Mon Dernier Rapport Sexuel : "J'ai fini toute seule…" (Natacha, 45 ans)

En 2019, nous avons décidé d'interroger des femmes, comme vous, comme moi, afin qu'elles nous racontent leur dernier rapport sexuel. Pour Natacha, 45 ans, c'était... avec son mari, le 18 décembre avant de dormir. Et ça s'est passé comme ça...

Mon Dernier Rapport Sexuel : "J'ai fini toute seule…" (Natacha, 45 ans)
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Mon dernier rapport sexuel, c'était 18 décembre, à 23h, avec mon mari, dans notre chambre... Nous sommes ensemble depuis 18 ans. Nos enfants, de 10 et 12 ans, étaient couchés et probablement en train de dormir. Lumière éteinte, avec la lueur du dehors. Nous commençons à nous exciter mutuellement. Ses caresses restent très géolocalisées : d'abord les seins, ensuite le sexe. C'était un peu mécanique, même un peu maladroit, comme souvent. Ce n'est pas rare qu'il me cogne avec le coude ou le genou, ou me tire les cheveux. Mais je ne parle pas d'une levrette bestiale avec "attrapage de tignasse", non. C'est plutôt : aïe, fais un peu gaffe où tu fous ton bras ! 

Longtemps, le sexe a été essentiel à notre relation

Depuis plusieurs années, nos rapports se suivent (encore que) et se ressemblent. A partir du moment où il bande, on passe à la phase pénétration. C'était comme ça en décembre. La phase "boum-boum", comme je l'appelle, n'a pas duré très longtemps. Tout compris, on est dans les 20 minutes. On a conclu parce qu'il a joui. Pour moi, ce n'était pas terminé, pas du tout. Je voulais jouir aussi, enfin ou encore, sauf que je me suis débrouillée toute seule. Ça lui arrive de m'accompagner, en titillant mes seins par exemple, mais un peu distraitement. Pas vraiment concerné. Mon état d'esprit, quand on s'apprête à faire l'amour, c'est souvent, tiens c'est vrai que ça fait un bail, faudrait qu'on le fasse quand même, mais je vais tout me taper, son plaisir ET le mien, et puis il va être maladroit.

C'est marrant, parce que je n'aurais jamais présagé que notre vie sexuelle deviendrait ce qu'elle est devenue. Nous n'avons pas, disons plus, de rapports très fréquents. Pourtant, longtemps, notre relation a tourné autour du sexe. Avec le recul, je me dis même que le sexe nous constituait, qu'il était essentiel à notre histoire. Une attirance physique très forte, un appétit sexuel commun, bref, c'était la fête des draps en permanence. Et satisfaisant, avec ça ! Une alchimie totale : on était anatomiquement compatible. La répartition des rôles était classique mais totalement adaptée à nos comportements, lui très dominant, moi très soumise. Ça marchait du tonnerre. Évidemment, cette furie se calme avec les années, mais dans notre cas, ce n'est pas seulement l'œuvre du temps. Notre relation a été malmenée à plusieurs reprises, elle a beaucoup changé.

Nous nous sommes perdus après notre première expérience de libertinage 

Aujourd'hui, c'est comme si on avait jeté un seau d'eau sur des braises. C'est assez plat, même si parfois je ressens un sursaut de fièvre, mais ce n'est plus du tout comparable. L'emploi du temps de mon mari le tient trois semaines sur quatre loin de la maison. De fait, nous ne dormons pas souvent ensemble. Mais en réalité, la distance n'a rien d'une fautive, au contraire : elle parvient même à réveiller quelques papillons dans mon ventre. 

Tout est plutôt là : nous nous sommes "perdus" il y a huit ans, environ, période à laquelle nous tentons notre première expérience de libertinage avec un autre couple. Quelques jours plus tard, mon mari m'avoue qu'il m'a trompée, il y a quatre ans de ça. Je comprends la ruse : maintenant que j'ai couché avec un autre homme, c'est plus simple pour lui de tout dire, un peu comme si on était à égalité. Et puis très vite, sans que je ne comprenne bien pourquoi, il rejette la faute sur moi. Il m'aurait donc trompée à cause de moi. A ce moment-là, je ne reconnais plus l'homme avec qui je partage ma vie. Je suis déçue, non pas par son infidélité mais par son comportement devenu agressif et culpabilisant. Je fais l'erreur de le suivre dans les décisions qu'il prend ensuite. Décisions qui nous plongent un peu plus dans le libertinage, en entamant une relation avec un couple, relation cette fois plus engagée. Pourquoi j'y vais ? Parce que cette fantaisie me plait bien, et parce que paradoxalement, notre vie sexuelle se porte mieux après quelques semaines de conflit. L'ambiance s'apaise.

J'ai eu un amant pendant plusieurs années

Cette expérience libertine n'était pas censée durer, mais mon mari tombe amoureux de celle que nous appellerons Claire, la femme du couple libertin. Ce n'est pas mon cas : Vincent, le mec de Claire, ne me transcende pas. Alors mon mari - toujours par souci d'égalité, je ne sais pas bien - me propose de papillonner de mon côté.

C'est là que je fais la connaissance de Greg, qui devient mon amant. Du verbe et de la verve, c'est un séducteur, un Parisien. Au début je me dis que je ne risque pas grand-chose à lui parler sur Internet, il est loin. Sauf qu'il a une maison de famille à cinq minutes de là où j'habite et qu'on finit par se rencontrer. La date est ancrée : 14 juillet 2012, un feu d'artifice à 10h du matin. Une compatibilité immédiate, l'osmose charnelle. Et évidemment, une relation découverte quelques jours plus tard par mon espion de mari, qui ne peut s'empêcher de me tracer et de lire mes SMS. Mais pourquoi, puisque qu'il m'a poussée à aller voir ailleurs ? Je me pose encore la question… 

Le rapport de force a changé, notre vie sexuelle aussi

Les mois qui ont suivis n'ont été que succession de crises et de raccommodages, jusqu'à la décision de divorcer début 2013. Par une subtilité administrative entre l'avocat et le notaire, la démarche s'enraye. N'étant ni l'un ni l'autre très courageux face à ce type de problème, nous laissons courir. Moi, j'ai surtout envie qu'il parte mais je n'arrive pas à imaginer un autre homme à sa place, évidemment. 

Et puis la vie nous réunit. Ça recolle. Un soir devant une série, je replonge dans ses bras. C'est là que tout recommence. 

A partir de là, une nouvelle relation se crée. Il est transformé. J'avais quitté une sorte de diable de Tasmanie enragé, je retrouve un homme adorable, calme, patient. Moi, bien décidée à ne plus jamais me laisser tondre la laine sur le dos, je ne laisse rien passer. Et c'est là, je pense que réside tout le changement : de dominant il est devenu docile, de soumise je suis devenue combattante. Mais ce qu'il est facile au fond de composer dans la vie de tous les jours se révèle plus complexe dans un lit, du moins pour moi. Autant je suis heureuse d'être face à ce nouvel homme, autant au lit n'existe plus cette petite pointe douloureuse qui faisait tout le sel de notre sexualité. Est-il plus maladroit qu'avant ou est-ce moi qui suis plus lucide, réveillée en quelque sorte ? Oui, je pense que je suis réveillée. J'ai vu quel homme il pouvait être, j'ai perdu toute l'indulgence dont je pouvais faire preuve à l'époque. 

Même si aujourd'hui, il n'a plus rien à voir avec cet homme-là, je suis toujours méfiante et sur le qui-vive. Et de fait, moins encline à supporter ses maladresses. Depuis, nous couchons ensemble environ une à deux fois par mois… et quasiment toujours dans les mêmes conditions. Il y a de la tendresse, mais du sexe cru, brut, celui qui te fait haleter et gémir : niet. On s'endort tranquillement l'un à côté de l'autre, heureux et apaisés d'être ensemble. Et moi, je me demande toujours si notre vie sexuelle est destinée à finir comme ça, ou si c'est une phase. Une très, très longue phase. Voilà, c'était mon dernier rapport.

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