Zita Hanrot : "Mon adolescence a été chaotique"

Dans "La Vie Scolaire", le film déjà dans les salles de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, Zita Hanrot campe une Conseillère Principale d'Education pas comme les autres... Rencontre avec l'actrice de 29 ans qui étonne par sa jovialité, son sens de l'humour et sa nostalgie communicative.

Zita Hanrot : "Mon adolescence a été chaotique"
© Laetitia Montalembert - Gaumont – Mandarin Production – Kallouche Cinéma

Zita Hanrot est l'héroïne du nouveau film à la fois intelligemment drôle et bouleversant de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, La Vie Scolaire, en salles le 28 août. L'actrice aux mille visages, qui nous séduit dans la série Plan Cœur et nous émeut dans le film Fatima de Philippe Faucon (pour lequel elle a reçu un César du meilleur espoir féminin en 2016), endosse l'habit d'une Conseillère Principale d'Éducation (CPE) dans un collège de Saint-Denis, en région parisienne. Face aux élèves en échec scolaire et à ceux qui manquent de discipline, le personnage de Samia ne baisse pas les bras : elle est convaincue qu'elle peut apporter une aide précieuse à ces adolescents qui ont parfois simplement besoin que l'on croit en eux. Rencontre avec Zita Hanrot. 

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a attiré dans le scénario de "La Vie Scolaire" ? 
Zita Hanrot : Parler de sujets qui paraissent difficiles ou "touchy" avec beaucoup d'humour, c'est la force de Grand Corps Malade. Cela fait du bien. J'aime les films qui sont populaires dans le bon sens, où beaucoup de gens peuvent s'identifier, comme on peut le voir dans les comédies de Nakache et Toledano. Mehdi Idir et Grand Corps Malade (les réalisateurs, NDLR) ont un humour tellement à eux, une énergie, une façon de jouer avec la langue… Le rythme était rapide sur le plateau, j'ai constaté ça dès le début !

Cela vous a-t-il fait peur ?
Zita Hanrot : Pas vraiment. Je ne dis pas ça de tous les réalisateurs avec lesquels j'ai travaillé, mais ils sont très généreux. J'étais l'une des seules du casting à ne pas avoir tourné dans Patient, leur précédent film, mais ils m'ont ouvert les bras tout de suite. Au début, j'avais peur parce que j'étais la seule fille (rires), mais cela m'a convenu, ils m'ont fait rentrer dans leur univers. Le tournage était joyeux. Il y avait des élèves partout, et même lorsque les acteurs ne tournaient pas, ils venaient quand même à l'école (rires) ! Entre les prises, on mettait la musique à fond. Il y avait un côté "vacances".

Comment vous êtes-vous préparée à ce rôle ? 
Zita Hanrot : J'ai passé plusieurs jours dans le collège dans lequel on a tourné, à Garcia Lorca, avec une CPE qui avait le même âge que moi. Je lui ai demandé quels étaient ses rêves, ses attentes, ses doutes… J'ai compris que son rôle était essentiel au sein de l'établissement : elle fait le lien entre les parents, les élèves, la direction, les professeurs, le quartier. Il y a un investissement qui va en dehors des murs de l'école, on ne s'en rend pas compte. Je me suis dit : c'est fou, je voyais ma CPE à peine deux fois par jour, lorsque j'étais au collège, je suis passée à côté ! Émotionnellement, ce n'est pas facile, il y a des enfants qui sont en échec scolaire, on a beau savoir que ce n'est pas de sa faute, cela n'est pas simple à gérer. Il y a un réel sentiment d'impuissance. 

Vous êtes-vous trouvée des points communs avec Samia ?
Zita Hanrot : Nous avons toutes les deux une vocation. Le fait de jouer la comédie est une vocation pour moi, tout comme le boulot de CPE l'est pour Samia. C'est comme un coup de foudre, vouloir être actrice, c'est se dire : il faut que je fasse ça. Nous partageons aussi une réelle sensibilité à la question sociale, elle encore plus que moi, puisqu'elle a dédié sa vie à ça. Ses préoccupations me plaisent. Samia a un certain optimisme, comme moi, elle s'intéresse aux autres et essaye de faire de son mieux.

Les comédiens qui interprétaient les élèves n'étaient pas des acteurs professionnels. Était-ce plus compliqué ? 
Zita Hanrot : C'est intimidant au début. Habituellement, lorsque tu joues avec d'autres acteurs professionnels, si tu as un coup de mou ou que tu te déconcentre à un moment dans la scène, tu sais que l'autre va rattraper le coup. Tandis que là, si je me déconcentre, si je suis moins à l'écoute, cela se sent en face, il n'y a pas de triche. C'est un peu comme si l'on se jetait dans le vide… mais c'est un très bon exercice. 

L'adolescence est une période où l'on apprend à se connaître, on doute de soi et de ses capacités. Était-ce le cas pour vous ? 
Zita Hanrot : Oui, mon adolescence a été chaotique ! Je n'ai aucun recul sur ça, je me souviens que c'était la guerre des hormones (rires). Tu pleures, tu ris, rien ne va… Je n'étais pas méchante, mais un peu compliquée, un peu rebelle. J'ai redoublé, j'ai changé plusieurs fois de collège…

Vous n'étiez donc pas première de la classe ?
Zita Hanrot : Eh non ! (rires) Je pense que j'avais des capacités mais que j'avais la flemme de travailler, à la base je suis quelqu'un d'assez flemmarde. Maintenant que j'ai trouvé le métier que j'aime faire, je me donne les moyens. Heureusement qu'il n'y avait pas Netflix à l'époque, sinon ça aurait été terrible ! Dans le film, on sent que le personnage de Yannis a les capacités, qu'il seulement veut faire rire sa classe et qu'il n'est pas méchant, c'est juste qu'on ne lui a pas donné confiance en lui et c'est pour ça qu'il se met dans cette situation. Cela me touche. On peut presque tous se reconnaître adolescent dans ce personnage. Pour moi, c'était moins grave, je n'ai pas eu de conseil de discipline étant jeune, je ne sais pas comment je me suis débrouillée pour passer entre les mailles du filet (rires) J'ai bien fait l'escroc, je la jouais au charme ! (elle prend une voix mielleuse et s'imite) : "Mais nooon, ce n'est pas de ma faute…" 

Est-ce une période dont vous êtes nostalgique ?
Zita Hanrot : Oui ! Je suis quelqu'un d'assez nostalgique à la base. Souvent, on ne se rend pas compte à quel point la vie était géniale à une certaine époque et c'est avec le recul que l'on s'en aperçoit. Forcément, à l'école j'aimais beaucoup retrouver mes potes. Au collège, je tenais salon, j'adorais papoter, j'étais un peu la commère de service (rires) ! 

S'il y avait un message à retenir de ce film...
Zita Hanrot : Il faut s'autoriser à rêver, ne pas se censurer, c'est trop important de ne pas se limiter en fonction de l'endroit dont on vient… C'est difficile, mais nécessaire, et le rire l'est aussi.

Découvrez La Vie Scolaire, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, déjà en salles obscures.