Rencontre avec Cordula Kablitz-Post, la réalisatrice de Lou Andreas-Salomé 

INTERVIEW - Cordula Kablitz-Post vous présente sont tout premier long métrage, un biopic consacré à Lou Andreas Salomé, une intellectuelle allemande qui a déchaîné les passions de Nietzsche, Freud et Rainer Maria Rilke... Rencontre avec une cinéaste de talent.

Rencontre avec Cordula Kablitz-Post, la réalisatrice de Lou Andreas-Salomé 
© Cordula Kablitz-Post

Cordula Kablitz Post a débuté dans les années 80 en tant qu'assistante réalisatrice de Thomas Brasch sur Le Passager, avant de se consacrer aux productions télé. Connue pour ses portraits-documentaires de nombreux artistes comme Nina Hagen, Mickey Rourke ou Helmut Berger, elle a relevé un nouveau défi :  réaliser le biopic de Lou Andreas-Salomé, en salles le 31 mai, un drame historique qui possède toutes les qualités pour conquérir le cœur des Français. !

Le Journal des Femmes : Comment avez vous découvert l'histoire de Lou Andreas-Salomé ?
Cordula Kablitz Post  : A 17 ans je suis tombée par hasard sur sa biographie. Le livre a tout de suite attiré mon attention car j'ai découvert que Lou et moi partagions les mêmes racines. J'étais curieuse de découvrir son attitude extraordinaire pour l'époque et j'apprenais sur les origines de ma propre famille. Indépendante, Lou Andreas-Salomé faisait ce qu'elle voulait sans se soucier des conventions. J'étais fascinée par cette femme moderne en avance sur son temps, mais presque inconnue du grand public, comparée à Nietzsche ou Rilke.

Pourquoi avez vous décidé de réaliser ce film ? 
J'ai mis Lou de côté pendant longtemps. Mais il y a 7 ans, alors que je discutais avec une amie qui la connaissait, j'ai eu envie de me replonger dans mes recherches. J'étais attirée par cette personnalité entière, son esprit libre.... au point de ne pouvoir m'empêcher de penser à elle. J'étais comme obsédée.

Vous avez  collaboré avec de nombreuses chaînes de télévision. Pourquoi ce changement de registre ?
Dans les documentaires, j'apprécie la vitesse du process créatif, le fait que les choses aillent au rythme des idées. Réaliser un film prend des années, notamment pour trouver les financements… Pourtant, depuis que je suis étudiante, fabriquer un long-métrage était mon rêve. Je l'ai réalisé.

Quels ont été les challenges que vous avez relevés ?
J'avais eu l'occasion de travailler en tant que productrice et réalisatrice, j'étais donc familière du milieu et des plateaux. Ce n'était pas effrayant pour moi. En revanche, l'écriture du scénario était vraiment spéciale : il fallait être proche de la vérité et être authentique, tout en prêtant attention au storytelling, afin de s'assurer que les spectateurs ne s'ennuient pas.  Lorsque l'on souhaite raconter la vie entière d'une personne, l'important est se concentrer sur les quelques moments qui font son essence. On ne peut jamais tout dire.

Diriez vous que Lou Andreas Salomé vous a influencée dans votre vie?
Plus le tournage avançait, plus j'étais têtue avec ce projet, comme Lou dans la vie. C'est un peu comme si l'énergie qu'elle avait s'était transportée en moi. C'était une sorte d'idole, de modèle...

Parlez nous un petit peu du casting...
Curieusement le choix des acteurs fut long et difficile, sauf pour trouver Katharina Lorenz, qui interprète Lou de ses 21 à 50 ans. J'ai tout de suite su que c'était elle que je voulais. Pour Nicole Heesters (Lou à l'âge 72 ans), ma décision n'était pas immédiate, je l'ai d'abord rencontrée en personne. D'ailleurs, trouver l'acteur pour le personnage d'Ernst Pfeiffer s'est avéré très compliqué. Je ne m'attendais pas à ce que tous les comédiens que j'avais en tête refusent le rôle parce qu'ils ne voulaient pas jouer un homme faible. Ce qu'il n'est pas selon moi, bien au contraire.

Avec Lou Andreas-Salomé, votre but était-il de populariser l'image d'une femme indépendante?  
Bien sûr. C'est très important. Il y a encore trop de pays qui, au lieu d'avancer, reculent. J'espère que le film aidera à sensibiliser la population à l'idée qu'il est important que les femmes puissent mener leur vie comme elles l'entendent. Je crois sincèrement que les femmes devraient avoir plus de pouvoir et de responsabilités.

Quel est votre modèle féminin aujourd'hui ? 
De nombreuses femmes m'inspirent, toutes celles engagées dans des causes qui leurs tiennent à cœur, toutes les héroïnes  du quotidien. Celles des quatre coins du monde qui se battent pour essayer de construire quelque chose de durable dans leurs communautés.

Votre réalisateur préféré ? 
J'aime beaucoup Kathryn Bigelow, la première femme à avoir remporté le prix du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Démineurs. Un bel exemple. J'admire aussi beaucoup le travail de Jodie Foster.

Avez vous un projet en tête ?
J'aimerais porter à l'écran la vie de Leni Riefenstahl, une actrice et réalisatrice allemande qui a travaillé pour Adolph Hitler et le parti nazi.

A l'heure où votre film sort en salle, quel sentiment domine ?
Je suis vraiment fière de ce film. Cela fait très longtemps que je travaille dessus et j'en suis vraiment satisfaite. Je dois avouer que je n'aurais jamais imaginé que la France serait le premier pays à le distribuer, c'est un vrai plaisir pour moi, je n'en reviens pas !

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