Phytophthora ramorum, ce champignon qui menace les forêts françaises

Détecté dans le Finistère en mai 2017, ce pseudo-champignon représente une vraie menace pour de nombreux végétaux d'ornement, comme le rhododendron, la viorne ou le mélèze... Après étude toute particulière des dommages qu'il a déjà causés, l'Anses livre ses conseils pour en surveiller la propagation, voire l'éradiquer.

Phytophthora ramorum, ce champignon qui menace les forêts françaises
© 123RF/Lianem

Phytophthora ramorum, derrière ce nom latin se cache un oomycète ou "pseudo-champignon". Un agent phytopathogène assez redoutable, puisqu'il peut provoquer des nécroses foliaires sur des plantes ornementales, comme les rhododendrons et les viornes.

Phytophthora ramorum, un pseudo-champignon qui a déjà fait de gros dégâts

Connu en Europe depuis le début des années 2000, il a, par le passé, causé des dommages parfois irréversibles. En Californie d'abord, où il est tenu pour responsable du dépérissement soudain des chênes ou Sudden Oak Death, en version originale. Depuis 2009, le Phytophthora ramorum est aussi à l'origine d'une épidémie sur des plantations de Mélèzes du Japon en Grande-Bretagne, qui allait d'une perte d'aiguilles à la mort des rameaux et, finalement, à une mortalité massive des arbres. En France, c'est en mai 2017 dans le Finistère, que des mélèzes du Japon ont fait les frais du Phytophthora ramorum. Depuis, les autorités sanitaires le surveillent de près.

Quelles mesures pour surveiller la propagation et en finir avec le Phytophthora ramorum

Saisie par le ministère de l'Agriculture, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail ou Anses, a mené une étude de fond. Son but ? Identifier les facteurs climatiques et anthropiques propices à l'établissement et à la dissémination du Phytophthora ramorum. Mais aussi, et surtout, dresser une liste non exhaustive des espèces forestières potentiellement menacées. Plutôt alarmante, cette liste fait état de nombreuses espèces forestières, au-delà du mélèze, qui pourraient périr si les conditions climatiques sont favorables à l'épanouissement du Phytophthora ramorumAfin d'en surveiller la propagation, de prévenir les risques d'introduction et d'éradiquer les foyers déjà contaminés, l'Anses dévoile ses recommandations : 

  • Mettre en place une surveillance intensive, en priorité en Bretagne pour détecter les éventuels nouveaux foyers de Phytophthora ramorum, ainsi que dans d'autres régions climatiquement favorables à son développement (Normandie, Limousin...) et où des densités importantes d'espèces vulnérables et capables de transmettre l'infection sont plantées, mélèzes et châtaigniers notamment, 
  • Eviter la plantation des trois espèces de mélèze les plus vulnérables dans les zones où le Phytophthora ramorum est susceptible de se développer, 
  • Instaurer des mesures d'éradication vis-à-vis des espèces forestières infectées, y compris celles des sous-étages telles que Rhododendron ponticum, en cas de détection de Phytophthora ramorum en forêt, 
  • Accroître le nombre de contrôles des pépinières ornementales et des jardineries, afin de prévenir l'introduction de Phytophthora ramorum à partir d'espèces hôtes ornementales en France et dans l'Union Européenne, 
  • Informer les propriétaires de parcs et jardins pour mieux les sensibiliser au risque d'introduction non contrôlée de matériel végétal hôte de Phytophthora ramorum en provenance de zones infectées (Bretagne et Grande-Bretagne).