L'OEUVRE SANS AUTEUR, une palette d'émotions à voir au cinéma

Au cinéma dès le 17 juillet, le diptyque "L'oeuvre sans auteur" de Florian Henckle von Donnersmarck nous plonge dans plusieurs années de l'histoire de l'Allemagne à travers le portrait passionnant d'un peintre, Kurt Barnet. Voilà trois bonnes raisons d'admirer cette toile en salles.

L'OEUVRE SANS AUTEUR, une palette d'émotions à voir au cinéma
© Diaphana Distribution

Avec le diptyque L'Oeuvre Sans Auteur, nommé à l'Oscar du meilleur film étranger et de la meilleure photographie, Florian Henckle von Donnersmarck réalise un retour aux sources après sa parenthèse hollywoodienne sur The Tourist, dans lequel il dirigeait Angelina Jolie et Johnny Depp. Plus de dix ans après La Vie des Autres, qui avait réuni 1,5 millions de spectateurs en France, le cinéaste renoue ainsi avec son Allemagne natale en proposant le portrait, sur une trentaine d'années, d'un peintre incarné à l'écran par Tom Schilling. Le Journal des Femmes vous dit pourquoi il faut foncer découvrir le film au cinéma.

Un acteur à suivre

Les cinéphiles l'ont découvert en 2012 dans la comédie dramatique Oh Boy de Jan-Ole Gerster. Il y incarnait avec sensibilité Niko, un jeune homme qui stoppe ses études de droit pour errer à travers Berlin, faisant des rencontres tragiques et comiques. A 37 ans, Tom Schilling, dernièrement à l'affiche de Suite Française ou La Femme au Tableau, trouve le premier grand rôle de sa carrière dans L'œuvre sans auteur. Celui de Kurt Barnet, un homme ayant découvert sa vocation de peintre en assistant, enfant, à l'exposition sur "l'art dégénéré" organisée par le régime nazi. Schilling, en grand fan de peinture -il a étudié les arts et a toujours rêvé, plus jeune, de devenir peintre-, s'est d'ailleurs battu bec et ongle pour pouvoir le porter à l'écran avec cette grâce naturelle, cette sobriété bienvenue et cette émotion chevillée au pinceau.   

De l'amour et de la création

Revenons au destin du héros. Dix ans après que la peinture est rentrée dans son champ de vision, il étudie aux Beaux-arts, en RDA, et ce, malgré les diktats du "réalisme socialiste". Là, il tombe bientôt amoureux d'Ellie, qu'interprète à l'écran la magnifique Paula Beer, une jeune femme dont le passé sombre du père est lié à Kurt. Bien que positive, cette rencontre charrie aussi un passé douloureux, empli de secrets lourds. Le scénario coiffe ainsi trente ans de l'histoire de l'Allemagne mais aussi celle de son héros -librement inspiré par l'artiste Gerhard Richter-, un homme fort et fragile, taiseux et fascinant jusque dans ses silences. Non content de célébrer l'amour, L'œuvre sans auteur, découpé en deux parties passionnantes, propose surtout une formidable réflexion sur la création et les origines intérieures de l'art.    

Un réalisateur précis 

C'est un cinéaste de l'érudition. Quand vous lui posez une question, il discourt avec l'aplomb d'un enseignant, d'un spécialiste. Et sa longue réponse est toujours un nid d'informations et un foyer de références protéiformes. Florian Henckle von Donnersmarck nous avait déjà épatés par sa maestria avec La Vie des Autres, pour lequel il avait notamment remporté l'Oscar et le César du Meilleur Film Etranger. Avec ce nouvel opus, il fait une nouvelle fois preuve d'un incroyable sens du storytelling -maîtrisant chaque strate de son récit dense- et d'une précision du détail. Sa direction d'acteurs comme ses choix de cadre traduisent une volonté de nous plonger dans l'âme d'un artiste en devenir et d'un homme amoureux, mais aussi dans les entrailles d'une nation blessée par ses démons et son passé trouble. Une éclatante réussite que l'on vous conseille de découvrir d'une seule traite. Calez bien vos deux séances !  

"L'Oeuvre sans Auteur"