Camille Cottin : "J'aime le moment où l'on doit se réinventer"

Camille Cottin a fini d'être une "Connasse" et n'a pas encore remis son costume d'agent de stars pour "Dix pour cent" qu'elle donne la réplique à Vanessa Paradis, Jean-Pierre Bacri et Chantal Lauby dans le très sensible "Photo de Famille", au cinéma. Un film sur la fratrie, le besoin d'avancer et les désillusions. Interview.

Camille Cottin : "J'aime le moment où l'on doit se réinventer"
© SND

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a touché dans Photo de Famille ?
Camille Cottin : A la première lecture du scénario, j'ai aimé l'humanité, l'humour, la tendresse et l'émotion. Je me suis retrouvée dans chacun des personnages. A l'époque, j'avais plusieurs amies qui essayaient d'avoir des enfants et pour qui ce n'était pas facile. J'ai été touchée par le parcours de mon personnage, Elsa, par rapport à ça. On connait tous ce genre de personnalité qui dit "aimez-moi" avec une violence déconcertante. Elle a quelque chose de l'écorchée vive. Elle est volontaire dans l'envie de rassembler la famille, de colmater. Son exigence envers les autres est difficile à supporter pour eux, mais elle se l'applique aussi à elle-même.

Chacun des personnages est à un moment charnière de sa vie, sans arriver à avancer. Vous avez déjà connu cette zone grise ?
Oui, absolument. Nous sommes confrontés à des cycles. J'aime bien cette période, quand on sent qu'on est allés au bout de quelque chose, qu'on veut se réinventer, aborder les choses différemment. Ces moments Phoenix sont vertigineux.

Quelle est votre émotion refuge ?
Ce serait plutôt de m'arrêter. J'ai tendance à être dans l'action et par moments, je gagnerais à laisser les choses exister par elles-mêmes.

Quelle enfant étiez-vous ?
J'ai quatre frères et sœurs, la dernière a 15 ans. C'est une grande fratrie, issue d'une famille recomposée. Je suis très proche d'eux et donc très sensible au sujet du film.

Quel a été votre plus grande désillusion d'adulte ?
J'ai vraiment quitté l'enfance quand j'ai arrêté d'attendre des réponses des autres. Dans le film, il y a beaucoup de reproches, de regrets, mais c'est le chemin personnel de chacun des protagonistes qui va permettre une réunion. Ça fait vraiment écho chez moi à quelque chose de sensible, de juste, à une étape importante.

Quels étaient vos surnoms petite ?
Miette ou mouche. Parce que Camille donc Camou donc Mouche… Des petits trucs quoi !

Quelle a été votre grande rébellion par rapport à vos parents ?
Ce n'était pas une grande rébellion, mais vers la vingtaine, j'ai eu besoin de prendre mes distance pour mieux qu'on se retrouve. C'est par phases. Au début de l'enfance, nos parents sont des héros, à l'adolescence on les prend pour des cons et puis ça cristallise et on voit enfin les choses en face. C'est le moment de l'identité qui permet de mieux aimer.

Quelle femme auriez-vous aimé être quand vous étiez petite ?
Je voulais être comédienne. J'ai eu la chance d'avoir une impatience, quelque chose qui me faisait envie. Ce n'était pas facile pour autant, mais j'étais habitée. En ce qui concerne la femme que je voulais être, j'ai un idéal vers lequel je tends encore. Peut mieux faire, toujours.

Photo de famille, au cinéma le 5 septembre.