Lettre d'excuse (et d'amour) au clitoris

Cher clitoris, cher petit appendice, ultime symbole, s'il en est, du plaisir féminin. Je t'écris une lettre dans laquelle je souhaite te formuler mes excuses. Trop longtemps, en effet, je t'ai ignoré. Non par indifférence mais tout simplement par méconnaissance. Heureusement, avec le temps, j'ai fini par mieux te connaître et t'apprécier. Que dis-je : te vénérer ! Je me devais donc de justifier mes erreurs et mes égarements passés. Avec cette lettre, ça sera chose faite.

Lettre d'excuse (et d'amour) au clitoris
©  Claudia Mora

Quand l'orifice fait oublier le clitoris

Quand j'abordais l'adolescence, l'âge où la féminité commence à réveiller chez un jeune homme d'étranges et mystérieuses sensations, je ne pouvais t'admirer et encore moins te connaître. Et pour cause : il n'y avait pas, à l'époque, internet et sa myriade de sites pornographiques. Certes je tentais, parfois, de louer un cassette VHS au vidéoclub du coin mais, terrible humiliation, je me faisais refouler à cause de mon âge. Dépité, je repartais la queue basse et les joues pourprées de honte. Alors je fantasmais, j'imaginais le sexe de la femme (ta propriétaire) en tant qu'orifice, en tant que réceptacle, pouvant accueillir la raideur et la chaleur de mon pénis en érection. Hélas, te concernant : RIEN. J'avais certes entendu parler de toi mais cela restait flou et mystérieux. Que veux-tu, tu n'étais pas la star que tu es devenu aujourd'hui ! Les femmes, à cette époque, ne parlaient pas de cette partie intime de leur corps aussi ouvertement ! Les médias ne te mettaient à leur "une" et je n'avais pas accès à cette multitude d'articles qu'on trouve aujourd'hui sur ton identité, tes caractéristiques, la façon de t'aimer ou de te blesser ! Comment pouvais-je alors chercher à en savoir plus et partir à ta conquête ?

Prends ton clit' et tes claques…

Enfin, j'ai connu l'amour physique. Hélas, mes partenaires n'étaient pas plus expérimentées que moi puisque nous avions le même âge. Il en résultait beaucoup de maladresses et de déceptions. A chaque fois, je me disais : "tout ça pour ça !?". J'ai tenté à cette époque de t'approcher, de te découvrir, mais mes amantes rechignaient à t'exposer à mes baisers. Elles ne se trouvaient pas à l'aise avec ce type de pratique. Certaines, face à mon insistance, se montraient même agressives. C'était niet. Catégorique. Tu sais, si les jeunes hommes sont incompétents en matière de clitoris, je crois pouvoir ajouter que les jeunes femmes, elles, ont quelques difficultés à assumer leur anatomie, surtout à cet endroit si intime. Ce qui ne facilite pas l'apprentissage, pour l'un comme pour l'autre. Mais je parle peut-être d'une époque révolue… En toute franchise, en ces temps anciens, je n'en faisais pas une maladie : j'adorais être dans le ventre d'une femme alors si cette dernière se refusait à mes caresses bucco-génitales, je ne m'en offusquais pas. C'est comme ça, quand on est jeune, on a tendance à oublier l'autre, à se concentrer sur sa propre jouissance. Comment alors parvenir à me focaliser sur cette petite chose fragile et délicate que tu es !? Mais, un jour, est apparue Clarisse. J'avais 20 ans, elle en avait le double.
 

Clarisse fait des ronds

Des petits ronds

Autour de son

P'tit capuchon

 

Le clitoris de Clarisse

Clarisse, du haut de sa quarantaine, se distinguait radicalement de mes autres amourettes. Ses complexes s'étaient envolés et elle s'acceptait comme telle. Ce détail, qui n'en était pas un, changeait complètement la donne. Pour la première fois dans l'alcôve, je côtoyais une femme totalement à l'aise avec son corps, tout comme avec ses envies les plus intimes. Une nuit, alors qu'elle te caressait (oui toi, son clitoris) ostensiblement devant moi, elle m'a invité à m'approcher de toi, à te toucher, à te caresser, à t'embrasser. De ses doigts, elle a écarté ses lèvres pour t'exhiber, pour t'exposer, pour t'offrir. Je t'ai ainsi vu pour la première fois en gros plan, la tête luisante sortant de ton capuchon. Je te revois crâneur, fier, bordé des ongles rouges de ta propriétaire. J'ai pris le temps de t'inspecter, de t'admirer, de te sentir avant de te palper. "Doucement" m'a murmuré Clarisse dont la respiration devenait bruyante. Ma main tremblait. Mon cœur s'affolait. J'étais bouleversé. Bouleversé par toi que je découvrais enfin en tête-à-tête mais aussi par l'acte de ta propriétaire qui, en t'exposant, m'offrait la chose la plus intime qu'une femme, à mes yeux, puisse donner à son amant.

A chaque femme son plaisir clitoridien

Depuis le temps a passé. Mes amours, plus ou moins longues, se sont succédées. En vieillissant, j'ai acquis de l'expérience. Mes conquêtes également. Et nous sommes devenus familiers toi et moi. Mais même si je te connais, aujourd'hui, sur le bout des doigts et de la langue, je crois pouvoir annoncer une vérité : à chaque retrouvaille, à chaque nouvelle propriétaire, à chaque femme, tu changes et de visage et de sensibilité. Parfois, il suffit à peine de te frôler pour que ta proprio se mette à tressaillir. J'en ai même connu une qui avait le mauvais réflexe de rabattre avec vigueur ses deux cuisses quand je te taquinais avec ma bouche. J'en ai encore les oreilles qui sifflent… D'autres aiment que tu sois aspiré, léché, étiré. Certaines ne souhaitent pas un contact direct et préfèrent que je m'affaire autour de toi. Bref, il y a de tout. Mais tu restes toi. Oui toi. Alors si j'ai commencé cette lettre en formulant des excuses (les accepteras-tu ?), je me dois de l'achever en te disant : je t'aime !

Au plaisir de te revoir prochainement.

Ton serviteur.