora porte un top irisé, un pantalon et des chaussures Drome

A 6 ans, alors que les enfants jouent à la dînette, Aurora écrit ses premières paroles. Avant d'y ajouter des notes de piano. "Mais je n'ai pas fait de chanson avant mes 9 ou 10 ans", précise-t-elle, comme si son talent précoce d'auteure-compositrice-interprète était d'une banalité sans nom.
Née en Norvège, la jeune fille de 20 ans se fait remarquer sur Internet, alors qu'elle semble à mille lieux de cet univers ultra-connecté chéri par sa génération. Aurora adore Gustav Klimt et les compositeurs de musique de films James Horner ou Thomas Newman. Elle s'inspire de John Williams et de la nature. Et chante avec une voix qui semble cristalliser le moment. Son univers musical empreint de poésie fait l'effet d'une bouffée d'air frais dans une forêt enchantée, à l'image de son premier album All my Demons greeting me as a friend, sorti en mars.
Teint de porcelaine savamment travaillé, carré blond polaire et yeux bleus translucides, elle observe le monde avec un air lunaire avant de le transformer en chansons. Normal, pour une native du pays du soleil de minuit. Interview.

Le Journal des Femmes : Comment une jeune fille de Norvège se retrouve à jouer à guichet fermé à Paris ?
Aurora : Je n'en ai aucune idée ! C'est très étrange, comme toute ma vie maintenant. J'ai beaucoup travaillé pour en arriver là, mais tout a été très rapide.

Vous avez écrit vos premières chansons avant vos 10 ans. D'où vient ce besoin de vous exprimer ?
Je suis très émotive et je n'arrive pas toujours à m'exprimer sur le moment. Quand j'ai découvert le plaisir d'écrire, j'ai enfin pu mettre des mots sur mes émotions d'une jolie manière, avec des poèmes. J'ai toujours eu beaucoup de pensées en tête, c'est satisfaisant de les coucher sur papier.

Aurora porte une robe Sandra Mansour et des chaussettes Falke © Elodie Daguin

Ce n'est pas difficile de chanter en public quand on est si émotive ?
Pas forcément, parce qu'être hypersensible veut dire qu'on est à l'aise avec ses émotions. Pleurer en public, montrer que je suis triste ou en colère ne m'effraie pas. C'est une très jolie chose. Surtout en live, quand je vois des gens ressentir les mêmes émotions, pleurer ou rire avec moi. Ça me rapproche de ces inconnus.

Quel est votre premier souvenir musical ?
J'étais toute petite et très malade. Je me rappelle que ma mère a mis un CD de musique classique avec Mozart, Chopin, Beethoven. J'en ai oublié la douleur. C'était comme une guérison, juste grâce à ces notes.

Et aujourd'hui, vous espérez apporter le même réconfort à ceux qui vous écoutent ?
Je veux être comme une amie pour eux, quand ils ne parviennent pas à exprimer leurs émotions. Une chanson peut sauver ceux qui n'ont personne à qui parler. J'essaie de donner à ma musique un côté rêveur, mais aussi puissant et fort. Que ce soit sombre et lumineux à la fois.

Qu'est-ce qui vous inspire ?
Tout, d'une couleur ou un son à une chanson, une odeur, un souvenir, un rêve ou un cauchemar. J'essaie d'intégrer la nature à ma musique autant que je le peux. Visuellement. chaque chanson a une identité claire pour moi. Quand j'écris, je peux imaginer comment elle va sonner et à quoi va ressembler le clip.

Aurora porte une robe Sandra Mansour © Elodie Daguin

Le titre de votre album All my demons greeting me as a friend signifie "tous mes démons m'accueillent en amie". Pourquoi ce nom ?
Ecrire des chansons ou s'exprimer par l'art, c'est une manière de comprendre, gérer et créer de nouvelles émotions. Par ce biais, j'essaie d'accueillir mes démons comme des amis. Je suis contente de savoir qu'ils seront toujours là pour m'aider à faire de la musique, de la peinture ou de la danse. J'ai voulu nommer mon album à partir de ce qui me fait écrire.

Un souvenir de scène déjà inoubliable ?
Pendant mon concert au festival Rock en Seine, cet été. Nous sommes passés à la fin de la journée. Il faisait jour quand nous avons commencé et nuit quand nous avons terminé. C'était comme si le monde se transformait pendant qu'on jouait.

All my Demons greeting me as a friend, disponible depuis mars 2016 chez.

Photos exclusives d'Elise Daguin réalisées pour Le Journal des Femmes. Stylisme : Victoria Rastello. Maquillage : Adelie Balez. Coiffure : Alexis Parente.

Aurora porte une robe Cacharel et un bracelet Nilai Paris © Elise Daguin