Comme PETRA, 5 héroïnes marquantes du cinéma espagnol

En salles le 8 mai, "Petra" de Jaime Morales dresse le portrait d'une artiste en quête de sa vérité. A l'occasion de la sortie de ce beau portrait de femme, nous vous proposons un retour subjectif sur cinq figures marquantes du 7e art ibérique.

Comme PETRA, 5 héroïnes marquantes du cinéma espagnol
© Condor Distribution

Après Las Horas del dia (2003), La Soledad (2007), Rêve et Silence (2012) ou La Belle Jeunesse (2014), le cinéaste catalan Jaime Morales nous revient dans une forme éclatante avec Petra, un drame mémoriel plein de tiroirs et de secrets enfouis. Dans cette nouvelle réalisation, dont le titre est celui du prénom de l'héroïne, qu'incarne à l'écran l'incroyable Bárbara Lennie, le cinéaste raconte avec une âpreté manifeste une quête d'identité (et de vérité). Celle d'une apprentie peintre qui rallie une résidence d'artiste tenu par Jaume, un plasticien célèbre, tyrannique et cruel, et avec qui elle a, peut-être, un passé commun. Ce portrait de femme nous a donné l'envie d'allumer un projecteur sur cinq personnages féminins qui ont brillé dans le cinéma espagnol.

"Petra // VOST"

Angela dans Tesis d'Alejandro Amenábar (1996)

Dans cet incroyable premier long-métrage d'Alejandro Amenábar, couronné par sept prix Goyas, dont celui du meilleur film, Ana Torrent trouve un rôle absolument passionnant. Elle incarne Angela, une étudiante en communication de l'image qui prépare une thèse sur la violence audiovisuelle. Dans ses recherches, elle tombe sur des snuff movies, dont un, qu'elle soupçonne être 100% réel. On y découvre une femme qui se fait torturer à mort. Consciente que le meurtrier est probablement autour d'elle, elle plonge dans une spirale infernale et sanglante et embarque avec elle un spectateur toujours plus médusé.

Angela (encore !) dans REC de Paco Plaza et Jaume Balagueró (2008)

Cette Angela est nettement plus bruyante que la précédente ! C'est d'ailleurs ses cris qui l'ont largement popularisée. Il faut dire que son personnage n'a pas été gâté : journaliste pour une télévision locale qui se retrouve enfermée, de nuit, à Barcelone, dans un bâtiment complètement contaminé par une épidémie zombiesque. Certes, ici, Manuela Velasco n'a pas la place nécessaire pour apporter une dimension profonde à son personnage mais sa manière viscérale et nerveuse de l'incarner a contribué à en faire une figure culte du cinéma d'horreur des années 2000. Rien que pour ça, gracias !

Carmen dans Blancanieves de Paco Berger (2013)

Avec le réalisateur Pablo Berger, oubliez la Blanche Neige de Disney et ses manches à épaulettes. L'héroïne des frères Grimm renait là sous les traits de Carmencita (Macarena García), une jeune fille fuyant son acrimonieuse belle-mère dans l'Espagne des années 20. Née dans le sang et la terre, cette battante troque ici ses sept nains contre une garde rapprochée composée de nains toreros qui vont l'aider à mieux appréhender un monde violent. Blancanieves affiche un modernisme inouï, tant sur le ton que sur la forme, et s'offre au public comme un poème lumineusement cruel, rythmé par flamenco d'Alfonso de Vilallonga.

Ana dans Cria Cuervos de Carlos Saura (1976)

C'est le chef-d'œuvre qui a popularisé la chanson Porque te vas, composée en 1974 par Jose Luis Perales. Mais pas que ! Cria Cuervos est le portrait sans idéalisme d'une enfance. Celle d'Ana, 9 ans, qui, après la mort de ses deux parents, se fabriquent un univers parallèle dans lequel les souvenirs fusent. Il y a dans ce refuge l'envie de faire revivre sa mère et de se cacher d'un monde violent et de codes sociétaux suffocants. Le regard de l'enfant est ici acéré et considère le monde sans filtre. La petite Ana a grandi depuis, et elle est devenue Ana Torrent, l'actrice notamment de… Tesis, cité plus haut.

Manuela dans Tout sur ma Mère de Pedro Almodóvar (1999)

La filmographie du maestro Pedro Almodóvar pourrait à elle-seule nourrir une infinité de possibles pour cette sélection d'héroïnes du cinéma espagnol. Mais il a fallu choisir et nos yeux se sont orientés vers le sublime Tout sur ma mère. Nous n'oublierons pas de sitôt l'émouvante Manuela, campée avec grâce et conviction par Cecilia Roth. D'un coup, sous les traits d'une infirmière qui raconte un pan de son passé à son fils, qu'elle perd aussitôt après, la femme almodovarienne quitte les apparats de la Movida. L'hystérie a laissé place à plus de gravité, ouvrant la voie à des œuvres comme Parle avec elle ou Julieta.