Pio Marmaï : "L'Amérique ne me fait pas bander"

Pio Marmaï est "très Tina Turner" en ce moment, mais c'est sur le cinéma que nous l'avons interviewé. Membre du jury Kiehl's de la Révélation à Deauville, l'acteur nous a confié le moment le plus cinématographique de sa vie, le prix de ses rêves ou encore le titre de son biopic imaginaire. Epique.

Le Journal des Femmes : Un moment de votre vie que vous aimeriez voir sur grand écran ?
Pio Marmaï : Je suis déjà parti faire des photos d'animaux empaillés pour lesquels ma mère avait fait des costumes. On s'est retrouvés en famille dans un champ au milieu de l'Alsace. Ma mère portait une fourrure et des talons hauts. J'ai pris un peu de distance avec ce qu'il se passait et je me suis dit "qui d'autre fait ça dans sa vie ? Personne". Ça m'a bien fait marrer.

Et si votre vie devait être un film ?
Si ma vie était un film, ce ne serait pas linéaire, ce serait même assez chaotique. Comme tout le monde j'ai connu des moments agréables et des pics dépressifs, ce qui permet d'apprécier mieux les choses. Je confierais la réalisation à Pierre Salvadori pour son sens de l'écriture. Je jouerais mon propre rôle parce que je suis auto-centré et que je déteste les autres. Ou alors, je demanderais à la Meg Ryan d'il y a 25 ans de m'incarner. Un petit coup de maquillage, une perruque et on y croit, non ? Comme mon existence part un peu dans tous les sens, la BO serait Bohemian Rhapsody et le titre "Attention ça va partir très vite".

"Le film de ma vie serait un peu border"

Quel prix aimeriez-vous qu'on vous décerne pour ce film ?
Il faudrait inventer un prix. Quelque chose que je pourrais manger, parce que je ne veux pas d'un truc qui stagne sur place. Pourquoi pas un peperroni géant sculpté en animal ? Ou du shampoing hyper cher, volumisateur pour gagner encore plus au niveau des bouclettes. Tomber dans les poncifs d'une boule disco en acier ou d'un Oscar, ça n'a aucun intérêt. Il faut dire que mon biopic serait un film de niche, un peu border...

Une scène de film que vous aimeriez vivre ?
J'aimerais faire exploser l'Etoile Noire dans Star Wars ou jouer une scène avec des Ewoks parce qu'ils sont assez marrants et qu'on a tous envie de faire "owwwm".

Hollywood, ça vous attire ?
Je n'ai aucun fantasme hollywoodien, mais je suis très bon public. J'adore leurs blockbusters et leurs films plus indé. L'Amérique ne me fait pas bander pour autant. Je préférerais travailler en Italie. Quand on est acteur, il y a un truc très technique qui s'installe. On perd notre naïveté de spectateur. Si j'arrivais sur un plateau de film de super-héros, j'aurais l'impression d'abîmer mon regard sur ce film.

"Je peux me faire les sept Fast and Furious, mais il me faut du Kubrick derrière"

Que ressentez-vous quand vous vous voyez à l'écran ?
J'ai tendance à me concentrer sur ce qui ne va pas quand je me vois à l'écran. Au début je détestais ça, j'avais une aversion pour mon image et je me trouvais médiocre. Maintenant, je peux me regarder sans me dire que je suis nul, peut-être parce que je fais des films de moins en moins mauvais. J'arrive à être spectateur, mais je suis quand même un peu dans l'analyse. Il ne faut pas que ça soit dans l'excès, sinon ça devient de la coquetterie et c'est inintéressant. C'est un savant mélange.

Quel cinéphile êtes-vous ?
Je vais peu au cinéma. Ce n'est pas un réflexe qu'on m'a appris enfant. J'allais plutôt au théâtre ou à l'opéra parce que mes parents travaillaient là-dedans. J'ai un écran avec un vidéo projecteur chez moi. Je regarde beaucoup de films comme ça, de tous les styles. Je peux me faire les sept Fast and Furious, mais il me faut du Kubrick derrière, quelque chose qui me nourrit.

Qu'est-ce qui est mieux "à l'américaine" ?
Les road trips sont mieux à l'américaine. Et les wings !

Avez-vous un rêve américain ?
J'aimerais faire une moto pour le Born Free. C'est une concentration annuelle de motos assez pointues, en Californie. C'est quelque chose d'élégant et pas un truc de gros biker... même si j'en suis un.