Benjamin Lavernhe, acteur titanesque et génial cavaleur dans "Antoinette dans les Cévennes"

En moins de 10 ans et avec près de 20 films dans sa besace, Benjamin Lavernhe est devenue une figure convoitée et chaleureuse du paysage cinématographique français. Il s'illustre cette rentrée à l'affiche de la comédie "Antoinette dans les Cévennes" de Caroline Vignal, en salles le 16 septembre. Retour sur un début de carrière remarquable.

Benjamin Lavernhe, acteur titanesque et génial cavaleur dans "Antoinette dans les Cévennes"
© Jean Michel Nossant/SIPA

C'est l'incarnation de la bonhomie. Même la mine triste, Benjamin Lavernhe parvient à irradier d'affabilité : c'est dire ! Il est le parangon du meilleur pote, celui avec qui on a envie de se faire une virée estivale ou à qui on confie, sans hésitation, nos tourments. Depuis 2012 et sa révélation ciné dans Radiostars sous les traits de l'inoubliable Smiters, ce natif de Poitiers, aujourd'hui âgé de 36 ans, a gravi un à un les jalons du cinéma français, au point d'en devenir un des enviables nouveaux visages. "J'aime le côté 'normal' de Benjamin. C'est un acteur génialissime, doté d'un sens du tempo et de la comédie impressionnants", concède la cinéaste Caroline Vignal, qui le dirige cette année dans Antoinette dans les Cévennes, chaleureuse comédie qui a reçu le prestigieux label Cannes 2020. Il y incarne Vladimir, un homme marié dont est folle amoureuse l'héroïne, Antoinette, incarnée à l'écran par Laure Calamy. Malgré l'indiscutable lâcheté de son personnage –il trompe sa femme et plante sa maîtresse–, Lavernhe réussit à ne jamais le rendre totalement détestable: un éclatant tour de force que permet son talent.

"Antoinette dans les Cévennes // VF"

Et il n'y a pas qu'au cinéma que son aura opère. Après avoir suivi une classe libre au Cours Florent et une formation au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, l'intéressé s'est très tôt démarqué au théâtre, s'ouvrant les portes de l'illustre Comédie-Française, au sein de laquelle il a été accueilli en tant que pensionnaire le 1er octobre 2012 et sociétaire le 1er janvier 2019. Là –et vous pouvez prendre votre souffle–, il a émerveillé le public en plongeant dans des œuvres de Corneille (son tout premier rôle fut celui de Lycante dans La Place Royale), Molière, William Shakespeare, Victor Hugo, Anton Tchekhov, Racine, Georges Feydeau ou Eugène Labiche. En 2018, il est même nommé au Molière du meilleur acteur pour sa prestation dans Les Fourberies de Scapin ; les planches s'en souviennent encore. Sacrée trajectoire !

Des seconds rôles en rafale

Revenons au cinéma… Après sa naissance sur grand écran dans l'hilarant Radiostars de Romain Levy, les rôles secondaires cascadent. Benjamin Lavernhe prend ainsi ses marques, avec éclectisme, chez Nicole Garcia (Un Beau Dimanche), Jeanne Herry (Elle l'adore – qu'il a aussi retrouvé dans la série Mouche) ou Denis Podalydès (Comme un Avion)…

Mais c'est véritablement en 2015, avec Le Goût des Merveilles d'Éric Besnard, qu'il retient de nouveau (et fortement) l'attention. Face à Virginie Efira, il surprend sous les traits d'un homme au redoutable franc-parler, atteint du syndrome d'Asperger. Une performance juste qu'il a mûrement travaillée, en s'intéressant notamment à des documentaires sur le sujet et en lisant consciencieusement des témoignages de Daniel Tammet, Josef Schovanec et Mary Temple Gradin.

En 2016, suite à sa participation à L'Odyssée de Jérôme Salle, il rejoint Le Sens de la Fête, la merveilleuse comédie chorale d'Eric Toledano et Olivier Nakache, les papas d'Intouchables. Trois millions de spectateurs ont ri en le découvrant en marié insupportable, un rôle de tête-à-claque en puissance qui lui a permis d'accéder à sa première nomination aux César. C'est une nouvelle bascule dans sa carrière.

Deux ans s'écoulent et… rebelote pour la citation aux César du meilleur second rôle masculin grâce à la rom-com Mon Inconnue de Hugo Gélin, dans laquelle il donne la réplique à François Civil et Joséphine Japy, leur volant presque la vedette sous les traits du meilleur pote. "Benjamin regarde en permanence le monde avec ses yeux d'enfant. Il a cette candeur, cette pureté qui contraste parfois avec son humour, sa drôlerie et son second degré. Mais c'est surtout un grand travailleur, impliqué, généreux, collectif, qui aime autant son personnage que ceux de ses partenaires, avec qui il est force de proposition. Il vit chaque instant de jeu à fond, jouissant du caractère unique d'une scène qui s'achève. Il a en lui cette poésie, cette sensibilité qui en font, à mes yeux, l'un des meilleurs acteurs de sa génération", confie Hugo Gélin.

Benjamin Lavernhe et Laure Calamy dans "Antoinette dans les Cévennes". © Diaphana Distribution

On peut donc, sans risque, se dire que de belles choses restent à venir. Il serait d'ailleurs grand temps que le cinéma lui offre la tête d'affiche. En attendant, on pourra le voir très prochainement dans The French Dispatch de Wes Anderson, aux côtés d'un casting stellaire (Benicio del Toro, Tilda Swinton, Adrien Brody, Léa Seydoux, Bill Murray…) et dans Les Choses Humaines, l'adaptation par Yvan Attal du roman homonyme de Karine Tuil. On ne saurait enfin conclure ce portrait sans vous enjoindre de découvrir, si ce n'est déjà fait, sa participation à la série télévisée Casting(s) de Pierre Niney et au format court Entretien, sur Canal+, écrit et réalisé par Julien Patry et dans lequel il campe un DRH névrosé. Toute une palette de jeu pour un artiste qui a encore tant de choses à construire. Nous seront au rendez-vous.