Hommes infidèles : pourquoi j'ai répété le même schéma amoureux toute ma vie

Mon histoire avec les hommes infidèles ne date pas d'hier. J'ai eu mon premier copain, Pierre, en dernière année de lycée. J'étais folle de lui et très fière que ce soit mon petit-ami. Jusqu'au jour où j'ai appris par une amie qu'elle l'avait vu dans un bar… en train d'embrasser une autre femme. J'ai immédiatement rompu, mais il a tout fait pour me récupérer. Après quelques semaines, j'ai accepté de revenir. J'étais jeune et vraiment très amoureuse. Je pensais qu'il avait compris, qu'il ne recommencerait pas. Mais l'année suivante, je me suis liée d'amitié avec une fille dans mon cours de danse. Un soir, nous sommes allées boire un verre et je lui ai parlé de Pierre. Alors que je lui décrivais son physique et ce qu'il faisait dans la vie, j'ai vu son visage se décomposer devant moi. Elle s'est mise à rougir, presque à bégayer. Le mal était fait : il fallait qu'elle m'explique cette réaction étrange. Se confondant en excuse, elle a fini par m'avouer qu'elle avait couché avec lui le mois précédent. Je l'ai tout de suite crue. Même si je ne voulais pas voir les choses en face, je pense que dans le fond, je savais. Pierre a rapidement confirmé les propos de mon amie. Cette fois, il ne pouvait plus me berner. Je suis partie, me promettant que je ne me ferais plus jamais avoir.

C'était de pire en pire

J'avais 21 ans lorsque j'ai rencontré Maxime. J'ai été séduite par son charisme, mais je m'en méfiais, aussi. Ça n'a pas loupé, après quelques mois de relation, j'ai appris qu'il m'avait trompée avec une collègue. Suite à cette seconde infidélité, c'était devenu vraiment difficile de faire confiance. J'ai eu quelques amourettes, sans réussir à m'engager. Les rares fois où j'essayais d'aller plus loin, j'apprenais que mes partenaires étaient en couple avec d'autres femmes. C'était de pire en pire.

L'espoir d'un nouveau départ

Il m'a fallu cinq ans pour oser me relancer dans une véritable histoire d'amour. Lorsque j'ai rencontré Matthieu, j'ai su que je ne pouvais pas passer à côté. Il y avait quelque chose de spécial entre nous et j'avais la curieuse impression de pouvoir lui faire confiance. Bien sûr, il m'arrivait de douter, d'avoir peur. Mais notre complicité prenait toujours le dessus. Nous nous sommes rapidement mariés et je suis tombée enceinte de mon fils Lucas quelques mois après. Les premières années, nous étions sur un petit nuage Matthieu, Lucas et moi. Il y avait le manque de sommeil, les aléas du quotidien et les difficultés à trouver notre place en tant que parents. Mais ce n'était que des ajustements qui n'entachaient en rien notre bonheur. Lucas a grandi en un clin d'œil, ses années ont défilé à une vitesse folle. Avec Matthieu, je voyais bien que notre vie de couple s'abîmait avec le temps et que nous n'arrivions pas à changer le cours des choses. Mais je me disais que c'était normal, qu'un amour vieux de 15 ans n'était plus aussi passionnel qu'à ses premières heures.

Un soir, j'ai commencé à me poser des questions

Et puis un soir, j'ai commencé à me poser des questions. Matthieu était sous la douche, je n'ai pas trop réfléchi et j'ai attrapé son téléphone. Je connaissais son code, je n'ai eu aucun mal à lire tous ses messages. Stupéfaite, je suis tombée sur des centaines de textos, qu'il échangeait avec une femme. Les discussions étaient explicites : il me trompait avec elle… depuis plus de deux ans. Elle lui demandait de me quitter, lui, répondait qu'il en avait envie, mais qu'il ne trouvait pas la force de le faire. Sur le coup, j'ai cru devenir folle. Le cauchemar recommençait. J'avais du mal à croire que Matthieu puisse me faire une chose pareille. Je lui ai immédiatement avoué que j'avais lu ses messages, que j'étais au courant de tout. Il n'a même pas cherché à nier, il était pris la main dans le sac.

La révélation par la psychanalyse

Je lui en voulais terriblement, mais je me sentais incapable de le quitter. Au lieu de ça, j'ai débuté une thérapie. Après quelques tests peu concluants, j'ai trouvé une psychologue très compétente. Nous avons commencé un long travail, qui s'est rapidement transformé en psychanalyse. Pourtant, j'avais beau tourner la question dans tous les sens, rien n'expliquait, dans mon histoire personnelle, que je tombe sans cesse sur des hommes infidèles. Mes parents s'étaient séparés lorsque j'avais 20 ans, j'étais déjà adulte et ils avaient toujours gardé des relations cordiales, si ce n'est amicales.

Un tabou familial auquel je ne m'étais jamais confrontée

Pour m'aider à avancer, ma psychologue m'a proposé de demander à ma mère des éclaircissements sur leur séparation. Je ne m'en étais pas rendu compte avant, mais alors que je me préparais à discuter avec elle, je me suis aperçue que j'avais peur de ses réponses. C'était un tabou familial auquel je ne m'étais jamais confrontée.

J'ai mis plusieurs semaines à aborder le sujet avec ma mère. Ce fut une deuxième douche froide : j'ai appris que mon père l'avait trompée pendant de longues années. Ils avaient rompu parce que ma mère n'en pouvait plus. A aucun moment, elle n'avait émis la moindre remarque à ce propos. J'étais complètement chamboulée par cette information, qui avait le pouvoir d'expliquer pourquoi je tombais toujours sur des hommes infidèles. D'après ma psychologue, je reproduisais ainsi un schéma familial que j'avais intégré sans même en avoir conscience. Ce phénomène a un nom : ça s'appelle le traumatisme intergénérationnel.

Suite à cette révélation, j'ai tout raconté à Matthieu. Le seul moyen de recoller les morceaux, c'était d'entamer une thérapie de couple. Il a immédiatement accepté. Je crois qu'il m'aimait toujours. Nous avons passé plusieurs mois à dialoguer, à remuer nos problèmes, à tenter de rompre nos schémas délétères… et nous avons fini par nous retrouver. Malgré la douleur, j'ai compris que l'infidélité de Matthieu n'avait rien à voir avec celles que j'avais subies les premières années de mon existence. Cette histoire est désormais derrière nous : six ans après, nous sommes heureux. Nous avons retrouvé notre complicité et même si nous vivrons peut-être d'autres moments de crise, nous avons choisi de passer le reste de notre vie ensemble. Et cette perspective nous comble de joie !