Vincent Lacoste : "J'avais peur sur le tournage d'Amanda"

Après avoir brillé dans "Aimer, plaire et courir vite", Vincent Lacoste émeut dans "Amanda". Le comédien de 25 ans endosse le rôle d'un oncle à la fois hésitant et protecteur, qui doit s'occuper de sa nièce soudainement devenue orpheline. Un film à la fois poignant et lumineux, porté par un acteur sensible et talentueux.

Vincent Lacoste : "J'avais peur sur le tournage d'Amanda"
© Marechal Aurore/ABACA

Du haut de ses 24 ans, Vincent Lacoste impressionne par sa maturité. Dans Amanda, de Mikhaël Hers, en salles le 21 novembre, le jeune comédien se glisse dans la peau de David, qui, après la mort de sa sœur, doit prendre en charge sa nièce de 7 ans. Un rôle audacieux pour cet acteur à la carrière naissante, mais au professionnalisme déroutant. Préparez-vous, Vincent Lacoste n'a pas fini de vous éblouir. Entretien avec l'artiste qui revient sur ses étonnants débuts, révèle ses appréhensions, et dévoile ses projets. 

Comment avez-vous intégré le casting d'Amanda ?
Vincent Lacoste :
Mikhaël Hers, le réalisateur, m'a proposé le rôle dans son film. J'étais très enthousiaste car j'avais vu Ce sentiment de l'été (sorti en 2015, NDLR) que j'avais beaucoup aimé. J'ai trouvé le scénario d'Amanda très beau et fin, donc je n'ai pas hésité et j'ai accepté. De plus, je n'avais jamais interprété ce type de rôle jusque là, j'étais content de faire quelque chose d'un peu différent.

Qu'est-ce qui vous a plu dans le scénario ? 
Un cinéma discret et pudique qui met en scène des  émotions poussées, sans jamais tomber dans le pathos. Il y a un vrai bon équilibre, les choses sont racontées finement. Le sujet est très actuel et contemporain, l'action se déroule dans le Paris d'aujourd'hui, il met en lumière des personnages qui ont perdu une sœur et une mère. Je trouvais intéressant qu'il intègre un événement comme un attentat dans son cinéma, même si le film ne parle pas de cela, puisqu'il traite surtout du jour d'après et explore le chemin vers la guérison. Choisir d'aborder ce thème dans une sorte de drame intime est audacieux.

Appréhendiez-vous ce rôle, plutôt lourd et dramatique ?
Oui, j'avais peur, même très peur. Je ne faisais pas le malin en tournage car je devais sortir de ma zone de confort, jouer des émotions que je n'avais pas l'habitude de jouer. Je me demandais si je n'allais pas être faux et réussir à jouer juste, à faire passer les émotions. Et puis, je ne pouvais pas vraiment me raccrocher à quoi que ce soit, car le personnage est un jeune de 25 ans, qui se cherche un peu, quelqu'un d'assez lambda. Ce n'est pas comme si j'avais dû faire une composition énorme. Ce qui est intéressant dans son histoire, c'est le drame qui lui arrive et comment sa vie change après ça. Pour capter les émotions et interpréter au mieux le personnage, je ne voyais pas comment me préparer, à part être dans le lâcher prise et le moment présent.

À l'écran, on ressent votre alchimie avec Isaure Multrier (qui joue Amanda).  Comment êtes-vous parvenu à tisser des liens ?
Nous avons créé ce lien au fur et à mesure du tournage. Avant le tournage, j'étais un peu mal à l'aise, hésitant, comme David, le personnage. Je n'ai pas de nièce ni d'enfant de cet âge dans ma famille, donc je ne savais pas vraiment comment me comporter avec elle, si je devais être sérieux, drôle, comment lui parler, quelle compréhension elle avait du film… Je me demandais s'il fallait que je sois protecteur. C'est un peu comme l'histoire du film, au fur et à mesure, nous avons appris à nous connaître et à créer cette alchimie. Cela s'est fait très naturellement, c'était très simple de jouer avec elle. Isaure a un espèce de naturel, de talent brut. Elle est simple et à l'écoute. Parfois, j'avais même l'impression qu'elle était moins stressée que moi.

Comment avez-vous été dirigé par Mikhaël Hers (le réalisateur) ? Quelles étaient ses attentes ? 
La manière qu'il a de diriger est assez étonnante. Mikhaël est doux, calme, il dit très peu de choses et reste assez discret sur un plateau, mais il crée une espèce de bulle en amont où l'on se sent libre et en confiance. J'ai l'impression qu'un acteur est mauvais quand il a peur ou lorsqu'il est paralysé parce qu'il a l'impression d'être faux. Grâce à cette ambiance de calme et de délicatesse instaurée par Mikhaël avant et pendant le tournage, on ne se pose pas ces questions.

Comment décrivez-vous la façon dont David fait son deuil ?
C'est assez drôle car le film parle beaucoup de paternité. Petit à petit, David endosse le rôle de père et le processus se déroule de manière assez juste et authentique. Au début, il est totalement perdu, il ne sait pas comment faire pour s'occuper d'Amanda, l'apaiser après la mort de sa mère. Parfois, on remarque qu'elle est plus mature que lui et on peut même se demander si ce n'est pas elle, la mère, la figure adulte (rires). Ce que je trouve joli et lumineux, c'est qu'ils se construisent ensemble, ils se tirent vers le haut.

Amanda est certes un drame, mais êtes-vous d'accord pour dire qu'il véhicule un message d'espoir ?
Tout à fait, le film raconte l'histoire d'une guérison. Le téléspectateur assiste au cheminement de ces personnes qui ont traversé un drame, une tragédie atroce. Elles sont parvenues à transformer leur destin, à se tracer un avenir commun et plus optimiste. Même si, pendant un certain moment, il y a des scènes d'émotions assez difficiles, le film reste lumineux. La vie des personnages change, malheureusement, et ils n'ont pas d'autre choix que de faire avec, mais le film n'est sombre ni plombant. 

Vous avez grandi avec un père juriste et une mère secrétaire médicale. Vous n'avez donc pas grandi dans le milieu du cinéma, comment vous êtes-vous tourné vers une carrière d'acteur ?
C'était le fruit du hasard. J'étais au lycée, en train de manger à la cantine et on m'a donné un papier pour passer un casting pour mon premier film Les beaux gosses. J'ai été pris et c'est comme cela que j'ai commencé. En jouant dans ce film, j'ai découvert une passion et je me suis rendu compte que je voulais faire ça de ma vie. J'ai toujours aimé le cinéma, mais je n'avais jamais envisagé cette possibilité de carrière, parce que personne, autour de moi, n'était acteur. Mes parents m'ont toujours soutenu, pour autant, ils ont voulu que je continue d'aller à l'école, ils ne se sont pas dit que tout s'arrêtait juste parce que je faisais un film. Je pouvais donc louper un peu le lycée et entamer une carrière d'acteur, mais j'ai dû passer mon BAC en parallèle. Après, j'ai décidé de devenir comédien, je n'avais plus de doute.

On vous a vu dans le mélodrame Plaire, aimer et courir vite, mais aussi dans un registre plus léger avec Première année. N'est-ce pas difficile de passer du drame à la comédie ?
La transition entre les tournages peut parfois être brutale, mais la variété, c'est ce qui me plait dans le métier d'acteur. D'ailleurs, en tant que spectateur, j'aime autant les comédies que les drames. Chaque nouveau film apporte une nouvelle expérience, c'est un enrichissement perpétuel. Je me sens à l'aise dans les deux registres. Par ailleurs, un drame peut être très joyeux et agréable à tourner, alors que l'ambiance sur le plateau d'une comédie peut être déprimante... même si ce cas de figure ne m'est jamais arrivé (rires). 

Quels sont vos projets ?
En ce moment, je tourne un film qui se passe dans les années 50, tiré du livre De nos frères blessés. Avant ça, j'ai joué au côté de Benoit Poelvoorde dans Deux fils, de Félix Moati, qui sortira fin février. J'ai également tourné dans L'enfant Roi, qui raconte l'histoire un ex-enfant star fauché. Il décide de se relancer dans le monde du cinéma en incarnant le général de Gaulle. Plutôt original !