"J'ai couché avec 3 mecs dans la même journée, voilà ce que ça fait..." (Adeline)

Il y a trois ans, Adeline, la trentaine aujourd'hui, a couché avec Axel, Léo et Clément dans la même journée. Elle nous raconte son plaisir, son mode de vie et le regard (moralisateur) des autres. Récit intime d'une expérience fortuite dont la jeune femme ne rougit pas.

"J'ai couché avec 3 mecs dans la même journée, voilà ce que ça fait..." (Adeline)
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Je suis aujourd'hui en couple, mais il y a encore trois ans, c'était très peu pour moi. Le "concept" me paraissait compliqué et je m'en sentais incapable. Je voulais vivre, m'amuser, profiter, ne pas me fixer. Il y avait quelque chose de très "adulte" dans la configuration du couple qui m'échappait, aussi quelque chose de très cloisonnant. Le "couple normal" ne m'attirait pas. Bref je n'étais pas faite et pas prête pour ça. Je faisais beaucoup de rencontres et je profitais du présent comme il se… présentait, avec une légèreté presque inégalable.

"J'aimais jouer sur plusieurs tableaux, fricoter avec l'un puis minauder avec l'autre"

Un jour, je rencontre Axel* à un pique-nique organisé par une copine. On discute. Je pense qu'on a su tous les deux très vite qu'on finirait le soir même chez moi ou chez lui (chez lui, en l'occurrence).

A ce moment-là je voyais déjà un gars de temps en temps – Léo*, qui lui-même voyait d'autres nanas. Ce n'était pas vraiment un plan cul ou sex friends, je ne me suis jamais retrouvée dans ces étiquettes ou "modèles". C'était une relation tranquille, basée sur le plaisir d'être ensemble, de partager des conversations et du sexe.

C'était Clément, un copain de longue date avec qui l'ambiguïté régnait, qui m'avait d'ailleurs présenté Léo. Assez galère quand on faisait des soirées tous ensemble parce que j'aimais bien jouer sur les deux tableaux, passer du temps à fricoter avec l'un (avec qui consommation il y avait, donc) puis à minauder avec l'autre (avec qui possibilité il y avait). Néanmoins, ils étaient au courant, ce qui dans le fond m'aidait largement à ne pas culpabiliser. Clément savait que je voyais Léo savait que Léo et moi, on se tournait autour. A leurs yeux, j'étais simplement une fille pas compliquée. J'ai l'impression de paraître prétentieuse en revenant sur ces trois garçons, mais quand j'y repense, je ne comprends même pas ce que ces mecs me trouvaient, hormis ma grande disponibilité sexuelle disons (rires). Pour autant, vraiment, ils me respectaient. Il n'y avait aucun non-dit, tout ça était très sain, si ce n'est que parfois, d'accord, je racontais que j'étais déjà en couple "ailleurs" pour éviter toute possibilité d'attachement ou d'engagement. Bref, tout le monde trouvait son compte dans ces relations. Tout le monde était libre de vivre sa vie, sa sexualité, et de jouir à sa guise. Je n'avais donc rien à me reprocher.

"Lors d'une soirée en particulier, les trois se sont chevauchés"

Lors d'une soirée en particulier, ça s'est chevauché. C'était l'anniversaire d'une copine et je savais que Léo, le plus "régulier" des trois, serait là. Clément aussi, d'ailleurs, qui devait venir me chercher pour qu'on s'y rende ensemble. Avant la soirée, j'ai reçu des messages d'Axel (le gars du pique-nique) qui voulait absolument me rejoindre. Est-ce que je me suis loupée dans l'agenda, je ne sais plus.

Bref, tout commence quand Clément-longue-date vient me chercher. Ce jour-là, impossible de savoir pourquoi, mais ça dérape. Il est chez moi, nous devons repartir, la tension déjà existante double de volume et on fait l'amour, il est presque vingt heures. Dans mes souvenirs, c'était super agréable : enfin on sautait le pas, enfin on goûtait à la tentation. Même si Clément-longue-date me pensait en couple – je lui avais parlé d'Axel-pique-nique pour qu'il n'en vienne pas à me demander l'exclusivité, simple mesure de sécurité - il n'a pas hésité ou douté. Nous savions que c'était un rapport "comme ça". Je crois que j'ai toujours été assez "détendue" dans mes relations au point d'attirer des personnes qui l'étaient aussi. C'était comme un monde parallèle alors que le reste de la population ne jurait que par Tinder, appli en pleine ascension. J'avais l'impression de vivre dans une autre réalité, où on fait passer le plaisir avant tout, où les conventions et les principes n'existent pas, et c'était vraiment relaxant.

On part à la soirée, je perds Jacques-longue-date de vue dans le désordre et la foule du salon, je cause avec Léo-le-régulier, jusqu'à ce qu'on aille tous les deux sexer dans une chambre, chose qu'on aimait bien faire en soirée. Et Axel-pique-nique, en parallèle, continue de m'écrire car il veut absolument venir. Sachant que j'avais dit à Axel-pique-nique que j'étais en couple avec Léo-le-régulier et à Clément-longue-date que j'étais en couple avec Axel-pique-nique (meilleure phrase), je sentais le truc qui allait mal finir.

Alors quand Axel a débarqué, j'ai pris mes cliques et mes claques et on a filé chez lui et fait l'amour.

"Il n'existe aucun quota sexe qui voudrait qu'un seul rapport par jour soit consommable"

Durant cette journée, je n'ai pas "intellectualisé" grand-chose. En couchant avec Léo après avoir couché avec Clément, je ne me suis pas dit que c'était dingue, que je venais déjà de faire l'amour. Idem dans la nuit avec Axel. Alors même que ça n'arrive pas tous les jours, je n'étais pas interloquée par l'incongru de la situation, sans doute parce que ça m'a plu, que c'était aussi mon mode de vie, de rencontre, et qu'il n'existe aucun quota sexe qui voudrait qu'un seul rapport par jour soit consommable.

Doit-on partir du principe que l'on peut coucher plusieurs fois dans la même journée s'il s'agit à chaque fois du même partenaire ? Ou bien partir du principe que c'est oui pour trois personnes différentes… mais en même temps ? Je ne me suis posé aucune question parce que c'était sympa.

Je dois dire que de toute façon, j'adorais coucher avec des garçons. Plus il y en avait et plus c'était marrant. Peut-être que j'avais un truc à me prouver, ou peut-être que c'était juste le goût de la découverte, de l'expérience et de la différence, comme on va chez le marchand de glaces en se disant "idéalement j'aimerais 18 boules", j'avais un peu envie de goûter à un max de gens.

Le plaisir était là, et pour les trois. Un peu comme si le temps entre chaque rapport régénérait notre désir et notre plaisir. Les compteurs sont remis à zéro. C'est un autre homme, un autre lien, une autre d'histoire, d'autres attentes.

Je me souviens des courbatures, du corps qui sait (et qui rappelle) que oui, il y a eu de l'activité. Mais je n'ai jamais trouvé ça sale de me dire qu'il s'agissait de trois pénis différents. Finalement, coucher avec ces trois mecs sur trois journées différentes, ça aurait changé quoi ? Les rendez-vous et les occasions se sont ainsi imbriqués.

"Les remarques désobligeantes des copines me culpabilisaient"

Moi je ne trouvais ça pas honteux du tout d'enchainer les rencontres légères jusqu'au point de faire l'amour trois fois dans une même journée avec trois personnes différentes. J'avais l'impression de vivre ma vie, comme un mec. C'est dit sans stéréotype aucun, simplement c'est dingue de voir qu'un tel comportement, chez un homme, parait on ne peut plus normal, alors que chez une nana, c'est vulgaire.

Ce sont mes copines, à qui j'ai raconté la soirée, qui m'ont fait culpabiliser. Ce n'était pas la première fois. Je ne vivais pas très bien leurs remarques désobligeantes qui insinuaient que je faisais limite le tapin. Alors je me remettais en question. Je n'aimais pas l'image qu'elles me renvoyaient de moi-même. Dès qu'on sort du soi-disant cadre, de ce qu'une fille est censée être ou faire amoureusement ou sexuellement, on est réprouvée.

Globalement, et parce que je ne comptais pas les occasions, les hommes et les rendez-vous, il m'est donc arrivé de culpabiliser et de me demander pourquoi je faisais ça, si j'avais juste envie, si j'avais un manque d'amour à combler, si j'étais une nympho ou une pute comme je pouvais l'entendre… Mais dans le fond, je pense que je m'en foutais un peu de la raison. Quelle qu'elle soit, j'avais envie de ça, c'est sûr et c'était l'essentiel.

Quand je me suis mise en couple quelques mois plus tard (je suis tombée amoureuse, une énorme surprise !), j'ai dû évidemment faire une croix sur tout ça. Pas faute d'avoir proposé un petit deal couple libre qui n'a PAS DU TOUT pris chez mon mec. Cette fois, je n'ai pas attiré une personne aux désirs complètement calqués sur les miens, certainement parce que dans le fond, vivre le couple dans ce qu'il a de plus ordinaire m'excitait enfin.

Donc je n'ai revu personne. J'ai même goûté au couple, à la fidélité, à l'engagement, et je me sens bien. Aucun manque du passé, sans doute parce qu'il est bien rempli. C'est sans regret, c'était vraiment bien.

*Les prénoms ont été changés par souci d'anonymat… et de compréhension