24 ans d'écart : "Le couple Macron m'a aidée à bien vivre mon histoire d'amour"

Anne a 53 ans quand elle tombe amoureuse de Louis, 29 ans. Un écart d'âge pas toujours facile à assumer aux yeux des autres et qui leur vaut d'être souvent comparé au couple formé par Emmanuel et Brigitte Macron. Elle raconte...

24 ans d'écart : "Le couple Macron m'a aidée à bien vivre mon histoire d'amour"
© Emmanuel et Brigitte Macron, 23 juin 2023, Elysée, Paris. Jacques Witt/SIPA (publiée le 23/06/2023)

Je me suis mariée deux fois avec des hommes de mon âge. Après mon second divorce, j'ai fréquenté des hommes plus jeunes. Ils avaient généralement 10 ans de moins. Les rencontrer, c'était comme revenir en arrière et remettre mes compteurs à zéro. Je dominais sans effort, soutenue par mon expérience et ma situation plus aboutie et en ça, je me sentais protégée : ces hommes ne pouvaient pas me faire de mal, j'étais à l'abri et ça me convenait parfaitement. En retour, ils n'attendaient pas non plus une grande histoire. Aux yeux des autres, l'écart de 10 ans était perçu comme acceptable, voire excitant. L'homme plus jeune passe pour un cador, la femme plus âgée pour une initiatrice. Mais ça, c'était avant que je ne rencontre Louis, 24 ans de moins, lors d'un cours de salsa. Il me rappelait un ex coup de foudre. Mes yeux ne pouvaient décrocher et ça me mettait mal à l'aise : il était quand même très jeune. Il m'a invitée à danser et il s'est passé quelque chose d'indescriptible. J'ai commencé à rougir, à avoir chaud. Il m'a tutoyée – on se tutoie dans la salsa – et m'a demandé si j'étais accompagnée. Je me suis demandé s'il me draguait.

Nous avons échangé nos numéros et nos dates de naissance, sans mensonge.

Nous avons discuté jusqu'à deux heures du matin, échangé nos numéros et nos dates de naissance. Nous ne nous sommes pas menti. Les jours qui ont suivi, j'ai lancé quelques hameçons, mais avec retenue. J'avais besoin de son autorisation, besoin qu'il prenne les choses en main. Ce qu'il a fait. Nous avons débuté notre histoire dans notre bulle, chez lui ou chez moi. Mais il a fallu sortir. Si la salsa est un milieu très tolérant dans lequel nous nous sentions libres, les choses étaient différentes dans la rue. Il pourrait être mon fils. Il faut savoir aussi que nous n'avons pas la même couleur de peau. Il a fallu que quelques personnes nous dévisagent pour que Louis repousse un de mes baisers. J'ai été blessée. Il m'a confié qu'il souffrait du regard des autres dans lesquels il lisait être un gigolo. J'ai su le rassurer et aujourd'hui, nous levons la tête même s'il n'est pas simple d'ignorer toutes ces paires d'yeux qui pèsent sur notre couple. Quand Emmanuel Macron a été élu président de la République, j'ai pensé que les couples à la différence d'âge importante et inhabituelle allaient devenir ultra branchés (Emmanuel et Brigitte Macron ont aussi 24 ans d'écart, ndlr). Mais ça risque de prendre du temps.

Selon moi, les Macron sont les éclaireurs. Ils font sauter des verrous.

Selon moi, les Macron sont les éclaireurs. Ils font sauter des verrous et bientôt, les mentalités évolueront. Je me projette en Brigitte Macron, évidemment. Sauf qu'elle a 10 ans de plus que moi et, que je la trouve vieillie. Je vois la peur du temps qui passe sur son visage. Et même si je considère que Louis et moi sommes différents, car plus jeunes, scruter le couple présidentiel a fini par me propulser au trente-sixième dessous. La comparaison m'a fait mal, mais le point positif, c'est que grâce à mon président, je me sens autorisée à vivre mon histoire et ça fait du bien. Au départ avec Louis, je ne savais pas où nous allions et pour combien de temps. Au bout de six mois, assurément amoureuse, j'ai compris que je m'engageais sur un terrain aussi magnifique que douloureux. Louis veut des enfants et je ne lui en offrirai pas. Nous savons que notre histoire est limitée dans le temps. On essaie de se donner le meilleur malgré cet orage au-dessus de la tête. Je vois comme les jeunes femmes de 25 ans l'observent. Elles me dévisagent. Je suis la "maman" qui sort avec le mec qu'elles n'ont pas. J'ai conscience que ces femmes sont jolies et qu'elles pourront – en plus - lui faire des enfants. Je me réjouis déjà de ce qui lui arrivera sans moi. Mais ce n'est pas simple. En un an, je l'ai quitté trois fois. Partir avant d'en souffrir. Mais c'est trop difficile et nous nous retrouvons inlassablement. Nous avons besoin d'être ensemble, de nous voir, nous toucher. 

"A 53 ans, j'ai l'impression d'être revenue aux fondamentaux du sexe. On ne s'interdit rien"

Auprès de Louis, j'ai découvert l'amour avec délicatesse et tendresse. A 53 ans, j'ai l'impression d'être revenue aux fondamentaux du sexe. On ne s'interdit rien, niveau positions ou pratiques, mais l'essentiel n'est pas là. Ce dont on a envie, c'est d'être l'un contre l'autre. Lors de notre première fois, je l'ai trouvé doué et je n'ai pas ressenti de pression de sa part. Il en avait et me l'a confié plus tard. De mon côté, j'ai quelques angoisses. Je me sens moins sûre de moi, je crains de moins lubrifier. Pourtant, ce n'est pas le cas. Lui me trouve parfaite. Je le guide avec douceur, je lui fais découvrir de nouvelles sensations, mais aussi de nouvelles façons de vivre le sexe. J'ai remarqué que les jeunes faisaient l'amour d'un trait, trente minutes, plié. Moi, j'aime les pauses, j'aime qu'on prenne un moment à la fenêtre, pour se reconnecter à la réalité et ancrer l'extase que nous venons de partager dans un monde réel. Ces moments pendant lesquels nous regardons la vie se dérouler en bas de chez moi après l'amour sont précieux. Nous sommes dans notre monde et plus que jamais, nous prenons conscience du moment présent, le seul dont nous disposons aujourd'hui et dont nous profitons au maximum.