LES HEROIQUES et PLEASURE : nos conseils ciné du 20 octobre

Cette semaine, les salles obscures font une place à la lumière à des personnages rarement mis en avant. "Les Héroïques" de Maxime Roy illumine ceux qui combattent leurs démons pour se réconcilier avec eux-même quand "Pleasure" de Ninja Thyberg braque un projecteur cru sur le monde des actrices porno. Fascinants.

LES HEROIQUES et PLEASURE : nos conseils ciné du 20 octobre
© Pyramide Distribution

Les Héroïques de Maxime Roy

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Avec ce premier long-métrage, Maxime Roy éclaire les marginaux, les laissés pour compte, les rebelles, les paumés, qui bataillent au quotidien pour devenir des gens biens. Les Héroïques, quoi. Le jeune réalisateur braque sa caméra sur Michel, camé et alcoolique cinquantenaire en tentative de repentance, à qui on ne cesse de demander de "grandir". Quand son père approche de la mort et que son aîné devient adulte, il n'a d'autre choix que de trouver sa place d'homme. La société n'a rien à proposer à un type comme lui, sans diplôme, mais pas assez précaire à ses yeux ? Tant pis. Blouson en cuir sur le dos, boucles d'argent aux oreilles, Michel va prouver à tous, lui-même compris, qu'il a des choses à offrir.
Maxime Roy signe là un portrait splendide d'un imparfait magnifique. On se prend à 200 km/h dans le cœur la charge émotionnelle de cette histoire inspirée de celle de son acteur principal, François Créton (également scénariste). Le comédien joue de ses fêlures pour apporter au rôle la profondeur nécessaire. C'est avec une immense sensibilité qu'il donne la réplique à son (vrai) fils Roméo, tout aussi émouvant. Richard Bohringer mérite une ovation pour son interprétation tout en nuances et regards de père dur et mourant. Pour compléter ce tableau, les très précises Ariane Ascaride et Clotilde Courau se livrent dans des scènes puissantes. Un film lumineux sur un "beautiful loser". Notre coup de coeur !

Avec François Créton, Richard Bohringer, Roméo Créton, Clotilde Courau, Ariane Ascaride (1h39)

Pleasure de Ninja Thyberg

© The Jokers

Quel plaisir que Pleasure ! Ninja Thyberg ne fait aucune concession pour nous introduire Bella Cherry, jeune femme de 19 ans déterminée à être la prochaine star du porno. La réalisatrice nous glisse dans la peau de sa starlette aux faux airs de Lana Del Rey et nous offre un regard féminin sur cette industrie taxée de misogyne. Jamais la mise en scène ne trahit son sujet, jamais la femme ne devient objet. Rythmé par une bande originale jouissive entre hip-hop et classique, le monde du X est mis à nu sans artifice. On prend pleine face les rivalités, la manipulation, mais aussi la camaraderie et la bienveillance.
Plus qu'un film sur le cinéma pour les moins de 18 ans, Pleasure est un film sur l'ambition. La nymphette est prête à tout pour parvenir à ses fins, quitte à franchir ses limites, bafouer ses convictions et devenir celle qu'elle-même a redouté. C'est d'ailleurs ce qui fait de Bella Cherry une superbe héroïne de cinéma. Sofia Kappel livre une performance à nous laisser bouche bée. À l'image de son personnage, elle se montre grandiose, attachante et pleine de contrastes. 

Avec Sofia Kappel, Revika Reustle, Evelyn Claire (1h49)