Petra, Astrid, Les Crevettes Pailletées : nos coups de cœur du 8 mai
Apprenez la peinture avec un professeur autocratique, plongée dans une aventure aquatique arc-en-ciel et faites la connaissance d'une célèbre auteure pour la jeunesse. "Petra", "Les crevettes pailletées" et "Astrid" sont nos conseils ciné de la semaine !
Petra de Jaime Morales
Sixième long-métrage du cinéaste espagnol Jaime Morales, présenté l'an dernier à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, Petra nous emmène à la découverte d'une héroïne passionnante. Jeune apprentie peintre cherchant à parfaire sa formation, cette dernière rejoint une résidence d'artistes tenue par le despotique et détestable plasticien Jaume Navarro. Le passe-temps du monstre ? Mettre son entourage en coupe réglée en faisant régner une terreur constante. Pourtant, Petra tient le coup, peut-être parce qu'elle sait qu'un passé la relie à cet homme… Construit à la manière d'un puzzle, ce drame âpre nous ancre dans le sillage d'une femme qui revisite son chantier mémoriel tout en s'appuyant sur les indices de son présent. In fine, son but ultime consiste à mieux appréhender sa véritable identité et, peut-être, à mieux respirer. A l'écran, la sublime Barbara Lennie, révélée par La Piel que Habito ou La Nina de Fuego, irradie de talent dans le rôle principal. On salue par ailleurs la mise en scène toute en économie de moyens de Jaime Morales qui, en soignant ses plants, tire le meilleur des silences et des non-dits. Une réussite !
Avec Bárbara Lennie, Alex Brendemühl, Joan Botey (1h47)
Les Crevettes Pailletées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare
Dans un climat actuel toxique, où l'homophobie s'épanouit chez certain.e.s, Les Crevettes Pailletées vient combattre joyeusement les clichés rémanents associés au monde gay. Si l'ensemble aurait certainement bénéficié d'un niveau d'hystérie revu à la baisse et d'une dé-saturation de bons sentiments, le long métrage de Cédric Le Gallo et Maxime Govare fait souffler un beau vent de fraîcheur. On y suit le récit –inspiré de la véritable équipe de water-polo gay avec qui Cédric Le Gallo a traversé le monde dès 2012– d'un groupe de sportifs azimutés qui, en vue d'une participation prochaine aux Gay Games en Croatie, se fait entraîner par Mathias Le Goff, vice-champion du monde de natation, assigné à ladite mission pour avoir proféré des propos homophobes. Commence dès lors un road trip durant lequel un lien fort va s'installer entre le coach et sa team. Deux mondes se télescopent pour mieux se comprendre sous les yeux du spectateur et, peu à peu, l'intolérant apprend la tolérance. BO efficace, casting attachant, moments franchement sympathiques… ces crevettes pailletées sont un plaisir à décortiquer.
Avec Nicolas Gob, Alban Lenoir, Michaël Abiteboul (1h40)
Astrid de Pernille Fischer Christensen
Il était temps que le cinéma s'empare de son destin ! Quatrième auteure de livres pour enfants la plus traduite au monde après Enid Blyton, H. C. Andersen et les frères Grimm, Astrid Lindgren a écoulé 165 millions de bouquins, lesquels ont été traduits dans une centaine de langues. En France, elle est surtout connue pour Fifi Brindacier, Zozo la Tornade, Ronya, fille de brigand et Les Frères Cœur-de-lion, tous édités par Hachette Jeunesse et Le Livre de Poche. Cette année, la cinéaste Pernille Fischer Christensen (auteure du très joli Someone you love) retrace un segment de sa vie dans un biopic sobrement baptisé : Astrid. Lorsqu'on la découvre, elle est âgée, seule dans une imposante demeure, en train d'ouvrir une cohorte de lettres de fans. Des mots d'amour, des mots toujours. Puis, le scénario revient en arrière, au moment où, à 16 ans, elle décroche un travail de secrétaire dans un journal local. Là, elle s'amourache de son patron, qui la met enceinte. Sa vie change et les bouleversements qui l'accompagnent achèvent de redéfinir sa vision du monde… et de l'enfance. Dans le rôle principal, Alba August, 25 ans, crève littéralement l'écran et s'impose comme une promesse lumineuse.
Avec Alba August, Maria Bonnevie, Trine Dyrholm (2h03)