Matthias Schoenaerts : "J'adorerais faire une comédie"

Triplé gagnant pour Matthias Schoenaerts, le plus international des acteurs belges, qui est à l'affiche du troisième long-métrage de Michaël R. Roskam, "Le Fidèle". On l'a rencontré.

Matthias Schoenaerts : "J'adorerais faire une comédie"
© Maarten Vanden Abeele/Pathé Films

Dans son métier, ce que Matthias Schoenaerts préfère, c'est tout ce qui se passe entre les mots "Action" et "Coupez". "Ce que préfère un footballeur c'est bien de jouer le match, non ?" L'exercice de la promotion et de la presse n'est peut être pas la tasse de thé (confirmé, car il en est à son troisième café de la matinée) de l'acteur, mais il s'y est prêté avec attention quand on l'a rencontré à la fin du mois de septembre à Paris. Malgré un rhume, un jetlag sévère parce qu'il rentrait du Festival de Toronto et des courbatures dues au sport, l'acteur fétiche de Michaël R. Roskam nous parle avec plaisir de ce troisième long-métrage ensemble après Bullhead et Quand vient la nuit, de sa rencontre avec Adèle Exarchopoulos, de l'absence de comédies dans sa filmographie et de son documentaire, en tournage depuis plusieurs années. 

Le Journal des Femmes : C'est votre troisième collaboration avec Michaël R. Roskam. Pourquoi ?
Matthias Schoenaerts : On aime travailler ensemble et on est devenus meilleurs potes après tant d'années. On s'amuse, on a beaucoup de similitudes, mais on est différents, ce qui fait qu'on continue à se nourrir et à se découvrir. Michaël développait de Le Fidèle depuis Bullhead déjà. Pendant des années, on a parlé de ce film, on échangeait des idées et il s'est construit comme ça, sur la durée. Et après tout va très vite, on le finance, on le tourne et on est à Paris pour en parler (rires).

Dans le film Gigi, votre personnage, sacrifie énormément pour rester avec Bibi. Ca vous parle ce genre d'amour inconditionnel ?
Gigi comprend que ce que lui demande Bibi c'est pour leur bien, pour pouvoir être libre et heureux ensemble. Bien sûr. ça me parle : la loyauté, les principes, la promesse... 

Comment avez-vous réussi à atteindre cette intensité de jeu avec Adèle Exarchopoulos ? 
On ne se connaissait pas avant le tournage. Ca s'est fait très facilement et naturellement. Dès qu'on a commencé à tourner, un truc organique est arrivé. Une sorte d'énergie, d'électricité qu'on a pas eu à inventer ou à construire, elle était présente. 

Gigi s'est construit loin de ses parents et de leur influence. Qu'est-ce que votre père, Julien Schoenaerts, lui-même acteur vous a transmis ?
Qu'il faut vivre sa vie au rythme de son propre battement de coeur, il ne faut pas laisser les autres nous déterminer. Qu'il est important d'être fidèle et loyal à soi-même et aux gens qu'on aime. 

"Il faut vivre sa vie au rythme de son propre battement de coeur"

Les projets de cinéma que l'on vous propose, vous les acceptez à l'instinct ou vous avez besoin d'intellectualiser ? 
Bien sûr je réfléchis mais il y a un côté instinctif. Ce n'est pas vraiment de l'intellectualisation, j'essaie de comprendre pourquoi le film m'a donné envie. C'est un mélange des deux ensemble.

Votre projet de documentaire, consacré à l'un de vos amis, où en est-il ?
Il est encore en cours. Mais c'est bien le problème de la vie, le temps. J'ai pas assez de temps et tellement de choses que je voudrais faire (rires). Ca m'angoisse, ça m'agace... Comment dit-on ?

L'angoisse c'est la peur, l'agacement l'énervement...
Alors les deux (rires). Il me tient vraiment à coeur ce projet, mais j'ai découvert que le temps est un aspect très important de ce documentaire. C'est bien qu'il y ait des pauses dans le tournage, d'attendre parfois deux ans et de voir ce qu'est devenue cette personne. Le sujet est aussi imprévisible, il va en prison, en ressort... Je prendrai peut-être 10 ou 15 ans à faire ce documentaire et on traversera la vie de mon ami. 

Depuis le début de votre carrière, on vous interroge sur l'absence de comédies dans votre filmographie... Je vous repose la question : pourquoi ?
J'adorerais faire une comédie, mais il n'y en a pas beaucoup qui tiennent la route et il y en tellement qui sont nulles. J'aime celles de Jacques Tati, avec Fernandel ou Little Miss Sunshine, qui est une comédie dramatique. Very Bad Trip j'ai aimé, je l'ai trouvé très honnête dans son propos et ça me fait marrer.

Votre filmographie est parcourue de films récompensés dans des compétitions internationales comme les oscars ou les César. Quelle est la différence entre la reconnaissance critique, celle de la profession et celle du public ? 
Il y en a une bien sûr, mais je ne la ressens pas comme étant une différence. On fait ce qu'on fait pour les gens, donc je suis content quand ça plait. C'est un travail de générosité, on s'abandonne en espérant rendre heureux, les toucher, les perturber. Leur donner une expérience en somme, même si c'est très rare. 

Qu'est-ce que vous préférez dans votre métier ?
Tout ce qui se passe entre "Action" et "Coupez". Ce qu'il y a à côté m'intéresse moins. Ce que préfère un footballeur c'est bien de faire le match (rires)

Dernière question : que diriez-vous à un spectateur qui ne sait pas de quoi parle Le Fidèle pour lui donner envie de le voir ?
C'est un film de genre. Un polar qui est explicitement romantique. Disons que c'est un mélodrame noir. 

Le Fidèle de Michaël R. Roskam avec Adèle Exarchopoulos et Matthias Schoenaerts (2h10). En salles le 1er novembre