India Hair nous raconte son voyage initiatique

"Crash test Aglaé" d'Eric Gravel est LE feel good movie a découvrir en DVD. Nous avions croisé cet été la route de son héroïne, India Hair, une mécano psychorigide qui quitte la France pour l'Inde... Interview.

India Hair nous raconte son voyage initiatique
© Le Pacte

Crash test Aglaé, c'est l'histoire d'une jeune ouvrière qui s'expatrie à la suite de la délocalisation de son usine. Pour l'incarner, India Hair, jeune actrice dont le prénom semble faire écho à la destination de son personnage : l'Inde. Simple coïncidence au regard du parcours de la blonde à fossettes. Née à Chinon en Touraine d'un père potier franco américain et d'une mère sculptrice anglaise, l'adolescente se rêve danseuse. Faute de "mémoire corporelle", explique-t-elle, c'est sur les planches qu'elle trouve son épanouissement. Après avoir usé celles du Conservatoire de Nantes puis de Paris, India Hair décroche son premier rôle au cinéma dans Avant l'aube de Raphaël Jacoulot. Suit le génial Camille redouble de Noémie Lvovsky. Succès populaire, le film lui vaut une reconnaissance du grand public et de la profession qui la nomme meilleur espoir féminin aux César. Son jeu et son phrasé décalés la propulsent dans Jacky au Royaume des Filles, ovni signé Riad Sattouf. Après avoir fréquenté Le Beau Monde, été Chic ! et eu Peur de rien, India Hair  se révèle dans Rester Vertical d'Alain Guiraudie. Tenir le haut de l'affiche, c'est ce que lui offre Eric Gravel avec Crash Test Aglaé. Habitée d'une indéfectible détermination, ce drôle de minois nous embarque dans son fantaisiste road trip...

Qu'est-ce qui vous a attirée dans l'histoire farfelue d'Aglaé ?
L'écriture d'Eric Gravel, que je trouvais atypique, étonnante. Me mettre au service d'un sujet social, aussi. J'ai tout de suite aimé ces trois femmes qui deviennent amies. Et j'avais très envie d'incarner ce personnage qui se révèle à lui-même.

Comment avez-vous abordé sa personnalité ?
Il y a eu pas mal de préparations en amont. Aglaé est très singulière dans sa manière de parler, de se mouvoir. Pour que cela se voie, j'ai travaillé sa démarche. Eric Gravel m'a aussi fait écouter des reportages sur une jeune fille qui a des tocs. Et d'un point de vue plus matériel, j'ai pris des cours de cricket et passé mon permis de conduire. C'était un rôle très enrichissant. 

Aglaé fait de son travail un refuge contre le changement…
Son enfance a été très dure. Comme elle est très compétente professionnellement, son entreprise est le seul endroit où elle n'a pas à faire ses preuves. Elle s'y sent protégée. Et elle n'a pas besoin d'y avoir beaucoup de rapports sociaux ce qui l'arrange.  

A l'instar de votre personnage, avez-vous des manies qui vous apaisent ? 
Je ne suis pas sujette aux tocs. Quand j'ai besoin d'être apaisée, j'ai surtout le réflexe de prendre mon téléphone pour appeler ma mère (rires).

Et dans votre métier, qu'est-ce qui vous rassure ?  
Travailler en amont. Lorsque je joue au théâtre, j'ai besoin d'arriver en ayant lu des choses annexes. J'ai besoin de maîtriser ce que je dois faire.

La crainte de ne pas travailler, cela vous parle ?
Quand je suis sortie du Conservatoire, il m'est arrivé d'accepter des choses peu enthousiasmantes, mais j'étais tellement extatique de pouvoir faire mon métier que j'essayais de voir le bon côté des choses. J'ai eu la chance de pouvoir tourner et de jouer au théâtre assez vite.

Trouvez-vous le voyage d'Aglaé courageux ?
Ce qui est courageux c'est ce qu'elle en fait. Au début du film, son acte est désespéré. Il est lié à une restructuration sociale. Dans son esprit, elle n'a pas d'autre choix, c'est une question de survie. Puis au fil du voyage, elle va accepter les nouvelles rencontres. Ces échanges vont créer un déclic : la conscience du chemin personnel qu'elle est en train de parcourir.

L'interaction se fait aussi avec ses compagnes de voyage Julie Depardieu et Yolande Moreau...
J'ai adoré travailler avec elles. Julie m'intriguait, j'avais vraiment hâte de la rencontrer. Et Yolande, ce n'était pas une première fois puisque nous avions déjà tourné ensemble. Mais je reste très impressionnée. C'est elle qui m'a donné envie de faire ce métier. L'époque Deschiens, j'étais complètement fan.

Eric Gravel dit vous avoir choisie pour votre singularité ? Quelle est-elle selon vous ? 
C'est à lui qu'il faudrait poser la question (rires). En vérité, tout le monde a une singularité. Julie et Yolande en particulier. J'adore les regarder jouer, je les trouve inattendues. Avec elles, on peut être surpris à tout instant. Elles ont quelque chose de poétique aussi.

C'est votre premier film en tant que tête d'afficheComment vous projetez-vous dans le métier ? 
Difficile de prévoir. J'espère que toute la somme de mes expériences me mènera quelque part. Et pour ne pas être dans une posture d'attente, j'ai trouvé la parade en quittant Paris. Même si mon but est d'être au travail, je vis d'autres choses à côté. J'ai trouvé un bon équilibre ainsi.

© Le Pacte
  • Quand  : Disponible en DVD & Blu-Ray le 7 mars
  • Durée : 1h25
  • Prix : à partir de 12,99€ le DVD