"J'ai pris les hommes pour des objets sexuels" : Philippine a brisé tous les tabous après son divorce
Elle a pris des risques...
Mon histoire d'amour avec mon mari – parce qu'avant que ce soit un divorce, c'était une belle histoire d'amour – a commencé quand j'avais 22 ans. Je sortais d'une relation toxique et violente, tant psychologiquement que sexuellement. Ces violences ont causé de nombreux traumatismes dans ma relation avec celui qui allait devenir mon ex-mari. Nous sommes restés ensemble pendant sept ans et nous nous sommes mariés au bout de cinq ans. Nous étions très jeunes et nous avions beaucoup d'espoir, mais je crois que j'avais beaucoup plus d'ambition que lui. À ses côtés, j'ai développé le syndrome de l'infirmière. J'avais un côté très maternel et j'avais besoin de sauver quelqu'un, probablement parce que jusque-là personne n'avait été capable de le faire pour moi. À part lui. Finalement, cette relation était faussement saine. Il s'agissait plus d'un amour chirurgical que d'un amour bienveillant et authentique. Cela a créé une réelle différence dans nos comportements.
Pendant de nombreuses années, j'ai porté le poids de notre couple, tant financièrement qu'émotionnellement. J'étais le pilier de ce couple. J'ai accepté sa demande en mariage, c'était comme ça, dans les conventions. Je l'ai donc épousé. Mais je me suis rapidement aperçue que je m'étais totalement oubliée.
Un divorce salvateur
"L'heure était venue de penser à moi"
D'autant plus qu'après l'avoir épousé, il m'a considérée comme acquise et n'a plus fait les efforts que requiert le mariage. Quant à la sexualité, n'en parlons pas, elle était devenue quasi inexistante. En approchant de la trentaine, j'ai eu une prise de conscience. J'en ai eu assez de porter la responsabilité d'un couple qui n'était pas heureux. J'ai demandé le divorce, en espérant retrouver la jeunesse que je n'avais jamais eue.
De mes 18 ans à mes 29 ans, j'ai été en couple. Et pas dans des relations qui m'épanouissaient. L'heure était venue pour moi de penser à moi, d'être égoïste et de me découvrir. J'ai voulu me libérer. De tout. De mes parents aussi, en quelque sorte. Eux ont très mal vécu le divorce. Étant de confession catholique, ce ne sont pas des choses facilement acceptées. J'ai donc pris le temps d'accepter et d'assumer mes propres choix, en dépit de l'avis de mon entourage. Et tout doucement, je me suis redécouverte. Ou plutôt, je me suis découverte. Certains amis, qui n'ont pas la même éducation que moi et qui se sont toujours montrés très ouverts, m'ont aidée dans cette démarche, notamment pour découvrir ma sexualité et ma féminité, afin de me reconstruire.
L'inscription sur des sites de rencontres
J'ai commencé à m'inscrire sur des sites de rencontres et j'ai voulu expérimenter pas mal de choses. J'étais d'abord dans une espèce de dépendance affective car je ne me connaissais qu'à travers le couple. Peu à peu, je me suis détachée de tout cela, parvenant à voir les hommes uniquement comme des sortes d'objets pour mon bien-être sexuel. Je me suis laissée porter par mes différentes rencontres, j'ai pris des risques, je suis allée à l'aventure, autant avec des inconnus qu'avec des personnes de mon cercle.
"J'ai pris des risques"
Et même si je ne couchais pas avec tous les hommes que je rencontrais, l'expérience de la séduction était agréable. Je pouvais plaire. Et ça me faisait du bien de le constater. Toute cette période a été une prise de conscience. Mon charme, mon charisme, mon sex-appeal, finalement une espèce de beauté que les gens pouvaient capter en moi. Ça m'a libérée, sexuellement et physiquement, alors que la sexualité a toujours été un sujet très tabou, voire dangereux, ayant été abusée sexuellement dans mon enfance et par la personne que j'ai connue avant mon ex-mari. Mon divorce m'a également permis de travailler sur moi pour ne plus me définir uniquement par ce que j'ai vécu. J'ai réussi à me voir autrement qu'une victime.
Je dois beaucoup de ce travail aux hommes que j'ai rencontrés. Plus matures sexuellement que mon ex-mari, plus ouverts pour certains. Ils ont été un réel moteur dans la quête de mon nouveau moi. Être célibataire m'a ouvert la voie pour ma reconstruction en tant que femme. Finalement, mon divorce a été salvateur pour moi. Et je n'aurais pas voulu que ça se passe autrement. J'ai accepté que certains de mes fantasmes puissent être liés à certains de mes traumatismes. J'ai accepté que ce qui me fait vibrer ne peut pas faire vibrer tout le monde. J'ai accepté qui je suis. Dans tout ce que cela comprend. Quelque part, mon divorce, c'est ma plus belle réussite.