PLAN à 3 : Christina, 46 ans, se révèle avec deux hommes bisexuels

La bisexualité masculine étant encore taboue, rares sont les plans à trois qui accueillent deux hommes (plutôt qu'un) et au sein desquels la réciprocité est entière. Christina, 46 ans, a eu l'occasion de vivre cette expérience unique qui a débouché sur une relation amoureuse et un vie de trouple de deux ans. Témoignage.

PLAN à 3 : Christina, 46 ans, se révèle avec deux hommes bisexuels
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Christina a 46 ans et vit en région parisienne. Divorcée depuis quatre ans, cette mère de deux enfants a découvert après sa séparation une sexualité ouverte, libre et riche en expériences. Récemment, elle a rencontré deux hommes bisexuels avec qui elle a vécu une aventure basée sur le plaisir mais aussi sur les sentiments. Un témoignage qui nous plonge dans les coulisses d'un plan à trois hors du commun où chaque protagoniste entre en relation avec les deux autres.

"Avant cette aventure à trois, ma sexualité était classique"

Je suis célibataire depuis quatre ans. Avant ça, j'ai été en couple pendant 18 ans avec le père de mes enfants. Ma sexualité était classique, pour ne pas dire plan-plan : des rapports relativement satisfaisants qui se sont espacés au fil du temps pour devenir inexistants sur les deux dernières années. Un manque qui n'était pas forcément source de frustrations, tout du moins au début. C'était une sorte d'anesthésie sexuelle : moins on fait, moins on a envie de faire. Après ma séparation, j'ai découvert une toute autre sexualité. Je ne cherchais pas forcément à lever le rideau sur de nouvelles pratiques, je ne fonctionne pas aux projections. Ce sont plutôt les rencontres, facilitées par les réseaux sociaux, qui m'ont guidée vers de nouvelles possibilités.

J'ai d'abord exploré une sexualité à deux plus décomplexée que ce que je connaissais, puis une sexualité entre femmes puis en groupe. Je me suis laissé porter par mes envies, par ma curiosité. Il n'y avait aucune revanche envers mon passé, aucun besoin de combler un vide ou de rattraper du temps perdu. Simplement, plus j'avançais, plus j'essayais, plus j'en avais envie. Un cercle positif probablement motivé par une certaine flatterie de l'égo, une satisfaction consciente de me sentir désirée et le goût de la nouveauté. Quand on se sent bien et qu'on flirte avec une sensation de liberté, on continue. Me sentir responsable de mes seules envies a été déclencheur. Je pouvais vivre de nouvelles expériences pour le plaisir, pour mon plaisir.

"Dans le milieu du libertinage, la bisexualité féminine est monnaie courante, la bisexualité masculine taboue"

J'ai donc découvert après ma séparation une sexualité ouverte, différente et me suis notamment intéressée au libertinage. Dans cette nouvelle approche de la sexualité et parce que je fréquentais des hommes et des femmes, j'ai pu constater que la bisexualité féminine était monnaie courante. A l'inverse, j'ai été surprise de ne pas rencontrer de bisexualité masculine, même si au départ cela ne me choquait pas plus que ça. Puis un jour, sur un site libertin, deux hommes cherchent à m'envoyer un message. Nous commençons à discuter. J'étais intriguée par ces deux complices, ces deux amants, à la fois différents l'un de l'autre, et par là même complémentaires.

Ils se connaissaient depuis peu. Ils ne formaient pas un couple mais je ne peux pas dire qu'il n'en était pas un. A leur contact, d'abord virtuel, je me sentais à l'aise. Nous avons décidé de nous rencontrer, de prendre un verre et de faire connaissance, sans fantasmer quoi que ce soit. C'était assez troublant de rencontrer deux hommes qui n'hésitent pas à s'embrasser en public tout en activant le mode séduction avec une femme, moi en l'occurrence. Une attitude qui brouille les codes, qui surprend même, et qui pour ma part a ouvert l'imaginaire à des tas de possibilités avec eux. J'ai projeté de nouvelles sensations et perçu une excitation d'un nouveau genre en étant spectatrice de leur plaisir tandis qu'ils pouvaient également devenir acteurs du mien. J'aimais cette vision, cette idée d'être trois sans barrière entre eux, d'une part parce que c'est rare, d'autre part parce que ça me semblait agréable d'envisager une relation sexuelle sans unilatéralité.

La bisexualité masculine est un sujet relativement tabou, même dans le milieu libertin. Elle est encore trop souvent assimilée à une homosexualité déviante ou à une atteinte à la virilité des hétéros, bref, un tabou imprégné des clichés classiques sur les orientations sexuelles. Les plans à 3 accueillent plus généralement deux femmes et un homme que deux hommes et une femme. Cette dernière configuration reste assez inédite, et lorsqu'elle existe, elle est très souvent centrée sur la femme plutôt que sur le partage à trois, si bien qu'on parle plutôt de plan "2+1".

"J'aimais les voir se toucher, ça me procurait autant de plaisir que de recevoir leurs baisers et leurs caresses"

Après cette première rencontre concluante, nous avons décidé de nous revoir, cette fois pour un moment plus intime. C'était un dimanche soir, deux semaines plus tard. J'avais prévu de dormir à l'hôtel, un luxe que je m'offre régulièrement parce que ça me fait du bien. Je les ai donc invités à se joindre à moi.

J'étais à la fois curieuse, excitée, un peu perturbée aussi. Peu de temps avant cette rencontre, j'étais en deuil familial et je ressentais un gros besoin de tendresse, de contact, de chaleur humaine. Je me suis demandé si ce rendez-vous à trois allait être compatible avec mes attentes. Finalement, j'ai tenté le coup, et bien m'en a pris. Les choses se sont faites assez naturellement. Ça n'était pas ma première expérience à plusieurs. Avant eux, j'avais déjà "participé" à des trios improvisés lors de soirées, une configuration assez classique dans sa réalisation : une fellation à l'un pendant que l'autre me prenait, et ensuite on inversait. Également une double pénétration, mais toujours sans contact entre les deux hommes, même s'ils se connaissaient. Là, c'était autre chose… Chacun s'occupait de l'un ou de l'autre, sans distinction, sans frontières de corps, sans qu'aucun ne soit laissé de côté à un moment donné.

C'était une véritable relation à trois et non une alternance. Le tout avec une grande fluidité, un sens du plaisir de chacun, du partage total. J'aimais les voir se toucher, ça me procurait autant de plaisir que de recevoir leurs baisers et leurs caresses. Ce sont ces aspects de complémentarité et de réciprocité qui en ont fait une expérience excitante et inédite. L'instant qui me reste le plus en mémoire est le suivant : l'un est allongé, moi assise sur sa bouche, alors que l'autre vient sur lui pour se faire pénétrer. Au moment où ils sont à deux doigts de jouir, je me retire de sa bouche pour qu'ils se regardent. C'était à la fois excitant et plein de tendresse. Magique !

"Nous sommes devenus un trouple sans pour autant poser les mots"

Nous sommes restés ensemble toute la nuit. Dormir tous les trois était aussi une expérience troublante. L'envie de se revoir était là, la complicité bien présente, si bien que nous sommes restés ensemble près de 18 mois. Nous avons également partagé de nouvelles expériences à quatre, voire plus, mais jamais à deux, ce n'était pas dans les "règles". Ils étaient - et sont toujours - un vrai "couple" et ce n'est jamais l'un sans l'autre. Je n'ai jamais eu une attirance plus prononcée pour l'un deux. Je les ai toujours considérés comme une entité, même si j'avais conscience de leur individualité. Je les ai aimés à deux.

Nous avons flirté avec une dimension "trouple". Nous sommes présentés nos amis respectifs et nous avons partagé une vie en dehors du lit. Nous connaissions tout de nos quotidiens. Pour autant, jamais nous n'avons parlé de ça, d'être un trouple, c'est resté flou, d'une part parce que leur couple, de plus en plus affirmé, prenait beaucoup de place, ensuite parce que nous étions dans un contexte qui restait malgré tout libertin, donc libre. Simplement, cette fusion sexuelle s'exprimait également de jour, dans la vie "normale". Je ressentais de l'amour pour eux. Et parce que vivre à deux n'est pas toujours simple, vivre à trois ne l'est pas non plus, bien que nous ne cohabitions pas.

Peut-être que nos sentiments ont fini par nous perdre, qu'ils ont poussé à certaines jalousies. La rupture n'a pas été facile, j'ai encore du mal à en parler, mais je sais dire que je garde un souvenir très fort de cette histoire, tant pour le plaisir sexuel que j'ai expérimenté à leur côté que pour cette complicité et cet amour que nous avons développés et qui n'ont cessé de rendre nos rapports sexuels plus intenses et plus sincères les uns que les autres.