L'AUTRE CONTINENT : 3 bonnes raisons de découvrir ce film en salles

Au cinéma le 5 juin, "L'Autre Continent" marque la deuxième réalisation de Romain Cogitore. Le temps d'un mélo éthéré et touchant, le cinéaste convoque Déborah François et Paul Hamy pour une ronde du langage et de l'amour.

L'AUTRE CONTINENT : 3 bonnes raisons de découvrir ce film en salles
© Sophie Dulac Distribution

Il y a huit ans, il dirigeait François Civil, alors méconnu du grand public, dans Nos Résistances, un récit d'amour situé en temps de guerre. Cette année, Romain Cogitore –également auteur de pièces de théâtre, photographe ou compositeur de musique– revient avec une œuvre librement inspirée d'une histoire vraie et dont l'intrigue tisse sa délicate toile à partir de Taïwan. C'est là que les deux héros, incarnés par Déborah François et Paul Hamy, se rencontrent pour le meilleur, avec l'éveil et l'épanouissement du sentiment amoureux, et le pire, quand la maladie vient bientôt corrompre la légèreté des jours. Le Journal des Femmes vous donne trois bonnes raisons de vous laisser embarquer.

Alchimie des acteurs

Révélée en 2005 par L'Enfant des frères Dardenne, Palme d'or à Cannes, Déborah François aime les projets qui prennent des allures de voyage. Autant dire qu'elle a été servie sous les traits de Maria, une jeune femme libre résidant à Taïwan. Cette dernière, épicurienne dans l'âme, vit comme le vent la porte, multipliant les aventures avec des amants sans s'imaginer que l'amour, contre lequel elle se croyait sûrement immunisée, s'abattrait sur elle en la personne d'Olivier (Paul Hamy), un polyglotte introverti. Noués par le sentiment du jetlag, de ce fameux "Lost in Translation", les deux comédiens en question sont allés à la double découverte d'un pays et de leurs personnages. A l'écran, il s'en dégage une forme de spontanéité, laquelle est justement née d'une complicité non feinte, manifeste et cinégénique. On peut aussi appeler ça l'alchimie.     

Réflexion sur le langage et la mémoire

Au-delà de la thématique amoureuse, L'Autre Continent interpelle surtout par sa façon de figurer le langage, qui constitue le yin et le yang de ce projet très sensoriel. Les comédiens ont d'ailleurs dû apprendre le mandarin pour les besoins du tournage et s'y expriment en plusieurs langues avant que, sans crier gare, les souvenirs ne se substituent aux mots. Puis, bientôt, avec la mise en scène très ouatée et éthérée de Romain Cogitore, le langage passe par le prisme des images et par leur façon de capter le macro comme le micro. Ici, les gestes, les répliques et les sensations composent, au bout du compte, un balai tout en osmose et en douceur. Le projet semble d'ailleurs bâti sur cette volonté de laisser le spectateur comprendre émotionnellement le récit et le façonner à sa manière.

Assumer le mélo

Il y a une honnêteté touchante dans la façon de gérer le défi casse-gueule du mélo. L'Autre Continent en est un puisqu'il y coche de nombreux passages obligés : la rencontre amoureuse, l'insouciance et les papillons dans le ventre, la maladie, les larmes et tutti quanti. Romain Cogitore ne cherche pas à les éluder. Au contraire, sa façon de filmer témoigne d'une volonté de les anoblir. Avec sensibilité, son but ultime est ici d'imprimer sa marque, son style –mélange de gros plans très organiques et de panoramas aériens qui rappellent l'immensité du monde et les possibles hasards qui l'animent. Il tire par ailleurs le meilleur des décors de Taïwan –superbe marché de nuit– pour les imbriquer dans ce récit d'amour et de dépaysement. On en ressort avec une impression à la fois douce et cotonneuse.      

"L'AUTRE CONTINENT // VF"