FRIDA VIVA LA VIDA, SUPRÊMES et LIBAN 1982 sont nos 3 coups de cœur ciné du 24 novembre

Il souffle un vent d'agitation sur les films de ce 24 novembre avec une révolte intime pour une liberté artistique du côté de "Frida Viva la Vida", du rap pour faire bouger les lignes avec "Suprêmes" et les derniers émois avant les combats dans "Liban 1982". On vous présente nos immanquables.

FRIDA VIVA LA VIDA, SUPRÊMES et LIBAN 1982 sont nos 3 coups de cœur ciné du 24 novembre
© LatinContent/Getty Images

Frida Viva la Vida, de Giovanni Troilo

© Eurozoom

Frida Kahlo est une artiste incontournable du XXe siècle. Certains ne connaissent d'elle que l'image, le mono-sourcil, les robes colorées et les fleurs dans les cheveux, pourtant cette artiste admirée des plus grands, Pablo Picasso et André Breton en tête, mérite une reconnaissance à la juste valeur de son travail. Plusieurs soucis de santé ont valu à Frida Kahlo de vivre une existence douloureuse. La peintre en elle s'est nourrie de ces souffrances pour créer 143 tableaux sous forme d'autoportraits, de natures mortes ou encore de ré-interprétations d'ex-votos. C'est tout ça que propose de faire découvrir le documentaire Frida Viva la Vida. À travers la narration d'Asia Argento, le réalisateur nous plonge dans les œuvres et la vie de la Mexicaine, nous fait saisir ses inspirations et tourments. L'originalité de la mise en scène et le récit d'une partie de ses écrits servent d'écrin aux interviews passionnantes, aux documents rares et aux visites privées de la Casa Azul. Giovanni Troilo a pour volonté de faire ressortir la femme joyeuse, même si meurtrie, derrière l'artiste en souffrance. Frida Kahlo est un exemple de liberté créative, une figure de résilience devenue icône des temps modernes. Il est important de gratter sous la couche pop de laquelle la société l'a vernie pour révéler la puissance de la femme et de l'artiste qu'elle était. C'est chose faite avec Frida Viva la Vida !

Avec Asia Argento (1h38)

Liban 1982, de Oualid Mouaness

© Moonlight Films Distribution

Que se passe-t-il juste avant le chamboulement, quand l'espoir est encore permis ? C'est à cette question que tente de répondre Oualid Mouaness dans ce drame sur l'invasion du Liban par l'armée israélienne, en 1982. Le cinéaste concentre son récit sur une journée de prime abord lambda dans une école de la banlieue de Beyrouth : celle du dernier jour de cours avant les vacances. Le jeune Wissam connaît ses premiers élans amoureux, pendant que les professeurs, inquiets de la situation politique alentour, essaient de garder leur sang froid. Au fur et à mesure que le film et les histoires de cour de récré avancent, les explosions se rapprochent. La réalisation se fait plus inquiétante, les visages se tournent vers les fenêtres, les regards s'assombrissent. Nabine Labaki est exemplaire en institutrice soucieuse face au petit Mohamad Dalli, qui concentre une foule d'émotions dans son regard. La tension va crescendo, nous happe pour mieux nous faire saisir la violence du conflit, pourtant éloigné, hors-champ. En se plaçant à hauteur d'enfant, dans le huis-clos de cet établissement qui semble hors d'atteinte, le réalisateur saisit l'instant charnière avec sensibilité et finit sur une note sublime, quand l'imaginaire prend le pas sur le réel en guise d'ultime protection.

Avec Nadine Labaki, Mohamad Dalli, Rodrigue Sleiman (1h40)

Suprêmes, d'Audrey Estrougo

© Sony Pictures Releasing France

Le projet était ambitieux. Réaliser un biopic sur le groupe de rap NTM, rendre justice à ce hip-hop qui a changé la face de la musique française et pointer du doigt un contexte politique et social insensible aux banlieues. C'est peut-être parce qu'ils ont senti que ce serait fiévreux, rythmé, révolté que Kool Shen et JoeyStarr ont accepté le projet d'Audrey Estrougo, après avoir refusé des dizaines de propositions au fil des ans. Avec son film, la réalisatrice envoie du lourd. Elle relate les débuts du groupe, à l'époque où 30 potes rappeurs, graffeurs, danseurs, débarquent du 93 pour percer et s'en sortir. La caméra suit la bande des premiers concerts chaotiques en MJC jusqu'à leur premier Zénith, de 1989 à 1992, faisant un focus sur les deux leaders du groupe. Les acteurs qui campent Kool Shen et JoeyStarr sont ardents. Sandor Funtek et Théo Christine ne ressemblent pas vraiment à leurs protagonistes et pourtant, il leur suffit de deux scènes pour convaincre. Leur complicité est bluffante, leur énergie déconcertante. Big up aux reconstitutions de concerts, aussi électriques que les originales. Le film ambiance, émeut, balance sur la France au son d'une bande-originale évidemment punchy, composée par Cut Killer. Un bon coup de fouet pour affronter l'hiver.

Avec Sandor Funtek, Théo Christine, Félix Lefebvre... (1h52)