Loin de la Foule Déchaînée: laissez-vous emporter

Sud-Ouest de la Grand-Bretagne, seconde moitié du XIXe siècle. Vaches, chevaux, moutons, chiens de troupeaux et brebis égarées... du bétail et beaucoup d'hommes, solides, rugueux. Au milieu, une jolie tête, bien faite, celle d'une fermière libre de son destin. Adaptation réussie du roman de Thomas Hardy, le nouveau film de Thomas Vinterberg brosse le portrait d'une jeune femme convoitée qui allie intelligence et fragilité. Courez voir "Loin de la Foule Déchaînée", le 3 juin, au cinéma.

J'ai été emportée, transportée, par Loin de la Foule Déchaînée. Rien d'austère dans ce drame victorien, mais un réel envoûtement grâce aux romances passionnées de la jeune et frêle Bethsabée Everdene, aussi ravissante que déterminée (sublime et talentueuse Carey Mulligan) qui dompte la rude campagne du Wessex, ses hommes et ses âmes rebelles.  Thomas Vinterberg s'empare avec talent d'un roman naturaliste britannique et nous offre une fresque esthétique, à la fois grandiose et épurée.
Notre héroïne est une Anglaise au visage de porcelaine, mais au caractère bien trempé. Aux commandes d'un domaine agricole, l'indépendance chevillée au corps, elle defend bec et ongles son pré, Carey, et refuse la demande en mariage du sincère et brave Gabriel Oak (Matthias Schoenaerts), berger ruiné qu'elle a embauché dans sa propriété, puis repousse les avances pourtant bien inttentionnées de son riche voisin, le charismatique et cultivé William Boldwood (Michael Sheen). Courageuse, travailleuse, érudite, Bethsabée lutte avec succès contre les éléments et les préjugés, mais cette guerrière au corps de lolita n'en reste pas moins femme aveuglée par l'amour, qui succombe, pour son malheur, au prestige de l'uniforme du séduisant sergent Frank Troy (Tom Sturridge).
Pâtre bonne pâte, propriétaire terrien ou militaire aux yeux revolver: trois soupirants qui servent avec brio cette tragédie rurale et trois acteurs qui n'ont pas laissé de marbre la midinette que je suis... tout comme certaines scènes aussi abruptes et vertigineuses que les falaises qui servent de décor au film.
Il n'y a pas que les princesses qui font rêver. Les héritières aux manières cavalières aussi. Cet opus, son ambiance, sa photographie resteront gravés dans vos souvenirs. Une éducation sentimentale, une leçon de cinéma, un vraie expérience intense (et féministe), en salles le 3 juin.

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