Chloë Grace Moretz : "On doit se battre pour l'égalité"

Avec près de 40 films à son actif et des prises de position très engagées, Chloë Grace Moretz n'est pas une jeune femme de 21 ans comme les autres. La rencontrer avant la sortie de "Come as you are" le 18 juillet nous l'a confirmé. Elle y incarne une adolescente envoyée en thérapie de conversion lorsque sa famille apprend son homosexualité. Un sujet qui tient particulièrement à cœur à la talentueuse actrice.

Chloë Grace Moretz : "On doit se battre pour l'égalité"
© Phil Mccarten/AP/SIPA

C'est avec l'Arc de Triomphe en toile de fond et les Champs-Elysées en contrebas que nous rencontrons la pétillante Chloë Grace Moretz. Souriante et décontractée, la jeune actrice nous parle de Come as you are, réalisé par Desiree Akhavan, dans lequel elle interprète le personnage principal. Lauréat du Grand prix du jury au festival de Sundance, le film s'inspire du roman de l'Américaine Emily M. Danforth, intitulé The Miseducation of Cameron Post. Le pitch ? Dans les années 90, une adolescente est envoyée dans un camp de thérapie de conversion pour tenter de changer son homosexualité en hétérosexualité. Là-bas, elle y rencontre d'autres jeunes, qui comme elle, vont voir leur identité et leur sexualité mise à mal. La comédienne de 21 ans, qu'on a pu voir dans (500) jours ensemble, Hugo Cabret, Carrie, la vengeance ou encore Sils Maria, a fait de ce sujet brutal et résolument moderne son cheval de bataille, confirmant que derrière sa jolie tête blonde se trouve une jeune femme engagée et militante.

Le Journal des Femmes : Parlez-nous de votre personnage Cameron...
Au début du film, Cameron considère que l'homosexualité est une maladie dont elle doit guérir et elle croit alors que la thérapie de conversion va fonctionner. Elle essaie au maximum de s'y soumettre et de suivre les préceptes du camp. Mais évidemment, cela ne marche pas et elle ne se sent pas mieux. Cameron est une jeune femme plutôt silencieuse, mais incroyablement forte. Je l'admire beaucoup.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de jouer dans Come as you are ?
J'avais lu le livre et le script a fini par me convaincre. J'ai d'abord choisi ce film car j'avais besoin de reconfigurer ma carrière, de chercher qui j'étais vraiment, qui je voulais être et de me demander quel type de message je voulais véhiculer. Le film est progressiste, socialement engagé et il est différent de ce que j'ai pu faire jusque-là. Et puis avoir deux frères gays est une véritable tribune pour défendre les droits LGBTQ. Je me devais de faire ce film.

© Condor Distribution

En quoi ce projet vous est-il apparu comme un moyen de dénoncer l'homophobie ?
De jeunes personnes gays vont regarder ce film et se voir représentées de façon adéquate. C'est très rare à Hollywood de voir des relations entre de jeunes homosexuels, mis c'est aussi un film drôle et excitant, voire joyeux. 

Vous avez rencontré des jeunes sortis de ces camps de conversion : en quoi était-ce nécessaire ?
Cela m'a beaucoup aidée à entrer dans la peau de mon personnage. De plus, les scènes de thérapie de groupe que vous voyez à l'écran s'appuient sur ce qu'on nous a raconté. Nous voulions être au plus près de la réalité.

Ces camps existent-ils toujours aux Etats-Unis ?
Malheureusement oui. Ils sont même de plus en plus nombreux. Chaque année, environ 700 000 jeunes subissent ces thérapies et près d'un million d'Américains ont déjà traversé ou été affecté par une thérapie de conversion. Même si le film se passe en 1993, c'est un sujet et une problématique on ne peut plus modernes. Nous avons besoin d'une loi pour rendre ces thérapies illégales, mais nous vivons dans un pays où Mike Pence, le vice-président, croit en leur efficacité. C'est une réalité effrayante contre laquelle nous devons nous battre et faire entendre nos voix.

Quel est le profil des personnes envoyées dans ces camps ?
Il n'y a pas un type de personne. Cela ne concerne pas les familles aisées, ou bien celles à faible revenu. Ce n'est pas non plus une question d'origine ou de religion. Chaque histoire est différente : certains subissent des électrochocs, d'autres des simulacres de noyades tandis que d'autres sont "juste" confrontés à des séances de groupe. 

© Condor Distribution

Que diriez-vous à des parents qui n'acceptent pas leur enfant tel qu'il est ?
La famille c'est quelque chose d'incroyable, de formidable, mais malheureusement on ne naît pas toujours au bon endroit. On peut trouver sa propre famille, pas forcément celle qui nous a donné la vie. C'est ce que montre d'ailleurs le film avec la scène de la voiture : on finit par trouver sa place, même si ce n'est pas de manière conventionnelle. Et c'est mieux ainsi. 

Une des scènes a été tournée pendant l'élection de Donald Trump. Comment cela vous a-t-il affectée ? 
J'ai deux frères gays, donc j'ai été très concernée par l'idée qu'ils pourraient potentiellement être rejetés, car je sais que Donald Trump est intolérant et n'hésite pas à révoquer les droits des citoyens américains. L'art nous permet de faire des films comme celui-ci, qui peuvent être vus par un maximum de personnes. J'aimerais que Come as you are soit projeté à la Maison Blanche pour engager une discussion avec Donald Trump et lui demander pourquoi il croit toujours en ces thérapies de conversion. 

Outre votre engagement envers les droits LGBTQ, vous êtes aussi féministe... 
Je suis féministe car je crois en l'égalité. Aussi bien l'égalité raciale que l'égalité de genre. Être féministe est intimement lié à la défense des droits LGBTQ. C'est important de ne pas les séparer et de les mettre chacun d'un côté. On ne peut pas dire : "Je soutiens cette cause, mais pas celle-ci." Si on est féministe et qu'on soutient l'égalité, on doit se battre pour l'égalité.

Come as you are de Desiree Akhavan avec Chloë Grace Moretz et Sasha Lane, au cinéma le 18 juillet.