Arnaud Valois : films, faits et gestes jusqu'à SEIZE PRINTEMPS

Depuis 2017 et le plébiscite mondial de "120 battements par minute", le comédien Arnaud Valois, 37 ans, a imposé son charisme et son talent sur l'échiquier du cinéma français. En témoigne notamment son second rôle d'homme fatal dans le très personnel "Seize Printemps" de Suzanne Lindon, en salles le 16 juin.

Arnaud Valois : films, faits et gestes jusqu'à SEIZE PRINTEMPS
© Paname Distribution

Il est de ces acteurs dont la caméra tombe immédiatement amoureuse. Comme une évidence. Une épiphanie. Pourtant, le cinéma a bien failli être privé de son talent.
Arnaud Valois, 37 ans, exerçait depuis cinq ans les métiers de masseur et de sophrologue, avec une envie de s'installer en Thaïlande, quand le cinéaste Robin Campillo a rebattu ses cartes. 120 Battements par Minute changea sa donne et fit éclore un horizon radieux devant ses beaux yeux.
Depuis, le jeune homme balade son charisme au cinéma en privilégiant des œuvres d'auteurs. Une trajectoire façon Pierre Deladonchamps qui, à défaut de rôles populaires immédiats, affiche des collaborations judicieuses, lesquelles le font grimper, doucement et sûrement, vers de belles hauteurs. Retour sur trois rôles emblématiques. 

120 Battements par Minute de Robin Campillo (2017)

Lorsque Robin Campillo, tout juste auréolé du succès critique d'Eastern Boys, lui propose un des rôles principaux de 120 battements par minute, Arnaud Valois n'y croit presque plus. Il faut dire que l'intéressé, passé par le Cours Florent, galère depuis ses débuts, pourtant marqués par sa collaboration avec Nicole Garcia dans Selon Charlie. Mais de 2006 à 2017, les propositions sont en effet rares et le poussent à envisager une reconversion. Merci donc à Campillo dont le chef-d'œuvre dramatique, récompensé par un Grand Prix au Festival de Cannes, est venu badigeonner sa vie d'espoir.
Pour rappel, il y incarne avec grâce et puissance le rôle d'un militant d'Act Up plongé avec toute une génération dans la violence des années Sida. Face à Nahuel Pérez Biscayart et Adèle Haenel, il brille si fort qu'il obtient par la suite un prix Lumière de la révélation masculine et une nomination aux César. De quoi le remettre définitivement en selle.     

Garçon Chiffon de Nicolas Maury (2020)

Labellisé Cannes, sorti deux jours en salles en octobre 2020 avant d'être repoussé à cette année en raison de la crise sanitaire, Garçon Chiffon marque la première réalisation -très personnelle- du comédien Nicolas Maury, largement révélé par la série Dix pour Cent.
L'intéressé s'y raconte en filigrane de son personnage, Jérémie, un acteur en difficulté qui vit une profonde crise existentielle. Autour de lui : sa mère (Nathalie Baye), ses amis (Laure Calamy) et surtout un amoureux incarné par Arnaud Valois. Fan de l'univers de Maury, dont il a adoré le scénario et les ruptures de ton, ce dernier campe plus précisément un vétérinaire complètement éprouvé par les crises de jalousie répétitives que lui assène le protagoniste. Ladite collaboration fonctionne surtout sur l'opposition des personnalités : d'un côté, l'amoureux étouffant, fougueux et zélé. De l'autre : le praticien calme, pondéré et peu enclin à être le réceptacle d'une telle tornade. A ce jeu, Valois s'en tire avec les honneurs.    

Seize Printemps de Suzanne Lindon (2021)

Si la Covid n'avait pas mis le monde à genou, Arnaud Valois aurait dû monter une seconde fois les mythiques marches du festival de Cannes en 2020 pour Seize Printemps, le premier long-métrage de Suzanne Lindon, la talentueuse fille de Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon.
Dans une version à la fois moderne et intemporelle de L'Effrontée, la jeune femme livre une œuvre libre et habitée où elle se met en scène dans la peau d'une lycéenne de 16 ans -d'où le titre- qui s'ennuie ferme avec tous les congénères de son âge. Elle aspire à mieux, à plus. En passant quotidiennement devant un théâtre, elle croise la route d'une homme plus vieux qu'elle. Très vite, la différence d'âges vole en éclat et un amour platonique va naître dans un Paris quasi fantasmatique.
Face à Suzanne Lindon, Arnaud Valois déploie une partition subtile et juste qui donne un équilibre parfait au duo. En atteste la séquence aérienne de chorégraphie sur une terrasse où ils sont attablés.