Katie says goodbye, ode à la force des femmes

"Katie says goodbye" est un sublime portrait aux tons pastels. Celui de la souriante Katie à qui la vie ne rend pas la politesse. Malmenée, bafouée, violée, cette serveuse qui rêve d'ailleurs transmet un message bien plus fort sur le monde actuel. Entretien avec celui qui l'a imaginée, Wayne Roberts, et Christopher Abbott, acteur principal.

Katie says goodbye, ode à la force des femmes
© Bodega Films

Le Journal des Femmes : Le film est très rose… Pourquoi ?
Wayne Roberts : Ce n'était pas symbolique, mais c'était important. Je voulais que ce film soit aussi féminin que possible. Dans le Sud Ouest américain, il y a des pastels très forts en hiver, une lumière féminine, qui n'existent pas de manière aussi puissante le reste de l'année. Je savais exactement quand je devais filmer pour avoir ces couleurs qui vont si bien à l'histoire de Katie.

Katie est un personnage lumineux dans un endroit très sombre…
Wayne Roberts : Katie reste positive alors que les circonstances devraient l'anéantir. Elle ne laisse pas la noirceur l'abattre. Elle est pleine d'espoir. Elle veut échapper à sa vie et partir loin. Ses problèmes ne la dévient pas de son but. Les horreurs qu'elle subit ne sont pas rares, pourtant, on ne voit pas beaucoup de films dont les personnages accusent le coup avec autant de force. Je voulais y remédier.

C'est un film sur la résilience. Aurait-il été le même avec un homme pour personnage principal ?
Wayne Roberts :  Le film n'aurait pas marché avec un homme, il n'aurait pas été juste. Les femmes sont les seules à avoir cette force. Je n'ai jamais vu d'homme rester debout pour un tel combat contre la vie et le gagner. Je ne ressens pas autant de compassion et d'empathie pour les hommes.

Katie est totalement détachée de sa sexualité. Elle est libre, ce qui amène les hommes à penser qu'ils peuvent en faire ce qu'ils veulent. C'est une réalité pour vous ?
Wayne Roberts
: Un des buts du film est de se poser en miroir de la société afin de faire réaliser au public ce qu'il se passe. C'est dégueulasse et je ne comprends qu'on en soit là. On doit en discuter, ça doit changer.

Christopher Abbott : La plupart des pays sont encore régis par des sociétés patriarcales. C'est pour ça que vous ne pouvez que vous sentir touché par Katie. C'est en train de changer, mais pendant des centaines d'années, on nous a fait croire que les hommes avaient plus de légitimité pour le pouvoir. Pourquoi ? Chaque homme peut lancer une guerre. Il suffit qu'il ait une faible estime des femmes pour le transmettre à son fils. Si son fils ne s'en rend pas compte, il répète l'histoire… C'est là tout le problème.

Katie says goodbye est le premier volet d'une trilogie... Vous allez continuer dans cette voix ?
Wayne Roberts : J'ai écrit Katie il y a presque 10 ans. Puis j'ai imaginé un autre script, sur un personnage prénommé Richard, dont le thème est fortement lié à la situation de Katie. Enfin, il y a un autre concept que je voulais aborder dans un troisième film. Tout va bien ensemble alors j'ai décidé que ce serait une trilogie, d'un personnage à un autre. Katie et Richard reviendront faire une apparition dans le final. 

Katie says goodbye, de Wayne Roberts. Avec Olivia Cooke et Christopher Abbott. Au cinéma le 18 avril 2018.