5 choses à savoir sur La fiancée du poète

Une personnalité hors normes

Mireille est de retour dans la ville qui l'a vue grandir : Charleville, dans les Ardennes. Amoureuse des mots et férue de littérature et de culture au sens plus large, elle occupe un poste de cantinière à la cafétaria de l'école des Beaux-Arts. Cet environnement privilégié, propice à la rêverie, confirme son caractère atypique, sa liberté de ton et d'esprit. Mireille détonne dans cette bourgade de province où elle retrouve sa sœur Annie (Anne Benoît) et de vieilles connaissances qui n'ont jamais bougé. Sa sensibilité exacerbée dissimule à peine ses blessures de femme, dans un passé pas si lointain. Son ancien amoureux, André Pieyre dé Mandiarguès ne la quitte jamais, malgré la déception, tout comme sa détention en prison, pendant trois ans.

De drôles de locataires

Pour faire face aux charges de la maison de famille délabrée dont elle a hérité, Mireille décide de louer des chambres. Elle accueille le talentueux Cyril (Thomas Guy), un étudiant de Beaux-Arts, discret et peu disert, toujours prêt à donner un coup de main, à proposer une bière après l'effort, à participer aux tâches ménagères. Le jeune homme est rapidement rejoint par Bernard (Grégory Gadebois), récemment séparé. Ce jardinier municipal, grand spécialiste des plants de tulipes sur les ronds-points de Charleville, se révèle après une soirée arrosée. Sa situation familiale le pèse, certes, mais il se laisse découvrir sans honte, assume un genre nouveau pour renaître pleinement, sans contraintes. Un troisième homme, Elvis (Esteban), intrigue par son allure de cowboy. Il se produit dans l'un des cafés du village avec des musiciens plus méditerranéens qu'américains, chante en anglais. Lui aussi dissimule un secret, percé rapidement par Mireille, touchée par cet être faussement bien dans ses santiags et sa chemise de chanteur de country. Si touchée qu'elle finit par l'épouser !

Un conte poétique et politique

Yolande Moreau, avec sa coscénariste Frédérique Moreau, pointe du doigt les dysfonctionnements d'une société avide de parcours linéaires, sans aspérités. Elle rappelle le rôle de la culture et combien l'art change la vie des hommes. Et souligne avec tendresse la nécessité, et l'urgence, d'échanger, de se parler, de se toucher, de s'écouter. Sous peine de passer à côté de l'autre. L'auteure-réalisatrice alerte le spectateur sur l'urgence à remettre l'humain au cœur des débats.

L'amour d'une vie contrariée

Dès le début du film, André Pieyre dé Mandiarguès devient l'être chéri et perdu qui marque à tout jamais la vie de Mireille. Le poète catalan, interprété par Sergi Lopez, se pointe dans la maison de Charleville après avoir découvert le magnifique portrait de Mireille, réalisé par Cyril, dans la vitrine d'une galerie. Loin de s'appeler André Pieyre, mais Fernando, il essaie maladroitement de reconquérir le cœur de son ancienne amante. Il lui faudra du temps, et quelques péripéties, pour attirer à nouveau l'attention de Mireille.

Jeu de faussaires

Dans La fiancée du poète, chacun s'invente une vie. Les personnages trichent pour des questions politiques, pour échapper au regard des autres, par défi. Ainsi, Cyril, le jeune étudiant aux Beaux-Arts réalise facilement des copies de toiles de maîtres avec justesse. Bernard s'habille en femme le soir venu, avant d'oser porter robe et talons la journée, en public. Elvis s'invente une identité américaine alors qu'il est un réfugié politique turc. Fernando le plombier ne joue plus sur les mots, André Pieyre dé Mandiarguès appartient définitivement au passé. Mireille resquille à sa manière en revendant des cartouches de cigarettes. Loin de vouloir blesser, tous jouent au vrai-faux. Yolande Moreau avoue d'ailleurs être fascinée par les gens qui endossent la personnalité d'un autre " comme si leur vie n'était pas à la hauteur et qu'ils la rêvaient en usurpant l'identité d'un autre ".

La fiancée du poète. Comédie dramatique de et avec Yolande Moreau, Sergi Lopez, Grégory Gadebois, Esteban, Thomas Guy, Anne Benoît, William Sheller, François Morel, Aïssatou Diallo Sagna, Philippe Duquesne, Jana Bittnerova. 1h43, sortie le 11 octobre.