Sorties ciné du 27 septembre : nos coups de cœur

Les premières feuilles de l'automne sont tombées... De quoi nous donner envie de nous réchauffer au ciné. Cette semaine, on vous recommande chaudement "Demain et tous les autres jours", notre favori, mais aussi "Le Maître et l'enfant", "Espèces menacées" et "Le jeune Karl Marx".

Sorties ciné du 27 septembre : nos coups de cœur
© F comme film/ Gaumont / France 2 cinéma

Espèces menacées

© Mars Films

Avec sa scène d'ouverture glaçante de jeunes mariés qui passent de l'allégresse à la violence, Gilles Bourdos créé une tension dès le départ. On sait qu'on ne sortira pas indemne face à (ces) Espèces menacées. La menace, bien réelle, ne plane pas que sur le couple mais aussi sur les rapports familiaux de trois destins entrelacés. Père/mère/fils/fille s'affrontent dans la douleur, se confrontent dans la maladie, s'entredéchirent pour le meilleur et souvent pour le pire. La famille, faux refuge ou vrai nid à névroses ? 
Aux jeux des trois familles, un casting de comédiens brillants : Grégory Gadebois est toujours plus bouleversant de sincérité, Vincent Rottiers, "violemment" puissant, Damien Chapelle, charmant, délicat et lunaire, Eric Elmonisno aussi amusant que touchant en papa poule. La solaire Alice Isaaz sombre avec Joséphine pour livrer une interprétation saisissante et poignante. J. B.

Espèces menacées de Gilles bourdos, avec Alice Isaaz, Vincent Rottiers (1h45)

Le Maître est l'enfant

© Dans le sens de la vie

Commentée, décriée, encensée, la pédagogie Montessori (qui fait de l'enfant le constructeur de sa propre intelligence et le laisse choisir ses activités et les réaliser à son rythme) fait parler. Le réalisateur Alexandre Mourot décide lui de faire parler la créatrice de cette méthode éducative, Maria Montessori, à travers la voix d'Anny Duperey, qui explique les fondamentaux de ce processus d'auto-éducation. Pendant un an, il a posé sa caméra dans la plus ancienne école Montessori de France à Roubaix, pour filmer une classe d'enfants de 3 à 6 ans. Dommage qu'elle soit la seule voix à se faire entendre. Ni parents, éducateurs, psychologues, données chiffrées ou avis contradictoires viennent éclairer et étayer ce documentaire d'observation répétitif. Mais il donne à voir une méthode éducative alternative et pousse à réfléchir sur le système scolaire dans son ensemble. L. L.
Le Maître est l'enfant d'Alexandre Mourot, avec Anny Duperey, Christian Maréchal (1h40)

Le Jeune Karl Marx

© Diaphana Distribution

Ce portrait didactique, méticuleux et percutant du philosophe et journaliste allemand à l'heure de la censure politique est une oeuvre pédagogique, un moment de cinéma rare qui allie précision documentaire, élans romantiques, enseignement économique, drame social et trame amicale. Quel plaisir de découvrir la vie de couple, les voyages, les soucis quotidiens, les excès de boissons et de jeux, les discussions philosophiques et les affres financiers du penseur d'un projet révolutionnaire communiste : l'abolition du salariat, des classes sociales, des États, et des frontières... Raoul Peck, admirable dans son souci de véracité des situations et son respect du contexte culturel et géographique de l'époque, réalise ici non seulement une brillante reconstitution historique, mais aussi une fiction sensible et intelligente. Ouvrier du 7e art, il fait également preuve d'un immense talent dans sa narration, celle du microsome conjugal comme celle de la superstructure du monde du travail. Oeuvre "capitale", Le Jeune Karl Marx est un biopic qui concilie à merveille visée réflexive et projective. Un opus à inscrire au programme des lycées. J. B.

Le Jeune Karl Marx de Raoul Peck, avec August Diehl, Stefan Konarske (1h58)

Demain et tous les autres jours

© Gaumont Distribution

Dans Camille redouble, Noémie Lvovsky filmait une histoire d'amour un brin fantastique, souvent drôle et surtout tendre. Dans Demain et les autres jours, il est aussi question d'amour. Celui de Mathilde, une petite fille de 9 ans, pour sa mère, à la frontière de la folie. Débrouillarde, lucide et imaginative, l'enfant unique veille non sans angoisse, sur cette maman qui n'arrive plus à veiller sur elle. "Je suis une mauvaise mère" ose verbaliser désespérément cette dernière. Dire que le nouveau film de la réalisatrice est un drame serait une méprise. Derrière les chaudes larmes, la lassitude et la profonde tristesse de cette mère qui n'est plus capable d'assumer son rôle, il y a l'acharnement d'une fillette. Forte et touchante, Mathilde se bat contre la démence de cette maman qu'elle aime plus que tout. Demain et tous les autres jours, l'amour vaincra. L'amour vainc toujours semble même nous dire Noémie Lvovsky, toujours aussi bouleversante. A. T. V. A.

Avec "Demain et tous les autres jours", Noémie Lvovsky nous ouvre une fenêtre sur une relation mère fille pas comme les autres. La réalisatrice et actrice parvient à transformer le quotidien de ce duo touchant, complexe, en un tableau poétique et attendrissant. A travers les yeux de la petite Mathilde (déconcertante de justesse), la cinéaste nous remplit le cœur d'émotions... jusqu'à l'apogée : une scène de danse sous la pluie, belle et forte, qui nous laisse très émus face à cette histoire d'amour unique. F. I.

Demain et tous les autres jours de et avec Noémie Lvovsky, Mathieu Amalric, Anaïs Demoustier (1h31)

47 meters down

© Selecta Vision

Le pitch est simple : deux sœurs en vacances au Mexique décident de plonger parmi les requins blancs dans une cage. Le câble cède et voilà les deux plongeuses d'un jour prisonnières du fond de l'océan, à 47 mètres de profondeur, à la merci des requins et avec une heure d'oxygène devant elles. Le défi du film n'était donc pas tant de créer une atmosphère anxiogène (s'imaginer derrière les barreaux suffit), que de tenir en haleine le spectateur face à ce spectacle sous-marin. Mandy Moore, qui à l'habitude de faire couler ses larmes et les nôtres dans la série mélodramatique This is us, est ici parfaite en survivor larmoyante.
Sans boire la tasse, on se laisse facilement prendre au jeu de la survie chronométrée des deux personnages. Si les requins apparaissent peu à l'écran, c'est justement leur ombre qui plane et leurs possibles attaques qui font le sel de ce thriller aquatique. Sortez le pop-corn (ou les sushis pour rester dans le thème et parce que le film sort exclusivement en VOD) et appréciez la descente aux enfers. Heureusement que la saison des maillots est passée. L.L.

47 meters down de Johannes Roberts avec Mandy Moore et Claire Holt (1h27). En e-cinéma dès le 28 septembre.