"Il a une douceur que peu d'hommes gardent avec l'âge" : à 65 ans, Hélène a retrouvé l'amour dans ce lieu inattendu...
Hélène était très bien toute seule et ne souhaitait pas spécialement refaire sa vie après son divorce. Mais sa rencontre avec Pierre a tout changé..
Après deux enfants et un divorce, l'idée de retomber amoureuse n'était pas du tout dans mes projets. Mes enfants étant adultes, je profitais pleinement de la liberté retrouvée. La retraite approchait et il me restait peu d'années de travail. Je n'avais aucune envie de rejoindre un site de rencontre, et les dîners arrangés par mes amis ne m'intéressaient pas. L'idée de rester célibataire à soixante ans, vivant au bord de la mer et appréciant ma propre compagnie, me convenait parfaitement. J'avais trouvé mon équilibre. Pour occuper mon temps libre et préparer cette transition, je me suis inscrite à une activité simple et agréable, loin des préoccupations sentimentales. Le groupe était varié et, parmi eux, il y avait Pierre. Pierre, c'était le calme incarné. Toujours prêt à donner un coup de main, à porter un sac ou à dépanner une voiture en panne. Il avait une douceur que peu d'hommes gardent avec l'âge. Il était veuf depuis huit ans, avait deux enfants adultes, et partageait ma passion pour la marche. Nos échanges étaient amicaux, rien de plus. Mais au fur et à mesure, un lien s'est tissé. Un lien discret, mais solide.
Et puis les années ont passé. Cinq, peut-être. Pierre et moi nous sommes retrouvés chaque dimanche, avons partagé des pique-niques et des fous rires, jusqu'à ce que son absence commence à me manquer. Lui aussi, je crois, l'avait remarqué. Il me demandait régulièrement si mes genoux allaient mieux, si mon petit-fils avait réussi son examen. Ces petites attentions ont pris de l'importance. Un jour, il m'a proposé d'aller voir un film ensemble. J'ai cru qu'il plaisantait. Voir Pierre en dehors du dimanche ? Quelle drôle d'idée ! J'ai éludé la proposition, un peu gênée, avant de finir par accepter lorsqu'il m'a proposé de m'aider à monter ma bibliothèque. Ce jour-là, nous avons parlé de tout et de rien, pris un café, et, en le voyant partir, je me suis surprise à sourire bêtement.
"Ce soir-là, nous avons scellé notre premier baiser"
Pierre n'a cessé de me proposer des sorties, de prendre de mes nouvelles, et, peu à peu, je me suis laissée aller. Mes amies, qui me disaient que j'étais trop têtue, m'encourageaient à accepter. Finalement, un soir, j'ai dîné avec lui. C'était comme un premier rendez-vous d'adolescente : j'avais hésité sur ma tenue, je me demandais si je n'allais pas me sentir ridicule. Mais dès les premières minutes, tout s'est apaisé. Nous avons ri, parlé de nos vies et de nos regrets. C'était naturel, apaisant. Après ce dîner, il y en a eu d'autres, suivis de balades à vélo, de pique-niques et de moments partagés. Peu à peu, sans le décider, nous sommes devenus inséparables. Un soir, Pierre m'a regardée et a dit : "Tu sais qu'on est un couple, maintenant ?" J'ai ri, mais il avait raison. Si on m'avait dit que je referai ma vie à 65 ans avec un homme rencontré dans un club de randonnée, en forêt, je n'y aurai peut-être pas cru. Mais je ne regrette pas de m'y être inscrite. Ce soir-là, timidement, nous avons scellé notre union par un baiser.
Aujourd'hui, cela fait trois ans que nous sommes ensemble. Nous continuons à marcher tous les dimanches, et je n'ai pas le sentiment d'avoir perdu ma liberté. Au contraire, j'ai même gagné un meilleur ami. Chaque fois que je regarde le chemin parcouru, je me dis que l'amour, à 65 ans, c'est un véritable cadeau. Il n'a plus rien à prouver, il ne cherche pas à impressionner. Parfois, au détour d'un sentier, je me dis que si je n'avais pas fait ce premier pas vers le club de rando, je serais peut-être passée à côté de cette si belle surprise.