MEMORY BOX : 5 bonnes raisons d'ouvrir la boîte

MEMORY BOX : 5 bonnes raisons d'ouvrir la boîte

Les plasticiens Khalil Joreige et Joana Hadjithomas livrent une œuvre singulière avec "Memory Box", au cinéma le 19 janvier. Ce film est d'une richesse visuelle folle. On vous dit pourquoi c'est une excellente idée d'aller le découvrir en salles.

Memory Box : histoire de deuil et de souvenirs

L'histoire de Memory Box est aussi fournie que le carton que reçoit son héroïne Maia à la veille de Noël. La boîte livrée en pleine tempête de neige au Canada contient toutes les lettres, cahiers et cassettes audio envoyés à son amie partie du Liban au moment de la guerre civile, dans les années 80. Sa fille, intriguée, demande à y jeter un œil. Refus immédiat de Maia, que l'on sent à fleur de peau vis à vis de ces archives. Comme toute adolescente, Alex va passer outre la règle et se plonger dans ces souvenirs, découvrant alors sa mère amoureuse, passionnée de photo, inquiète du conflit libanais, tout en restant philosophe sur la situation. En suivant ce fil rouge, le film déroule les thématiques du souvenir, de l'héritage, du deuil et de la résilience, mais aussi du pouvoir des images sur nos vies.

Une forme étonnante

Memory Box emprunte une forme originale, grâce à la vision artistique des réalisateurs : Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, plasticiens libanais récompensés du Prix Marcel Duchamp en 2017. Ici, le couple explore ses thématiques fétiches : le lien de l'histoire à la culture ou encore la construction de l'imaginaire à travers le souvenir et le fait de se définir en tant que sujet. Il en résulte un long-métrage imaginé autour de photos et d'enregistrements sonores, un travail du grain spécifique pour retrouver l'ambiance des années 80, une utilisation du smartphone comme filtre moderne et mêmes des interactions entre les protagonistes et les images elles-mêmes. Le même souci du détail, la même notion d'expérimentation sont apportés au travail du son. Fascinant.

Memory Box : Rim Turki et Paloma Vauthier, duo touchant

Avec Memory Box, l'actrice Rim Turki revient face à la caméra après 10 ans loin des écrans, quand la jeune Paloma Vauthier fait ses premiers pas au cinéma. On sent une complicité entre les comédiennes qui jouent la mère et la fille à l'écran. L'une et l'autre parviennent à transmettre de la douceur comme de la colère, passer de l'amour à la défiance, de la tendresse à la rancœur. Leurs prestations offrent une jolie interprétation du rapport mère-fille, dans toute sa complexité.

Manal Issa, pépite brute

Manal Issa retrouve le pays dans lequel elle a grandi pour incarner la Maia des années 80. L'actrice de 29 ans fait une adolescente tout à fait convaincante, à la fois intense et candide. En plus de jouer parfaitement son rôle, la comédienne se prête à l'exercice de la voix-off en contant les émotions de son personnage, compilées sur des cassettes audio. C'est là où le talent prend tout son sens : même sans l'image, son jeu nous saisit et nous émeut.

Memory Box, une fenêtre ouverte sur le Liban

En traitant la guerre civile en filigrane, Khalil Joreige et Joana Hadjithomas offrent une vision de leur pays tristement actuelle. Parce que le Liban subit une crise économique et politique, les messages derrière Memory Box résonnent particulièrement fort. On y découvre un pays sans cesse obligé de se tourner vers le renouveau et très enclin à s'unir, à rester optimiste, à faire la fête pour contrer les coups du destin. Une magnifique leçon de résilience et d'espoir.