Témoignage. "Je suis une tradwife : une femme qui s'occupe de ses enfants et de son mari. Et qui se dévoue à cette tâche"

Lucy appartient au mouvement de celles que l'on appelle aujourd'hui les "tradwife", ces femmes au foyer qui prônent un retour aux normes de genre traditionnelles. A l'encontre des valeurs défendues par le féminisme.

Témoignage. "Je suis une tradwife : une femme qui s'occupe de ses enfants et de son mari. Et qui se dévoue à cette tâche"
© Rob - stock.adobe.com

Je m'appelle Lucy, j'ai 32 ans, et je me considère comme une "tradwife" (une "épouse traditionnelle" en français). Ce n'était pas un choix que j'avais anticipé en grandissant. Comme beaucoup de jeunes femmes de ma génération, j'ai été encouragée à poursuivre des études, à viser l'indépendance financière, et à rêver d'une carrière ambitieuse et grandissante. J'étais convaincue que réussir, c'était tout faire par moi-même, être cette femme forte, indépendante, capable de tout gérer seule. Et puis, petit à petit, quelque chose a changé en moi.

Je me souviens d'un moment précis où tout a basculé. J'avais 26 ans, un emploi stable dans une agence de communication, une vie bien remplie à Paris. Aux yeux de beaucoup, j'avais tout pour être heureuse : une carrière en plein essor, une vie sociale active, et la liberté de faire ce que je voulais de mon temps. Mais au fond, je me sentais vide, déconnectée. J'avais l'impression de courir après quelque chose sans jamais l'atteindre, et surtout, je ne voyais pas le sens de tout cela. Pourquoi cette course permanente ? Pourquoi fallait-il toujours prouver qu'on pouvait être plus : plus performante, plus indépendante, plus tout ?

Un retour à l'essentiel avec des valeurs traditionnelles

C'est à cette période que j'ai rencontré Maxime, celui qui allait devenir mon mari. Il venait d'un milieu beaucoup plus traditionnel que le mien. Au départ, j'ai été surprise par sa vision de la vie, de la famille, des rôles homme-femme. Tout était très fixé. Les femmes devaient faire ci, les hommes ça. Il me parlait de l'importance du foyer, de la transmission des valeurs, et de l'importance d'avoir un équilibre familial stable. À l'époque, cela me paraissait un peu dépassé, presque rétrograde. Et pourtant, en discutant avec lui, j'ai commencé à comprendre que cette vision avait un sens profond, une cohérence que j'avais perdue en chemin. C'était une autre façon de concevoir le bonheur, moins basée sur l'accomplissement individuel, et plus tournée vers le collectif, la famille.

Après notre mariage, j'ai décidé de tout arrêter. Quitter mon travail a été un acte libérateur, même si beaucoup de mes amies ne l'ont pas compris. Pour elles, c'était comme si je renonçais à tout ce pour quoi nous nous battions : l'indépendance, la liberté de faire ce qu'on veut. Mais ce qu'elles ne comprenaient pas, c'est que ma liberté, je la trouvais justement en quittant cette course effrénée. Devenir une trad wife, c'était revenir à quelque chose de plus simple, de plus authentique. On revenait à l'essentiel. Une femme qui s'occupe de ses enfants et de son mari. Et qui se dévoue à cette tâche.

Aujourd'hui, je me lève chaque matin avec un sentiment de paix que je n'ai jamais ressenti auparavant. Ma journée commence tôt, vers 6 heures, avant que la maison ne s'éveille. Je prends un café, j'écoute le silence, puis je commence à préparer le petit-déjeuner pour ma famille. Ce moment où je prends soin des miens, où je m'assure qu'ils partent bien nourris, avec de l'énergie pour la journée, c'est un geste qui me comble. Cela peut paraître insignifiant, mais pour moi, c'est un acte d'amour, de soin. Je ne me contente pas de remplir une tâche domestique, je donne du sens à chaque geste.

"Être femme au foyer, c'est être la colonne vertébrale de mon foyer"

Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas, c'est que ce rôle de trad wife n'a rien d'un renoncement. Au contraire, c'est une manière de m'ancrer dans une réalité qui me nourrit. Être femme au foyer, c'est être la colonne vertébrale de mon foyer. Mon mari et mes enfants comptent sur moi pour créer un environnement serein, ordonné, où chacun peut s'épanouir. Je m'assure que tout soit en place, que les repas soient prêts, que les devoirs soient faits, et que notre maison soit un lieu de paix. Le féminisme moderne nous a appris que pour être libre, il fallait se détacher des tâches domestiques, ne pas être définie par notre rôle de mère ou d'épouse. Mais pour moi, c'est précisément en assumant ce rôle que j'ai trouvé ma véritable liberté. Je ne suis pas coincée dans une routine sans fin, je crée chaque jour quelque chose de concret et de beau pour ma famille. Je n'ai plus à prouver ma valeur par mon travail ou par une quelconque réussite extérieure. Ma valeur, je la trouve dans ce que j'apporte à ma famille et dans la manière dont je les soutiens.

Il y a une chose que je ne veux surtout pas : être une femme "indépendante" au sens où la société l'entend aujourd'hui. Cette idée d'indépendance me semble fausse, presque trompeuse. Être indépendante, c'est souvent synonyme de solitude, de devoir tout faire soi-même sans jamais compter sur personne. Mais pourquoi devrions-nous vivre ainsi ? Pourquoi ne pas choisir la dépendance mutuelle, celle où l'on construit ensemble, où chacun a son rôle et où tout se complète harmonieusement ? Je me sens plus épanouie que jamais dans ce rôle. En tant que trad wife, j'ai trouvé une manière d'être profondément alignée avec moi-même, de vivre une féminité que je trouve trop souvent étouffée par les exigences de la société moderne. Je veux être douce, maternelle, et prendre soin des miens. Je veux une vie plus lente, plus ancrée, où chaque moment a une signification. Et surtout, je veux transmettre ces valeurs à mes enfants : l'importance de la famille, du respect des traditions, de la place de chacun dans l'équilibre du foyer.