Témoignage. "Je suis la maîtresse d'un homme marié et je suis très heureuse comme ça"
Vivre une relation avec un homme déjà engagé n'est pas toujours synonyme de souffrance. Au contraire...
Les "maîtresses" sont souvent perçues comme des femmes seules et déçues, espérant secrètement que leur amant les choisisse et quitte leur femme. Ce portrait n'est pas universel. Pour certaines, cette situation est pleinement assumée, parfois même revendiquée. C'est le cas de Nathalie, Elisabeth et Cathy, trois femmes dans la cinquantaine qui trouvent dans leur relation clandestine une liberté rare. Le Journal des Femmes les a rencontrées.
"J'ai envie de partager des instants avec lui, pas ma vie"
Nathalie rencontre son amant il y a moins d'un an, par hasard. Divorcée depuis peu après un mariage compliqué, les relations amoureuses sont loin d'être sa priorité, d'autant qu'elle souffre d'un cancer. Elle est toutefois flattée de l'intérêt de cet homme. "J'étais malade, j'avais mauvaise mine, pourtant je voyais à son regard que je lui plaisais." Il lui annonce rapidement son statut marital, l'avertissant qu'il ne peut lui offrir qu'une aventure. "Cela m'allait très bien, je voulais conserver ma liberté, faire ce que je veux, quand je veux. J'ai envie de partager des instants avec lui, pas ma vie." Depuis, ils se voient une à deux fois par semaine pour partager un moment d'intimité. "Je veux pas que ce soit trop régulier non plus. Il est arrivé que l'on se voit trois fois dans la même semaine, c'était presque trop. Avoir constamment quelqu'un chez moi, non merci."
Un désir d'indépendance partagé par Cathy, qui vit depuis 10 ans une histoire passionnée avec un homme marié : "Je ne voudrais pas qu'il quitte sa femme car j'aime ma vie telle qu'elle est, sans contraintes. Si je veux sortir tard avec des amis, par exemple, je n'ai pas de comptes à rendre. En couple, cette liberté disparaît." Divorcée après 25 ans de vie commune, elle chérit cette relation où la routine n'existe pas : "Même après toutes ces années, on a toujours mille choses à se raconter, on continue de s'apprêter pour se séduire... Dans un couple plus traditionnel, la monotonie du quotidien finit inévitablement par éteindre la flamme". "Chaque moment est magique" confirme Elisabeth, qui a fréquenté secrètement un homme pendant quatre ans avant d'officialiser leur relation. Elle connaît donc les avantages et les inconvénients des deux situations. "Les rendez-vous cachés dans les hôtels, les jeux de piste pour se retrouver… Comme le temps à deux est limité, il est vécu intensément. C'est plus difficile de retrouver cette excitation quand on vit ensemble."
Des relations secrètes qui libèrent
Après des années de vie conjugale parfois marquées par les concessions et les sacrifices, ces relations légères apparaissent comme un moyen de renouer avec soi-même en s'affirmant pleinement. "Finalement, c'est moi qui avait le contrôle et donnait le rythme. Je pouvais arrêter la relation à tout moment, alors il s'investissait beaucoup pour ne pas me perdre. J'avais l'impression d'être le centre de son univers" raconte Elisabeth. Nathalie se sent aussi plus assurée grâce à sa liaison : "Il me fait me sentir désirée, moi qui ne me suis jamais trouvée belle". L'attention et la bienveillance de son amant ont nourri sa confiance en elle, lui permettant d'explorer des facettes de sa personnalité qu'elle ignorait jusqu'alors : "Ses gestes, ses regards, sa façon d'être… Cela m'a aidée à me réapproprier un corps autrefois endormi. Grâce à lui, je me sens libre d'aimer et de prendre du plaisir". Cette rencontre a ouvert à Nathalie une nouvelle voie qu'elle compte bien explorer : "À 53 ans, je viens seulement de découvrir ma sensualité. Je me sens prête à vivre d'autres expériences."
"On a mis en place des codes pour ne pas être démasqués"
Bien qu'enivrantes, les aventures extra-conjugales apportent leur lot d'obstacles. L'un des principaux défis réside dans la clandestinité de ces relations, qui oblige à prendre des précautions particulières : "Je n'ai pas le droit de le contacter. On a mis en place un code, au cas où j'aurais besoin d'aide. Lorsqu'il vient chez moi, on vérifie qu'il n'y a personne dans les parages avant de le faire entrer très vite par la porte entrebâillée" raconte Nathalie. Garder le secret implique aussi ne pas toujours pouvoir en parler à ses proches. Cette censure amène parfois un sentiment de solitude, notamment lorsqu'on voudrait partager les épreuves que l'on traverse. Et celles-ci sont nombreuses !
Pour Cathy, le plus dur est de ne pas pouvoir voir son amant autant qu'elle le souhaiterait : "Au début, je pleurais à chaque fois qu'il partait, je ressentais un grand vide. Je ne suis plus dans cette forme de dépendance, même si j'aimerais que l'on partage plus de temps ensemble". Aujourd'hui, elle regrette surtout de ne pas pouvoir afficher leur amour au grand jour : "Il arrive que l'on participe aux mêmes événements professionnels. Il me fait la bise comme si j'étais une simple amie alors que j'aimerais le prendre dans mes bras, lui tenir la main... C'est dans ces moments là que je prends conscience de ma position de maîtresse."
L'imprévisibilité de ce type de relations peut également être source de déceptions. "Tu as rendez-vous, tu es impatiente, tu te prépares avec soin et puis, au dernier moment, tout est annulé. C'est un coup dur" se souvient Elisabeth. "Il faut constamment s'adapter" confirme Nathalie. "Quand il m'appelle, je dois me rendre disponible." Désillusion, frustration, manque… Parmi toutes ces émotions, il y en a une qui n'a pas sa place : la culpabilité. Toutes trois s'accordent sur la responsabilité des hommes infidèles, maîtres de leurs propres choix. "Ce sont eux qui décident de tromper leur femme. Nous, après tout, on ne prend que ce que l'on nous donne" tranche Nathalie.