SLALOM ou comment briser la loi du silence dans le sport

Labellisée Cannes 2020, "Slalom", la première réalisation de Charlène Favier, a remporté le Prix d'Ornano-Valenti au Festival de Deauville. Une récompense ultra-méritée pour le récit asphyxiant et intense d'une emprise : celle d'un entraîneur de ski sur une adolescente. Le film, en salles le 4 novembre, est déjà un coup de coeur...

SLALOM ou comment briser la loi du silence dans le sport
© Jour2Fête

Les spectateurs du Festival du Cinéma Américain de Deauville ont découvert Slalom, le très prometteur premier long-métrage de Charlène Favier, labellisé Cannes 2020. Cette oeuvre contribue à briser une douloureuse omerta : celle qui englobe les abus et les agressions sexuelles dans le milieu sportif.
Ce projet est d'ailleurs né du propre vécu de sa réalisatrice, laquelle en a été victime à l'adolescence. C'est en rejoignant la FEMIS que cette dernière trouve la force de témoigner en se lançant dans le scénario de ce qui deviendra Slalom, un drame fort dont elle assume totalement l'aspect autobiographique et l'extériorisation de son propre passé.

Sauf que son histoire personnelle n'est pas ancrée dans le milieu du ski, comme son héroïne. Elle ne partage pas l'entièreté des aventures. Lyz a 15 ans. Elle est solitaire, brillante et prompte à gravir les échelons de l'excellence sportive en intégrant une prestigieuse section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice. Fred son entraîneur -et accessoirement ex-gloire de la discipline- voit en elle une championne en puissance. Insidieusement, son emprise va contaminer chaque parcelle de son élève, au point de faire basculer son existence physiquement et émotionnellement.

Duo prodigieux

Révélée en 2017 en ado qui perd la vue dans Ava de Léa Mysius, Noée Abita est éblouissante sous les traits d'une héroïne prête à tout pour repousser ses limites, projetant ainsi sur son coach (glaçant Jérémie Renier) l'image d'un libérateur providentiel.

Tentant de dompter son désir, aimantée par l'empiètement constant d'un homme qui casse toute notion de consentement, Lyz accroche le spectateur par la puissance de son regard et le balade dans les émotions qui la traversent : de la rage à la révolte, jusqu'à, peut-être, avoir le courage de dire non.

Charlène Favier livre une oeuvre étouffante, où la neige se fait anxiogène et les montagnes écrasantes, et tire le meilleur du langage des corps, racontant par leur prisme les conflits et la violence des sentiments.