Bárbara Lennie, la star de PETRA : "L'art est ma colonne vertébrale"
En salles le 8 mai, "Petra" de Jaime Morales dresse le portrait d'une peintre qui cherche sa vérité en rejoignant la résidence d'artiste d'un plasticien odieux. Bárbara Lennie, son interprète, a répondu aux questions du Journal des Femmes.
En 2011, le grand public la découvrait dans La piel que habito de Pedro Almodovar. Depuis, de La niña de fuego de Carlos Vermut à Everybody Knows d'Asghar Farhadi, Bárbara Lennie, 35 ans, a véritablement conquis la scène internationale. Elle est impressionnante de charisme et de force dans Petra, de Jaime Morales, dont elle tient le rôle principal. Avec grâce et puissance, elle y incarne une jeune peintre qui intègre une résidence d'artiste auprès d'un plasticien à la renommée internationale et à la cruauté intersidérale. Malgré ce caractère horrible, Petra insiste et persiste. Après tout, sa venue n'est peut-être pas un hasard… Nous avons interrogé la sublime comédienne espagnole.
Comment êtes-vous arrivée sur le projet Petra ?
Bárbara Lennie : C'est le directeur de casting qui m'a appelée pour passer un entretien avec le réalisateur Jaime Rosales. Je me souviens que lors de cette réunion, nous avons notamment évoqué certains aspects de ma vie et il voulait vraiment avoir ma vision sur des sujets tels que l'argent, la famille ou l'art. Une semaine plus tard, ils m'ont rappelée pour m'annoncer que j'avais été choisie.
Qu'est-ce qui vous a d'emblée séduit dans ce projet ?
Bárbara Lennie : Absolument tout ! Je veux dire que l'intégralité de ce projet était séduisant. J'ai été très sensible au cinéaste, bien sûr, mais aussi au scénario et à l'ensemble des autres comédiens qui me donnent la réplique : Marisa Paredes, Joan Botey, Alex Brendemühl…
Comment décririez-vous Petra ? Que symbolise-t-elle ?
Bárbara Lennie : Je pense que Petra est quelqu'un qui a besoin de creuser dans sa propre vie. Elle cherche sa vérité, son identité et sa propre manière de composer avec le monde. Pour répondre à la symbolique, je dirais qu'elle est comme une torche, vous savez, quelqu'un qui illumine ceux qui l'entourent et son environnement.
"La résilience est une excellente arme à avoir dans la vie."
Quel a été le plus gros challenge pour ce rôle ?
Bárbara Lennie : Peut-être que l'idée la plus ardue était d'entrer dans l'univers de Jaimes Rosale. Pouvoir restituer toutes les facettes de l'héroïne, son énergie, ce qu'elle peut penser ou ressentir. Très vite, tout cela a été clair pour moi sans pour autant que Jaime n'ait eu à me parler de cette partie de mon travail. Il a justement une façon très spécifique de procéder. Il parle beaucoup de fiction, il a besoin que vous soyez ouverts et prêts à vivre la réalité qu'il propose de manière très nue et concrète. Il fonctionne sans script. Vous n'avez pas à apprendre vos lignes. Il vous demande à chaque fois que vous improvisiez les scènes avec de nouveaux mots, de nouvelles réactions et une nouvelle énergie. C'était donc un grand défi pour nous, les acteurs, car nous avons créé le film avec lui. Nous étions aussi des auteurs.
Quelle est la place de l'art dans votre vie ?
Bárbara Lennie : Eh bien je suis une actrice, donc l'art est ma colonne vertébrale. C'est une part essentielle de ma vie et de mon identité. Je ne saurai même pas imaginer mon existence sans ça.
Justement, l'art est-il l'un des meilleurs moyens d'aller à la rencontre de sa propre intimité ?
Bárbara Lennie : Je ne sais pas. Pour moi en tout cas, c'est le meilleur moyen. Ça m'a aidée tout au long de ma vie. Mais ce n'est pas la seule chose, non ? Je pense qu'être au contact et à l'écoute des autres et de la nature, c'est tout aussi important.
Les femmes du film sont toutes résilientes. Vous aussi ?
Bárbara Lennie : Je pense que je le suis, oui. Je viens d'une grande famille d'immigrants, ce qui m'a fait comprendre assez tôt que je me devais d'être suffisamment flexible, forte et courageuse pour m'adapter au quotidien. La résilience est une excellente arme à avoir dans la vie.