ROXANE, LUNE DE MIEL, ZOMBI CHILD : nos coups de cœur du 12 juin

Roxane de Mélanie Auffret

Ils étaient faits pour se rencontrer. D'un côté, l'acteur Guillaume de Tonquédec, ancien sociétaire de la Comédie Française, breton dans le cœur et l'âme, bonhomie chevillée au regard. De l'autre, Raymond, un personnage fictif –inspiré d'un homme vivant–, éleveur de poules bio dans la panade face à la concurrence industrielle. Le point de convergence ? La très jeune réalisatrice Mélanie Auffret qui a offert le rôle du second au premier. A l'écran, de Tonquédec séduit ainsi, immédiatement, sous les traits d'un travailleur qui, à ses heures perdus et à l'abri des regards, même celui de sa femme (incarnée par la merveilleuse Léa Drucker), lit Cyrano de Bergerac à ses chères poules. L'équilibre familial est hélas bientôt bousculé par une réalité économique meurtrissante, laquelle pousse le héros à tenter de créer le buzz sur les réseaux sociaux, avec sa poule-star : Roxane, qui a donné son titre au film. Dans la lignée des récentes comédies sociales Les Invisibles ou Rebelles, qui évoquent la ruralité avec bienveillance et humanité, ce long-métrage rappelle les liens sacrés existant entre l'homme et l'animal et redit toutes les difficultés rencontrées par nos agriculteurs.     

Avec Guillaume de Tonquédec, Léa Drucker, Lionel Abelanski (1h28)

Lune de Miel d'Elise Otzenberger

Il y a dix ans, quelques semaines après son mariage et quelques mois après la naissance de son premier fils, l'actrice et scénariste Elise Otzenberger a fait un voyage à Cracovie et à Zgierz, sur les traces de son histoire et de sa judéité. Saisie par les émotions plurielles qui ont jailli en elle, l'intéressée a choisi d'en faire le sujet de son premier long-métrage en tant que réalisatrice. A l'écran, le spectateur fait ainsi la connaissance d'Anna et Adam (Judith Chemla et Arthur Igual), jeune couple de parisiens aux origines juives polonaises, qui se rend en Pologne. Objet du déplacement ? La commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la destruction de la communauté du village de naissance du grand-père d'Adam. A l'instar de nombreuses œuvres artistiques, Lune de Miel rappelle que le chemin parcouru supplante la destination atteinte. Même si les personnages ne trouvent pas forcément ce qu'ils étaient venus chercher –Otzenberger figure très bien l'absence, les moments de flottement et de mélancolie–, ce voyage entre rires et émotions va toutefois les amener à mieux se connaitre pour mieux transmettre à leur enfant récemment né.  

Avec Judith Chemla, Arthur Igual, Brigitte Roüan (1h28)

Zombi Child de Bertrand Bonello

Nous sommes en Haïti, en 1962. Un homme marche, vacille et s'écroule à même la rue. Ramené d'entre les morts, il est envoyé de force au cœur des plantations de canne à sucre, où il travaille comme un forçat aux côtés d'autres hommes asthéniques, épuisés, zombifiés. Plus d'un demi-siècle après, au sein d'un prestigieux pensionnat de la Légion d'honneur à Paris, une adolescente d'origine haïtienne livre à ses nouvelles amies un secret familial directement lié à l'année 62. Bientôt, l'une de filles de la bande va surfer sur lesdits mystères pour, peut-être, soigner un chagrin d'amour. Pour le meilleur et le pire. Présenté en mai dernier à la Quinzaine des Réalisateurs, Zombi Child marque le retour du cinéaste Bertrand Bonello (toujours impressionnant dans sa science du cadrage) à un cinéma plus artisanal, avec moins de moyens, lui qui s'était distingué avec deux précédentes œuvres très amples : Nocturama (2016) et Saint Laurent (2014). Si le film accuse quelques baisses de régimes, il en émane une force tranquille et un pouvoir de fascination qui infuse et diffuse jusqu'à la dernière seconde.  

Avec  Louise Labeque, Wislanda Louimat, Adilé David (1h43)