"Il est au bord du vide" : ce célèbre monument français menace de tomber dans la mer

Suspendu entre ciel et mer, ce monument emblématique fait face à un nouveau défi : la menace imminente de l'érosion côtière. Dans cet équilibre précaire, le sort de cette sépulture historique, accessible uniquement à marée basse, suscite un vif débat : doit-on la déplacer pour la préserver des caprices de la nature, ou la laisser s'effondrer ?

"Il est au bord du vide" : ce célèbre monument français menace de tomber dans la mer
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Depuis 175 ans, cette sépulture perchée sur l'îlot du Grand-Bé à Saint-Malo, accessible uniquement à marée basse, défie le temps et les éléments. Aujourd'hui, l'érosion menace ce lieu emblématique, suscitant une interrogation majeure : faut-il envisager de déplacer ce monument historique face à la nature capricieuse ?

" Il repose seul face à la mer. Telle était sa volonté ", déclarent les guides touristiques à propos de la célébrité mythique qui repose ici, ayant choisi l'endroit lui-même. François-René de Chateaubriand : une figure incontournable du romantisme français, dont la vie fut aussi colorée que ses écrits. Né à Saint-Malo en 1768, il a traversé des époques tumultueuses, de la Révolution française à la Restauration. Avec des chefs-d'œuvre tels que "Mémoires d'outre-tombe", Chateaubriand a captivé ses lecteurs par sa prose passionnée et ses récits d'aventures, s'imposant comme un témoin clé et un narrateur exceptionnel de son temps.

L'aspect presque anonyme de la tombe, marquée uniquement par une inscription poétique, ajoute à son caractère singulier. La plaque à proximité rappelle les mots de Chateaubriand : "Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n'entendre que la mer et le vent. Passant, respecte sa dernière volonté". Ce message soulève une interrogation philosophique : Chateaubriand aurait-il préféré que son tombeau soit emporté par les éléments naturels, conformément à l'esprit romantique ?

L'inquiétude est palpable, comme l'exprime Michel Désir, de la société de Chateaubriand : " À ce jour, il m'est désormais impossible d'accéder par l'arrière du tombeau pour fixer sur la croix la gerbe de blé et de fleurs des champs". Cette difficulté d'accès révèle l'avancée inexorable de l'érosion, qui grignote chaque année un peu plus le sol autour du tombeau. Le maire de Saint-Malo, Gilles Lurton, a lui aussi constaté les dégâts causés par les affres du climat. "Avant, on pouvait faire le tour de la tombe. Là ce n'est plus possible. Le pilier côté droit est au bord du vide".  Conscient de l'évolution possible de la situation, la ville de Saint-Malo a commandé une étude pour évaluer la solidité de la falaise et les risques associés. Cette démarche vise à obtenir un " éclairage scientifique " sur la question.

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Alors que les résultats de l'étude sont attendus en 2024, la communauté locale et les admirateurs de Chateaubriand restent dans l'expectative. La décision de déplacer ou non ce monument emblématique pèsera lourd, tant sur le plan culturel que symbolique. Dans ce contexte, la question demeure : quel sera le destin final de la dernière demeure de Chateaubriand, ce monument au bord du vide ?