" Une hôtesse pleurait et criait " : comment ce vol vers Tokyo a viré au cauchemar d'un coup à 11 000 mètres d'altitude
Encore une fois, il s'agit d'un Boeing : les passagers de ce vol sur une compagnie aérienne low cost seront loin d'oublier ce voyage pour le moins mouvementé.
Fondée en 2012, Spring Airlines Japan est une compagnie aérienne japonaise à bas prix. Son siège est basé à Narita, à une heure de Tokyo. Elle dessert un réseau modeste mais stratégique : deux villes japonaises et sept destinations chinoises, dont Shanghai. Elle fonctionne sous le modèle du low cost classique : des prix attractifs, une flotte réduite, et une rentabilité optimisée par des avions bien remplis et des rotations fréquentes. Spring Japan appartient en majorité à Japan Airlines, mais la low cost chinoise Spring Airlines détient aussi 33 % du capital, sans s’impliquer dans la gestion. Au Japon, ce type de compagnie gagne du terrain. Le train reste roi sur les liaisons intérieures, mais les low cost s’imposent pour les trajets vers la Chine. Avec 108 vols par semaine entre Shanghai et Tokyo, la concurrence est rude. Air China, China Eastern, ANA, Jetstar Japan ou encore Juneyao Air se partagent le marché.
Spring Japan y joue sa carte, mais avec prudence : neuf avions seulement dans sa flotte, dont six Boeing 737-800. Un choix qui, depuis quelques années, s’accompagne de risques croissants. Boeing enchaîne les alertes de sécurité. Depuis le crash du 737 MAX en 2018, l’avionneur américain a vu sa réputation s’effriter. Dernier coup dur en date : des problèmes récurrents de qualité de fabrication, pointés du doigt par la FAA (l’autorité américaine de l’aviation). En avril 2024, Boeing a même admis que certaines pièces de ses appareils n’étaient pas conformes aux standards de sécurité. L’agence américaine a lancé plusieurs enquêtes, et des dizaines d’avions ont été cloués au sol, parfois en plein vol.
Le 30 juin dernier, c’est justement un Boeing 737-800 de Spring Airlines Japan qui a dû faire demi-tour d’urgence. Parti de Shanghai à 17h48, le vol JL8696 à destination de Tokyo a été dérouté vers Osaka, après un incident de pressurisation en vol. L’alerte est survenue à 36 000 pieds (environ 11 000 mètres). En quelques minutes, l’appareil a chuté à 10 000 pieds. Les masques à oxygène sont tombés, le personnel navigant a crié aux passagers de les enfiler immédiatement.
@dailymail A Spring Airlines flight had to make an emergency landing after the plane dropped nearly 26,000 feet. The Boeing 737, had departed from Shanghai Pudong Airport in China and was on its way to Tokyo Narita Airport in Japan on Monday when it plunged. Pilots onboard alerted air traffic controllers about an irregularity in their pressurization system that maintains cabin air pressure. Read what caused the plunge at DailyMail.com. #news #plane #airport #japan #tokyo #china #shanghai Mistério - Dih
« J’ai entendu un boum étouffé, et les masques sont tombés. Une hôtesse de l’air pleurait, criait qu’il fallait mettre le masque, que l’avion avait un problème », a confié un passager à l’Associated Press. D’autres racontent avoir cru que c’était la fin. Une passagère a même commencé à écrire son testament dans l’avion. L’appareil, un 737-800 livré en 2017 et opéré par Spring Japan, a finalement atterri sans blessé à l’aéroport de Kansai à 20h48. L’avion reste immobilisé depuis. La compagnie a offert l’hébergement aux 191 passagers et 15 000 yens (environ 93 dollars) pour le transport.
Mais les conséquences ne se sont pas arrêtées là : plusieurs vols ont été annulés dans les jours suivants, notamment vers Sapporo, Tianjin et Hiroshima. L’incident n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une série noire pour Boeing, mais aussi dans une réalité complexe pour les compagnies low cost qui misent sur des avions intensément sollicités. Moins chers, mais plus exposés à l’usure rapide. Spring Japan assure que l’enquête est en cours. Mais ce nouvel épisode fragilise encore un peu plus la confiance envers le constructeur américain.