SIBYL : 3 bonnes raisons de courir découvrir le film au cinéma 

En salles le 24 mai et en compétition au Festival de Cannes, "Sibyl" marque les retrouvailles de la cinéaste Justine Triet et de l'actrice Virginie Efira, trois ans après "Victoria". Et le duo fait encore des étincelles !

SIBYL : 3 bonnes raisons de courir découvrir le film au cinéma 
© Le Pacte

Et si c'était le début d'une longue et florissante collaboration artistique ? Ça en a tout l'air ! Après lui avoir offert le rôle d'une avocate pénaliste en pleine débâcle affective dans l'excellent Victoria, en 2016, la réalisatrice Justine Triet replace Virginie Efira dans la panade avec Sibyl. Cette fois, la comédienne se glisse sous les traits d'une psychothérapeute au passé endolori, ravagée par une déconfiture amoureuse, qui tente d'écrire un livre en s'inspirant des confidences de Margaux, une actrice (Adèle Exarchopoulos) enceinte de l'homme à qui elle donne la réplique dans son nouveau film. Un brouillamini émotionnel et névrotique s'installe ainsi pour le plus grand plaisir du spectateur. Voici trois bonnes raisons de s'y vriller quelques neurones !

Merveilleuse Virginie Efira

Elle est la colonne vertébrale d'un projet qu'elle électrise d'une présence folle et d'une cinégénie renversante. Après Victoria, Virginie Efira s'épanouit encore plus au cœur du cinéma de Justine Triet, au point de se mettre en danger et de livrer, dans un formidable exercice de lâcher-prise, une prestation qui la hisse en candidate potentielle au prix d'interprétation féminine à Cannes. Son personnage -une psy complètement fascinée par une actrice dont elle dévore les vicissitudes et les déboires, et qui réveillent les siens- passe par un spectre d'émotions et de sensations poussant la comédienne à s'oublier, à proposer quelque chose de nouveau, de brut. Dans l'hystérie comme dans le rire, jusqu'aux rives de ses saillies pathétiques, elle campe Sibyl avec une force tranquille et parvient à la rendre davantage conquérante que victimaire. Pour cela, il fallait du talent et une présence de tous les diables.   

Des effets de miroirs judicieux

Sibyl est une œuvre cacophonique, chaotique. Et c'est son désordre, résultat des névroses des personnages, qui la rend aussi vivante, attachante et parfois déroutante. Dans sa folle quête identitaire, et dans sa volonté farouche de se réconcilier avec un passé terrible (alcoolisme de la mère, rupture avec l'être aimé…) pour construire un avenir serein, cette héroïne revit à travers sa patiente (enceinte de l'acteur avec lequel elle joue, lui-même en couple avec la réalisatrice du film) ses propres tourments. Le scénario fonctionne d'ailleurs beaucoup sur les frontières fragiles entre le réel et la fiction. Ou comment ne pas perdre pied et s'accrocher à ce qu'il y a de plus tangible chez l'autre. Par exemple, la détestation des origines de Margaux influe sur le propre backgroung de Sibyl, sur tous ces jours sombres qu'elle voudrait elle aussi oublier. En définitive, la question est de savoir comment tuer une bonne fois pour toute les vieux démons qui cadenassent le futur.

Des seconds rôles soignés

Si Virginie Efira brille autant, c'est aussi parce les personnages secondaires qui l'encerclent ne lui servent jamais pas la soupe. Bien au contraire. En grande fan des séries télévisées, Justine Triet a tenu à valoriser tous ceux qui gravitent autour de Sibyl. Ainsi, même si ses larmes rappellent beaucoup celles qu'elle a versées chez Abdellatif Kechiche, Adèle Exarchopoulos est très convaincante en jeune actrice paumée. Face à elle, Gaspar Ulliel, qui incarne son amant, se révèle parfait en réceptacle de toutes les hystéries collectives. Quant à Sandra Huller, réalisatrice du long métrage dans lequel Sibyl va se retrouver pour apaiser les esprits, elle est impériale en qualité d'artiste au bord de l'implosion. Elle cristallise d'ailleurs à elle seule cette peinture acide et drolatique qui est faite du milieu du cinéma et de ceux qui le peuple. Sur ce terrain, la jubilation est constante et totale.   

"SIBYL // VM"