Julien Guetta : "ROULEZ JEUNESSE est à mon image"

Julien Guetta signe son premier long-métrage, "Roulez jeunesse", en salles le 25 juillet. Portée par Eric Judor et Laure Calamy, cette comédie dramatique explore les liens familiaux sur fond de chronique sociale. Le réalisateur nous a dévoilé les dessous de ce film. Rencontre.

Julien Guetta : "ROULEZ JEUNESSE est à mon image"
© SIPA

Comment est née l'idée de Roulez Jeunesse ?
Ça part d'une situation très personnelle : mon père a son entreprise et y fait travailler mon frère. Mon papa passe son temps à dire à mon frère qu'il va lui laisser la place et il ne le fait pas, tout en disant qu'il ne fait rien. Cette situation a selon moi un potentiel comique et un fond sur la transmission qui m'intéresse. Ça a commencé au début de l'écriture avec cet homme qui se retrouve tout seul avec des enfants. A l'époque je n'en avais pas ! Pendant longtemps, le personnage de la mère n'était que la patronne. Ça s'est fait progressivement, j'ai cherché au fur et à mesure le film que j'avais envie de faire.

Eric Judor, Laure Calamy, Brigitte Roüan... Pourquoi ce casting ?
Ce sont des acteurs que j'apprécie. Je suis fier de mon casting : il y a un mélange des familles du cinéma. Il y a plein d'univers différents dans ce film, de la comédie, des moments tristes. Il y a des noirs, des Chinois, des Arabes… C'est la vraie France. C'est réaliste et à mon image : j'aime le cinéma populaire, comme plus pointu. De plus, emmener Eric Judor dans ce rôle, là où on ne l'attendait pas, c'était un vrai challenge.

Vous explorez de manières différentes le lien qui unit les mères à leurs enfants...
J'aimais bien le fait qu'il y ait une mère très présente et une autre très absente. Tout le monde se retrouve à devoir composer avec ça. On voit souvent des films ou il y a un mec qui se retrouve avec des enfants et finit par devenir leur papa et on voulait éviter ça. Alex n'est pas un père, mais un ami qui est là pour les accompagner. Je ne veux pas cracher sur les autres films, mais il y a toujours une sorte de happy end. Ici, ce sont quand même des enfants abandonnés… On a souhaité affronter l'histoire et aller jusqu'au bout du truc, voir ce que ça provoque chez les personnages.

On est dans le registre de la comédie, mais des thèmes graves y sont abordés...
Eric dit souvent que c'est une comédie à l'Anglaise, parce qu'il y a tout ce côté social. C'est vrai que je viens de là, tous comme mes précédents courts-métrages. C'est ça, se confronter à la réalité : il y a des moments drôles, même quand c'est triste. Ça ne veut pas dire que l'on n'est pas profonds.

Comment on trouve l'équilibre entre drame et comédie ?
On met du temps ! (rires) Ce n'est pas facile. Cest l'un des enjeux majeurs de l'écriture et c'est l'enfer : dès qu'on met trop de comédie, il y a un déséquilibre car le drame arrive trop vite et inversement. Trouver la justesse est super difficile à l'écriture, mais aussi pendant le tournage et le montage...

Diriger des enfants, c'était compliqué ?
Ça a été très facile. Je les considérais comme des acteurs. Eric me disait d'y aller mollo, mais le petit Ilan Debrabant est génial, il n'est jamais fatigué. Il avait 6 ans lors du tournage et il ne savait pas lire. Il apprenait les scènes par cœur et arrivait quand même à les comprendre et à improviser. Louise Lebeque, c'est pareil. Elle était très concentrée, tout en étant très fragile et touchante. Le plus dur était peut-être de garder leur concentration.

Les femmes ont des rôles forts dans ce film…
Et j'adore cela. J'avais envie que ces femmes soient fortes. Si Alex etait irresponsable, elles ne pouvaient pas l'être aussi. C'est elles qui décident et elles passent leur temps à décider à la place d'Alex. Il ne peut pas prendre de décision tant qu'il n'a pas le déclic. Quand je disais que ça avait commencé avec un homme seul avec des enfants, ça questionnait le fait d'être un homme au XXIe siècle, même si le film ne parle pas directement de ça. Voir ce que ça fait de se retrouver au milieu de tous ces gens et quelle est notre place.

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour ce film ?
J'ai beaucoup été marqué par A bout de course de Sidney Lumet, mais il y en plein d'autres. Notamment le cinéma américain des années 70, sur la figure masculine qui se retrouve dans une aventure en demi-teinte, à la fois profonde et légère. Je viens d'univers différents et c'est pareil dans le cinéma : Pialat m'a autant touché que Spielberg.

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