Les Amour d'Anaïs, Le Genou d'Ahed... nos conseils ciné du 15 septembre

Oui, "Dune" est un bijou qui pulvérise toutes les attentes des cinéphiles, mais la bonne nouvelle c'est que ces derniers son gâtés. Ce 15 septembre, les salles obscures leur réservent d'autres pépites: "Les Amours d'Anaïs", une pétillante comédie romantique, "Le Genou d'Ahed", un bijou d'intelligence, "L'Etat du Texas contre Melissa", un documentaire glaçant, ou encore "Blue Bayou", un drame déchirant...

Les Amour d'Anaïs, Le Genou d'Ahed... nos conseils ciné du 15 septembre
© KforC Productions / Haut et Court

Les Amours d'Anaïs de Charline Bourgeois-Tacquet

© Haut et Court

Voici une exubérante et délicate histoire d'amours et de désirs. Pour l'exubérance, on doit cela à Anaïs, le personnage, et Anaïs (Demoustier), l'actrice. La jeune femme gigote dans tous les sens alors que les doutes abondent dans son esprit. Est-elle heureuse dans son couple ? Ce stage lui convient-elle ? Est-elle prête à s'investir dans un boulot, une relation ? Et puis cet éditeur bien plus âgé qu'elle, pourquoi n'est-il pas plus disponible ? Tiens, comment se fait-il que son épouse, écrivaine, la fascine autant ? Les questions acculent la trentenaire, qui tente de leur échapper en cavalant. La caméra qui la suit à un rythme affolant capte avec brio ses monologues, les situations rocambolesques et les envies minutes de cette héroïne aussi légère que profonde. Face à cette tornade, Denis Podalydès se révèle tout en drôlerie et Valeria Bruni Tedeschi tout en sensualité. Exubérante Anaïs donc. Pour la délicatesse, des dialogues, des personnages et des questions soulevées, vous pourrez remercier Charline Bourgeois-Tacquet, à l'origine de cette ravissante comédie existentielle. Une merveille de premier long-métrage.

Avec Anaïs Demoustier, Valeria Bruni Tedeschi, Denis Podalydès (1h38)

Le Genou d'Ahed de Nadav Lapid

© Pyramide Films

Coup de grâce christique dans le désert de l'Arava, Le Genou d'Ahed bouscule et cogne. Malgré son décor aride et ses personnages au destin tragique, ce film n'est ni cagneux ni rocailleux.
Baroque, sensible, lyrique, généreux, ce drame passionnel chamboule le spectateur, embarqué en mode essorage par le génie revendicatif d'un cinéaste israélien.
Erratique, palpitant, tyrannique, Y emmène sans crier gare des rouages politiques aux méandres de l'intime. Mère morte, cadavres d'animaux, gâteaux exquis, musique mainstream... pour une vile introspection. -Baby can you tell me so- .
Sa fougue rock'n'roll, son caractère désabusé, son impétuosité manipulatrice nous sidèrent, nous transportent, nous frappent en plein cœur… comme une œuvre d'art.
Maestria de la réflexion, virtuosité de la réalisation: l'opus de Nadav Lapid est une envoûtante preuve de créativité et un percutant western philosophique. Un prix du Jury mérité à Cannes qui nous met en garde: sauver la culture semble mission impossible, c'est dès lors le combat à mener. Justine Boivin

Avec Avshalom POLLAK, Nur FIBAK (1h49)

L'Etat du Texas contre Melissa de Sabrina Van Tassel

© Alba Films

Melissa Lucio est dans le couloir de la mort depuis 11 ans. Ceci n'est pas une fiction, mais une réalité. Cette Mexicaine est la première femme hispanique condamnée à la peine capitale au Texas. Elle est accusée par la justice américaine d'avoir battu sa fille de 2 ans jusqu'à lui ôter la vie. Depuis toujours, Melissa nie avoir levé la main sur Mariah, dernière d'une fratrie de 14 enfants. L'Etat du Texas contre Melissa retrace l'enquête, recoupe les témoignages et offre une vision à 360 degrés de cette affaire glaçante. Le travail d'enquête de Sabrina Van Tassel impressionne. La réalisatrice a recueilli les versions de toutes les personnes concernées, de Melissa elle-même dans le couloir de la mort à ses enfants, en passant par les médecins légistes et les avocats. Les explications scientifiques s'entremêlent au quotidien précaire et aux rebondissements politiques pour retomber sur la détresse de cette famille détruite. Un documentaire terrible sur les conséquences d'un système critiquable. A ne pas conseiller aux plus sensibles.

Avec Melissa Lucio (1h37).

Blue Bayou de Justin Chon

© Universal Pictures France

Blue Bayou lève le voile sur un vide juridique qui brise des vies depuis plusieurs années. Antonio LeBlanc est d'origine coréenne, mais a été adopté bébé par des Américains. Il a grandi en Louisiane, où il a rencontré sa femme et où il éduque la fille de celle-ci comme si c'était la sienne. A 30 ans et des broutilles, son monde s'effondre quand il découvre que l'administration a le pouvoir de l'expulser à cause d'une loi votée en 2000 et de parents peu prompts, à l'époque, à lui obtenir la nationalité américaine. Alicia Vikander est superbe en mère amoureuse, apeurée, mais qui tient le coup. L'alchimie entre Justin Chon et la jeune Sydney Kowalske est à faire se serrer même le plus dur des cœurs. Enfin, la photographie de ce drame est d'une beauté bleutée, comme pour annoncer le flot d'émotions à venir. Malgré quelques longueurs, on en ressort avec le blues et plein de belles images en tête. 

Avec Justin Chon, Alicia Vikander (1h58)