MAIS VOUS ETES FOUS : 3 bonnes raisons de voir le film en salles
C'est un premier film qui va clairement électriser l'année 2019. Avec Mais vous êtes fous, Audrey Diwan signe un drame familial ultra maîtrisé dans lequel son duo -Pio Marmaï et Céline Sallette- crève l'écran et bouleverse.
Les premiers films qui se transforment en belle promesse sont précieux. Mais vous êtes fous -titre en forme de clin d’œil au tube de Benny B- fait partie de cette catégorie. Inspiré d'une histoire aussi vraie que glaçante, il marque les premiers pas de réalisatrice d'Audrey Diwan. L'ex journaliste et éditrice, également romancière et scénariste, dissèque pour l'occasion, avec précision et talent, la déconfiture d'une cellule familiale suite à une contamination à la cocaïne. Servi par des interprétations au diapason et une mise en scène dépouillée, sans gras ni fioritures, ce drame constitue une des surprises les plus éclatantes du début d'année. Nous vous donnons trois bonnes raisons d'en être addict !
Une histoire de dingue
Au cinéma, on cherche toujours (ou presque) l'expérience d'une histoire forte, qui nous emporte, tout en nous éloignant de notre zone de confort. Audrey Diwan tape ici dans le mille en exhumant un récit difficilement croyable et pourtant inspiré de faits réels. Celui d'un père, incarné par Pio Marmaï, qui se console à la cocaïne et qui voit sa vie réduite en charpies après avoir contaminé sa famille par inadvertance. De mémoire, le septième art n'avait jamais (ou trop peu) accueilli en son sein une telle histoire sur l'addiction qui, au creux de son sillage prégnant, plonge le spectateur dans un mélange de sidération, d'angoisse et d'incompréhension. La cinéaste et scénariste en a eu vent grâce à une femme rencontrée par l'entremise d'une amie. Son témoignage, à la singularité dérangeante, l'a longtemps hantée au point de donner naissance à cette première oeuvre entêtante.
Deux interprètes au sommet
Si certains metteurs en scène lui ont ouvert des portes dramatiques -Elie Wajeman (Alyah), Fabrice Gobert (K.O.)-, l'impétueux et sympathique Pio Marmaï est davantage connu du grand public grâce à des personnages expansifs qui, comme lui, croquent la vie à pleines dents ou suintent ce vertige de l'existence. Dans Mais vous êtes fous, il se met cette fois en danger, de façon merveilleuse, en livrant une prestation en-dedans. Excellemment dirigé par Audrey Diwan, dont la caméra fait office de véritable scanner émotionnel, le comédien de 34 ans se distingue par un sens de la sobriété qu'on lui connaissait pas (assez). Non content de trouver là le meilleur rôle de sa carrière, il a pu compter sur l'indomptable Céline Sallette, toujours parfaite, et irradiant dans l'espoir et le désespoir d'une épouse qui perd pied. L'intensité qui habite ce duo saisit aux tripes de bout en bout.
Une dimension psychologique passionnante
Il y a bien évidemment l'explosion d'une famille. Cette spirale invraisemblable, pour les personnages comme pour les spectateurs, qui entretient un sentiment constant d'incrédulité. Oui, ce qui se trame sous nos yeux est proprement fou. Et pourtant, le scénario ne se contente pas uniquement de surfer sur la folie du fait divers -la contamination. Il quitte souvent ses apparats de thriller pour empoigner le drame et la psychologie avec panache. Et c'est précisément dans l'amour qui unit les parents que le long-métrage puise son essence première. Tandis que le papa est accro à la drogue, une autre addiction se blottit dans la trame, plus forte, plus belle, plus dévastatrice aussi : l'amour. Mais vous êtes fous parle avant tout de cette force vive cimentant deux êtres qui s'aiment et qui, dans la tourmente, hurlent d'un même souffle épuisé la douleur du drame et l'absence d'une étreinte salvatrice.