Marcelle 25 ans : "Je suis sortie avec un acteur porno, c'était génial"

Dans l'intimité, ils se surnommaient Marcelle et Maurice. Pour nous, Marcelle, 25 ans, revient sur sa rencontre avec M., acteur porno. Si elle n'a pas su tout de suite quel était son métier, elle est fière d'avoir vécu cette relation. Confidences.

Marcelle 25 ans : "Je suis sortie avec un acteur porno, c'était génial"
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J'ai rencontré M. l'année dernière. J'avais 24 ans et lui 33. C'était dans un bar à Paris. Je commandais un verre au comptoir et en me retournant brusquement, maladresse : j'ai renversé l'intégralité de mon cocktail sur sa chemise. Je ne suis pas du genre à me laisser faire alors d'emblée je lui ai dit de faire plus attention. Il m'a alors offert un verre. Trois sourires plus loin, j'ai déserté. Ce n'est que quarante-cinq minutes plus tard que je suis retombée sur lui : il m'a renversé sa bière dessus pour attirer mon attention. Bien vu. Nous étions quittes et nous avons décidé de partager une cigarette. Cigarette qu'il a surnommée "la clope de la paix".

Nous avons alors fait connaissance, décidé de nous revoir et démarré une relation. M. m'a expliqué qu'il venait de créer une marque de vêtement et qu'il bossait également dans un restaurant. Il avait plein de projets. J'étais bien avec lui. Un mec intéressant, beau garçon, à la voix suave.

"Il m'a entrainée sur de nouveaux terrains, plus particulièrement celui du BDSM"

Notre vie sexuelle se portrait extrêmement bien. M. me faisait voyager. Avec lui, j'ai comme redécouvert ma sexualité. Il m'a entrainée sur de nouveaux terrains, plus particulièrement celui du BDSM. Cela ne s'est pas fait par magie, mais M. a senti que j'étais réceptive lorsqu'il prenait les devants, aussi que j'étais endurante dans la douleur. Nos petits jeux me plaisaient.

Peut-être que j'aurais pu deviner son métier. Au lit, c'était un truc de dingue, très puissant, très bestial. Oui, il était très doué et oui, je me disais parfois qu'un certain nombre de nanas avaient dû passer par-là… Mais rien ne me mettait la puce à l'oreille, même pas son ex actrice porno dont il parlait parfois. D'ailleurs, la plupart de ses fréquentations captaient rapidement son job dès qu'il évoquait son ex. C'était sa façon à lui de révéler son métier. Finalement, ce n'est qu'au bout d'un mois et demi que j'ai su la vérité : il était acteur porno ! Vérité qui m'a perturbée un temps mais absolument pas dérangée.

"Il m'a dit : mais tu n'as toujours pas compris qui j'étais en fait ?"

J'ai découvert son métier d'acteur porno lors d'une soirée chez ma meilleure amie. Nous étions bien éméchés. Et donc, nos verres à la main, pompettes, il m'a dit : mais tu n'as toujours pas compris qui j'étais en fait ? Et là, il a tout lâché. Surprise, j'ai quitté le pub dans lequel nous nous trouvions. J'avais besoin d'air. Disons que ça me paraissait irréel : ces mecs-là existent derrière la caméra et on oublie qu'on peut les croiser, les fréquenter, les aimer.

Il m'a rejoint sur le trottoir, où je faisais les quatre cent pas. Et il a entrepris de me rassurer. Il ne voulait pas que je me ferme ou que je fuie. Il tenait à ce que je connaisse son job parce qu'il tenait à moi. Il ne souhaitait en aucun cas que cela brise le début de notre relation. Car entre nous, c'était très chouette, vraiment très chouette. Une magnifique complicité dans la vie et au lit. Il m'a dit que le sexe, dans son boulot, était mécanique. Que cela n'avait rien à avoir avec le sexe que l'on vivait tous les deux. Il faisait la différence et continuerait évidemment de la faire.

"J'ai voulu le voir en plein jeu et j'ai visionné certains de ses films"

Après sa révélation, nous sommes rentrés ensemble et nous avons fait l'amour. J'ai vraiment eu du mal à trouver le sommeil. J'étais prête à accepter son job, je ne voyais pas le problème. Seulement, je craignais de vivre une relation intime avec un homme qui faisait du sexe toute la journée ou quasiment… Durant ma nuit blanche, j'ai contacté des amies pour leur partager la "grande nouvelle". Et toutes me disaient : et alors ? Que de retours positifs. J'ai compris alors qu'il serait primordial de distinguer intimité et boulot. Comprendre que l'homme que je fréquentais n'était pas l'acteur porno. J'en avais les moyens.

Très vite, j'ai voulu le voir en plein jeu et j'ai visionné certains de ses films. Son regard pendant les scènes n'avait rien à voir avec le regard que je lui connaissais dans l'intimité. C'était joli de le constater.

Lors de nos rapports sexuels, j'oubliais qu'il était acteur porno, si ce n'est qu'à force, avec son métier, il avait moins de sensibilité. Il savait exactement sur quelle zone insister pour prendre du plaisir, et lui seul pouvait réellement se stimuler. Pour autant, cela ne faisait pas de moi quelqu'un de passif. De toute façon, M. aimait mener la danse. Et j'aimais ça. Nous faisions l'amour très souvent, même après une journée de tournage. Son énergie était dingue. Nous nous privions seulement avant les tournages, il préférait garder ses forces.

"M. avait sans cesse besoin de repousser ses limites"

Notre relation n'a pas tenu. M. papillonnait, M. ne pouvait s'empêcher de séduire… Il avait ce besoin constant de se prouver quelque chose. Et quelque part, il était un drogué des relations. Pas que sexuelles, même si de ce point de vue, il cherchait toujours le meilleur, toujours mieux, il avait ce besoin de repousser ses limites. Et au-delà de ça, il était en quête d'humain et ne se lassait pas de découvrir les autres. Je ne trouvais pas, ou plus, ma place. 

Après notre rupture, nous sommes restés éloignés une semaine à peine. Nous nous sommes rapidement aperçu que nous avions du mal à nous passer l'un de l'autre. Ce n'était pas qu'une envie de sexe, mais aussi une envie de discuter, de s'entendre. Alors, même sans être ensemble, sans être un couple, nous continuions de nous voir trois à quatre fois par semaine, jusqu'à ce qu'il aille vivre à l'étranger. Depuis, quand il revient à Paris, je suis son pied-à-terre. On passe de longues soirées à refaire le monde, et sans filtre. M. me raconte son envie de se stabiliser, lui qui est toujours par monts et par vaux, très dispersés, en amour, au boulot, en famille. Entre nous, c'est toujours ambigu, et nous faisons toujours l'amour. Je ne sais pas si je suis toujours amoureuse de lui. Je crois que l'on reste amoureuse des hommes que l'on a fortement aimés, et que nous choisissons de réveiller ou d'atténuer la flamme. Je sais que notre relation actuelle lui fait du bien. Il trouve près de moi cette stabilité qu'il cherche tant. Et moi je me sens en confiance à ses côtés.

"A ses côtés, je n'ai jamais ressenti de complexe d'infériorité"

Récemment, j'ai eu l'occasion d'assister à un tournage. Tout un week-end dans une grande villa louée en Ile-de-France. Je l'ai vu jouer. Je l'observais avec un certain détachement. Preuve que j'y étais : je faisais bien la distinction entre le mec que j'ai fréquenté et ce mec. Et je ressentais même une immense fierté.

M. m'a présenté comme sa copine à l'équipe. Je n'étais pas du tout mal à l'aise alors que les actrices pornos, elles, l'étaient. Elles pensaient certainement à ma place, ressentaient un malaise que je ne ressentais pas.

Voilà, j'ai fréquenté un acteur porno et je n'ai jamais ressenti aucune honte, non plus aucun complexe d'infériorité. D'abord parce que les actrices et acteurs pornos sont des êtres humains. Ensuite, parce que se sentir "moins bien" face à un mec "comme ça", c'est prendre le risque de tout faire capoter. Il avait beau être acteur porno, M. était dans l'émotion, et s'il aimait la performance au lit, il n'était pas dans un rapport de compétition. Au contraire, il était extrêmement bienveillant avec moi, naturel et entier.