Valérie Donzelli : "Ne plus avoir d'imagination serait la fin de tout"

Valérie Donzelli renoue avec ses Vosges natales pour intégrer le jury du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. L'actrice-réalisatrice s'est prêtée au jeu des questions-réponses entre deux séances de films inquiétants. Rencontre.

Valérie Donzelli : "Ne plus avoir d'imagination serait la fin de tout"
© Valérie Donzelli au Festival international du Film fantastique de Gérardmer, le 27 janvier 2022 - Marechal Aurore/ABACA

Valérie Donzelli trempe habituellement dans le bain de la comédie. En devenant jurée de cette 29e édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, l'actrice et réalisatrice goûte aux sombres délices du cinéma qui fait trembler et s'en délecte. Alors qu'elle vient d'apparaître sur les grands écrans avec des petits rôles dans le thriller Madeleine Collins et la romcom On est fait pour s'entendre, la réalisatrice de Marguerite et Julien illuminera prochainement Azuro, adaptation solaire des Petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras. Celle qui aime que ses films soient empreints de poésie nous a avoué avoir été inspirée par les longs-métrages étranges qu'elle a découverts au cœur de la perle des Vosges, non loin de sa ville natale d'Epinal. Valérie Donzelli, bientôt du côté obscure ? Interview.

Qu'est-ce qui est fantastique à Gérardmer ?
Valérie Donzelli
 : Ce qui est fantastique, cette année en tout cas, c'est de voir ces salles si remplies, de voir ces films fantastiques avec autant d'ambiance, de public, de frissons... et de découvrir un cinéma que je ne connais pas très bien et qui m'enthousiasme. Je découvre un endroit très ample pour la créativité. Ce cinéma est assez infini.

C'est quoi, votre genre de films ?
Valérie Donzelli 
: Je fais des films plutôt dans le registre de la comédie, mais toujours un peu décalés, poétiques. Ce n'est pas un cinéma naturaliste. Je me suis rendu compte que je flirtais toujours un peu avec le genre. En étant ici, je me suis dit que je pourrais peut-être y aller un peu plus franchement. Ça m'a stimulée, nourrie. En tant que spectatrice, cela dépend, je suis assez curieuse. J'aime bien tout voir.

Vous souvenez-vous de votre premier frisson au cinéma ?
Valérie Donzelli
 : Je m'en souviens très bien, c'était le clip Thriller de Michael Jackson. C'est le premier truc qui m'a fait peur. Ensuite, il y a eu Psychose d'Alfred Hitchcock et Delivrance de John Boorman.

Qui est le plus grand monstre de cinéma à vos yeux ?
Valérie Donzelli 
: Visuellement, je trouve Elephant Man assez génial. Il est à la fois un monstre et un personnage que l'on aime. La figure du monstre gentil est magnifique.

Qu'est-ce qui vous terrorise dans votre métier ?
Valérie Donzelli 
: En tant qu'actrice, rien. En tant que réalisatrice, tout. Et je n'ai pas encore trouvé la solution pour surmonter cette peur.

Et à l'écran ?
Valérie Donzelli
 : A l'écran, c'est fou parce que la peur peut vraiment venir de rien. Une lumière qui clignote peut effrayer, ça dépend de ce qu'il y a avant et après. C'est toute la jubilation du cinéma. Quand on le fabrique, il n'est rien. Sur un plateau, rien ne fait peur puisque tout est ouvert. Il terrorise une fois construit, quand le film est monté, qu'on l'habille. Un film à nu n'a rien d'inquiétant. C'est la fabrication autour qui fait peur. C'est d'ailleurs ce qui est génial.

Le personnage fantastique que vous pourriez être ?
Valérie Donzelli 
: Hulk, un monstre débordé par ses émotions.

Quelle est votre héroïne fantastique ou d'horreur préférée ?
Valérie Donzelli 
: Fantômette! C'est la super-héroïne enfant, la petite rusée. Je l'ai toujours adoré. J'aime son costume, j'aime tout.

Qu'est-ce qui serait l'horreur absolue pour votre carrière ?
Valérie Donzelli
 : De ne plus avoir d'imagination, ce serait la fin de tout.

Quel est le film ou le personnage de votre carrière qui vous hante ?
Valérie Donzelli 
: Martha... Martha, le premier film dans lequel j'ai joué. C'était un personnage très dur, blessé. J'ai eu du mal à m'en défaire. D'ailleurs, pour tous mes rôles, je suis du genre à garder les choses un peu en moi.