Mais qui est Andra Guti, l'intense révélation d'ALICE T. ?
A l'écran, c'est une tempête émotionnelle ! Pour sa première apparition au cinéma, Andra Guti, 19 ans, a remporté le prix d'interprétation féminine à Locarno grâce à son incroyable prestation dans "Alice T.", où elle incarne une tumultueuse ado enceinte. Portrait.
Elle s'estime "chanceuse" d'être née en plein été 1999, un 31 juillet, quelque part à Valladolid, en Espagne. Andra Guti y vit en famille jusqu'à ses cinq ans avant que ses parents décident de retourner définitivement en Roumanie, sa terre d'origine. Accompagnée d'un petit frère, qui est son "meilleur ami et la personne [qu'elle] aime le plus au monde", elle coule une enfance heureuse entre un père musicien, joueur de hautbois, et une maman économiste. A l'école, elle essaye de faire de son mieux. "J'étais une élève disciplinée et consciencieuse qui se réfugiait beaucoup dans la lecture de romans. Mais je ne me sentais attirer par rien en particulier.", se souvient-elle. Sauf par le cinéma, pour lequel elle tombe en fascination à la découverte à 5 ans d'Orange Mécanique qui, depuis, est devenu son film préféré. Un matin, elle finit par dire à sa prof de mathématiques qu'elle voudrait rallier un lycée artistique pour devenir actrice. "C'est un caprice temporaire ! Tu devrais penser à un vrai travail pour ton futur", lui lance alors l'acrimonieuse intéressée. A tort.
Vers Locarno et au-delà !
Quelques années plus tard, inspirée par des actrices comme Cate Blanchett, Charlize Theron ou Winona Ryder, voilà que les premiers pas devant la caméra d'Andra Guti sont salués par un prix d'interprétation féminine à Locarno. Sa prestation incroyable de naturel et de spontanéité dans Alice T. de Radu Muntean en font en tout cas une merveilleuse promesse. "J'aime les acteurs qui prennent leur travail au sérieux, qui osent, qui risquent, qui ne se protègent pas. J'ai besoin de ressentir un engagement pour adhérer à une histoire", explique Guti. Et c'est justement cette volonté de mise en danger qu'elle épouse ici en incarnant une héroïne cyclothymique, en pleine crise d'adolescence, qui tombe enceinte, exacerbant les difficultés relationnelles la séparant de sa mère adoptive. Laquelle a longtemps essayé d'avoir un enfant biologique. "Le casting a duré plusieurs mois et le réalisateur a vu environ 800 participantes. Nous avons dû faire une improvisation. J'ai agi comme dans la vraie vie. Et ça m'a sûrement aidée. Quand j'ai rencontré Radu, une sorte de formation de jeu a commencé pour moi. J'ai pu comprendre comment travaille le réalisateur, quelles étaient mes failles, mes forces et la façon dont fonctionne Alice."
"J'ai mis toute ma passion dans ce projet"
Une protagoniste très complexe, qui parcourt un vaste arc émotionnel, passant par toute une série d'états qu'Andra Guti parvient à restituer avec un talent brut, sans tricher, sans forcer non plus. "Alice est un caméléon, une menteuse intense et compulsive, une manipulatrice fragile qui veut arriver à ses fins. Sa personnalité a été influencée par les personnes qui l'entourent. C'est pourquoi elle est très différente d'un cadre à l'autre. Elle veut toujours être à l'honneur, elle réclame constamment des signes d'amour inconditionnel, particulièrement de la part de sa mère." Et si la jeune comédienne excelle autant, c'est grâce à un cinéaste dont elle loue l'exigence, la volonté de signer le plan parfait, proche de la réalité, toujours plus proche. "Je lui faisais entièrement confiance. Il m'a demandé de lire des livres sur des jeunes filles en perdition, il m'a suggéré de visionner de nombreux films ayant des femmes pour rôles principaux, avec des actrices desquelles je pouvais apprendre… J'ai par ailleurs même rencontré une fille adoptée. J'ai mis toute ma passion, mon temps et mon énergie dans ce projet, lequel m'a permis de me découvrir en tant qu'artiste", confie-t-elle. Prochaine étape ? A l'aube de la vingtaine, Andra Guti s'est inscrite dans une université artistique de Londres pour continuer sur cette voie et prouver que son prix à Locarno "n'était pas une erreur". Nous sommes convaincus que non !