TEMOIGNAGE. "On ne fait l'amour qu'une fois par mois et on s'en porte très bien"
Pendant très longtemps, Audrey et Thomas ont eu une vie sexuelle riche et épanouie jusqu'à…
Durant huit ans, on faisait l'amour partout, tout le temps. Dans les parkings, les ascenseurs, sur les plages, dans les ruelles sombres, sur un banc public en bord de mer… Rien ne nous effrayait. Au contraire, nous étions excités par le risque d'être surpris tôt ou tard. Nos plus belles parties de jambes en l'air étaient celles qui se déroulaient en dehors de notre lit. Notre créativité était sans limite et on ne se lassait pas l'un de l'autre. À l'époque, je me souviens que j'entourais sur mon agenda les jours où nous avions des rapports sexuels. Cela me rassurait sur la bonne santé de notre couple. Je disais à Thomas que nous étions plus forts que les autres et que notre désir l'un pour l'autre résisterait à l'épreuve du temps. Cela aurait probablement pu être vrai si on n'avait pas eu d'enfant.
Au bout de huit ans de relation, on s'est dit qu'il était temps de fonder une famille. Alors, on s'est lancés. Je suis tombée enceinte très rapidement. Durant les trois premiers mois de ma grossesse, j'ai eu beaucoup de nausées et j'étais extrêmement fatiguée, à la limite de la narcolepsie. Le moindre effort me coûtait, et j'étais pétrie d'angoisses. Autant dire qu'à cette période, je n'avais aucune envie d'avoir des rapports sexuels. J'attendais impatiemment le deuxième trimestre car toutes mes copines me disaient qu'il y avait un regain de libido incroyable. Eh bien, je ne l'ai jamais eu ! Jusqu'à la fin de ma grossesse, je n'étais pas attirée par le sexe. Thomas ne m'en voulait pas car la baisse de désir était exclusivement liée au contexte. Il n'empêche que cela a mis une certaine distance sexuelle entre nous.
On pensait que l'arrivée du bébé allait arranger les choses mais non. Mon désir n'est pas revenu comme je l'aurais espéré, et pire encore, j'avais tendance à fuir les moments de rapprochement et d'intimité. Est-ce parce que j'allaitais mon fils ? Qu'il me prenait toute mon énergie au sens propre comme au sens figuré ? Probablement. J'ai eu du mal à me remettre dans le "bain" mais cela s'est fait progressivement. Le problème, c'est que la fréquence n'était pas au rendez-vous. Mon mari comme moi étions en permanence fatigués et n'avions pas la tête à ça. Les mois ont passé et on s'est habitués à cette situation. Et pour cause, on forme un excellent couple parental ! On est très fusionnels avec notre enfant qui dort toujours (presque) toutes les nuits dans notre lit alors qu'il a 3 ans. Cela n'aide pas à avoir une intimité, c'est certain.
Au cours de la première année qui a suivi la naissance de notre fils, je faisais part de mon inquiétude à ce sujet à mon mari : comment avait-on pu en arriver là ? Pourquoi avait-on laissé le feu s'éteindre ? Au fond de moi, je reste persuadée que le sexe est le ciment du couple. Mais, il y a des périodes dans la vie qui sont plus ou moins propices à une sexualité épanouie. Aujourd'hui, on ne fait l'amour qu'une fois par mois et on est heureux comme ça. Chacun de nos rapports est puissant et passionnel comme autrefois. C'est ce qui me rassure : l'alchimie est toujours là. Mais la fainéantise et notre rôle de parents ont pris le dessus. Malgré tout, je reste intimement convaincue que, le jour où on l'aura décidé, on pourra reprendre une vie sexuelle aussi riche que celle que l'on avait auparavant...