"En couple avec un mec, j'adore les pornos lesbiens", Alice, 32 ans

Alice a 32 ans, elle est hétéro et heureuse avec le même garçon depuis sept ans. Lorsqu'elle se masturbe, elle choisit de regarder des films pornos lesbiens, qui l'excitent davantage. Elle nous raconte son penchant, son fantasme, ce qu'elle aime et recherche. Confidences.

"En couple avec un mec, j'adore les pornos lesbiens", Alice, 32 ans
© 123RF

Les femmes consomment du porno. Une pratique de plus en plus assumée. En 2018, un quart des visiteurs de Pornhub était des femmes, selon les chiffres fournis par la célèbre plateforme de vidéos X. Mais que regardent les femmes ? Par quel type de vidéo sont-elles attirées ? La première recherche effectuée par les femmes est "lesbian", toujours selon Pornub, qui enregistre (en passant) 962 requêtes par seconde. Alice, 32 ans, fait partie de celles qui aiment regarder des films pornos lesbiens. Nous en avons discuté. 

"Je me souviens d'un film érotique, un dimanche soir sur M6"

Je n'ai aucun souvenir de mon premier porno. Adolescente, je ne courais pas après. Pour moi, c'était un truc de garçons. Les mecs en parlaient dans la cour du collège, du lycée, toujours pour se charrier. Je n'imaginais pas que visionner un film pornographique puisse faire partie de ma sexualité. Néanmoins, je me souviens d'un film érotique, un dimanche soir sur M6. Je devais avoir dix-huit ans, je vivais chez mes parents, j'étais à l'étage, j'ai regardé quelques minutes, gênée. Je ne craignais même pas d'être surprise, simplement je ressentais une sorte de culpabilité que je n'explique pas. Pour autant, les images suggestives m'ont excitée. J'étais même frustrée de ne pas en voir davantage. Je voulais du zoom ! Après ça, je me suis enfermée dans ma chambre et je me suis masturbée. Ce n'était pas ma première fois. Je me caressais depuis plusieurs années déjà, enroulée dans ma couette ou à cheval sur mon traversin.

"Je regarde souvent un porno sans me toucher, je me prive pour que ce soit meilleur ensuite"

C'est avec la vie en solo que j'ai découvert réellement le porno. Je ne sais plus qui, quoi, comment. Mais j'ai pris l'habitude de me connecter, en passant par plusieurs plateformes. Très vite, les films pornos, du moins les courtes vidéos, sont devenues un support, même un compagnon de masturbation. A chaque fois que je me masturbais, j'y avais recours, ou presque. J'aimais regarder sans me toucher, j'aimais observer mon corps "de l'intérieur" et me concentrer sur ce que je ressentais avant de me caresser… Peut-être en souvenir de cette première expérience face à un film érotique.

J'ai toujours trouvé ça très agréable de "laisser monter", d'imaginer la suite, d'avoir hâte d'utiliser mes mains ou un jouet. Aujourd'hui, je fonctionne toujours ainsi. Mon imaginaire s'active, et moi je me prive pour que ce soit plus savoureux ensuite. L'avant, c'est un peu le meilleur moment à mes yeux. Et puis surtout, une fois que je me touche, ça passe trop vite, je me fais jouir très facilement. J'ai beau ralentir, l'envie d'aller au bout (et d'y aller rapidement) est trop forte.

"Je me projette à la place de l'actrice, je suis cette femme qu'on le touche"

A force de regarder des films, plusieurs fois par mois, j'ai réalisé que j'avais davantage tendance à regarder le corps des femmes que le corps des hommes. Finalement, les femmes, le sexe des femmes, leurs seins, m'excitaient plus que la vision d'un pénis. Si j'avais à l'expliquer, je dirais que c'est parce que je me projetais à la place de la femme, j'avais envie d'être cette femme que l'on touche. Face à l'écran, il y a un effet miroir, après lequel je cours : ce que l'actrice vit et ressent, j'ai le sentiment de le vivre et de le ressentir. C'est mon corps que je regarde, et ça développe mon imagination, ça va plus loin que les scénarios que je monte en solo. Le scénario, cette fois, m'est imposé. C'est comme si je me laissais faire, surprendre. Paradoxalement, je ne reproduis pas les gestes que je vois. Simplement, la projection me plaît. C'est comme ça que je me suis aventurée vers la rubrique de films lesbiens. J'aurais pu rester dans des relations hétérosexuelles mais puisque je n'observais que les femmes, puisque les hommes me paraissaient presque de trop, j'ai changé de voie fantasmatique.

"Depuis que j'ai découvert mon penchant pour les pornos lesbiens, je me masturbe en plein jour et parfois face à un miroir"

Deux femmes qui se touchent à l'écran, ça me stimule au plus haut point. Je continue de me projeter à la place de celle qui est caressée, mais je dois dire qu'avec le temps, j'imagine parfois que je suis celle qui caresse. Et ça me plait, parce que je me sens fébrile, comme face à l'inconnu.

Je ne dirais pas que j'aime le caractère sensuel de ces films lesbiens. C'est cliché de penser que les femmes entre elles sont plus douces. En tout cas, dans le monde du porno, ce n'est pas forcément le cas. Il y a de la tension, c'est vif, c'est bestial parfois. Ma préférence s'explique tout simplement parce que j'aime voir "mon" corps à l'écran, et que cette fois, je vois double. Deux corps, deux femmes. Le plaisir féminin est à l'honneur et je trouve ça super agréable de voir un sexe de femme excitée. Depuis ça, depuis que j'ai découvert mon penchant pour les pornos lesbiens, je me masturbe en plein jour et parfois face à un miroir.

"Je suis toujours dans cette position de novice qui offre son corps"

Je suis hétéro et je n'ai jamais couché avec une femme. Je ne sais même pas si j'en ai envie. C'est un fantasme, il s'est développé ces dernières années, mais je ne ressens pas le besoin de sauter le pas. En soirée, quand je suis alcoolisée, que je vois des femmes, il m'arrive d'imaginer des scènes, mais dans mes songes, je suis toujours passive, je suis celle que l'on touche, que l'on rend dingue, qui n'a pas de prises. Je suis toujours dans cette position de novice qui offre son corps et se laisse transporter par des sensations inédites. Visualiser un homme, ce n'est pas pareil. Il n'existe pas en moi ce goût de l'interdit, de la nouveauté, de la transgression, alors même que j'ai bien conscience que les relations homosexuelles ne sont pas transgressives. C'est simplement que c'est un fantasme, et donc quelque part un secret, et que c'est cette notion de secret qui m'anime, me donne l'impression que j'enfreins la règle, que je dépasse ma sexualité réelle.

"Il y a la sexualité avec mon partenaire et la sexualité dans ma tête"

Je suis en couple depuis sept ans. J'aime le sexe avec mon partenaire. Il nous arrive de regarder des pornos. Je lui ai déjà dit de choisir deux femmes, mais sans jamais avouer que c'était mon plaisir à moi. Je me cachais derrière l'idée reçue selon laquelle un homme est excité par les lesbiennes. Sauf que c'est drôle, mais mon mec a toujours préféré que l'on regarde des relations hétéros. Le compromis tacite, c'est le plan à trois, et chacun en profite. Il a sans doute besoin, comme moi, de pouvoir se projeter à la place d'un homme. C'est ainsi que je l'interprète.

En tout cas, peu importe qu'on ne partage pas ce même fantasme. Ne pas le partager avec lui m'est égal. Mon fantasme m'appartient, et mes moments en solo, quand mon mec part tôt le matin au travail ou sort le soir, sont importants pour moi. C'est un équilibre. Il y a la sexualité avec mon partenaire et la sexualité dans ma tête. Je distingue ces deux mondes, et quand je me trouve dans l'un, je ne pense pas à l'autre. C'est ce qui me laisse penser que tout ça est très sain, que se masturber quand on est en couple n'est pas un problème du tout, que c'est même normal. Et même si oui, je préfère les films pornos avec des femmes...