"J'ai été victime de catfishing, l'homme que j'ai rencontré sur Internet n'était qu'un mensonge"
Quand elle match avec Romain, Zoé est totalement séduite. Elle discute quelques semaines avec le jeune homme avant de convenir d'un rendez-vous. Ce jour-là, il ne vient pas et elle découvre qui il est vraiment... Témoignage.
J'avais 25 ans quand j'ai rencontré Romain. Cela faisait plus d'un an que j'avais mis fin à une longue relation où il n'y avait plus d'amour. J'ai profité du confinement pour faire un "break amoureux", comme je l'appelle et prendre du temps pour moi. Suite à cette période, je me suis inscrite sur différentes applications de rencontre. J'ai commencé à swiper chaque soir et très vite, je suis tombée sur le profil de Romain, 28 ans. Il m'a tout de suite séduite. L'écran de mon téléphone affichait ses photos, il était grand, brun, très beau. Son profil était composé de deux photos. À cette époque-là, je ne prêtais pas attention à ce genre de détail. Sur la première, je me souviens qu'il était de profil, dans la nature et il portait un bob. Sur la seconde, il était de face, une bière à la main. Des lunettes de soleil habillaient son visage. Lorsque je les ai vues, ma première pensée a été "il a l'air chouette !". Dans sa description, il précisait qu'il aimait la musique, qu'il jouait de la guitare et que pour lui, le dimanche idéal était en randonnée.
Je n'ai pas réalisé dans quoi je venais de mettre les pieds
Toutes ces petites informations m'ont fait me dire qu'il cochait toutes les cases. Lorsque j'ai swipé à droite et que la notification "match"est apparue, je n'ai pas réalisé dans quoi je venais de mettre les pieds. On a commencé à échanger des messages pendant des heures et des heures. Le soir, il me confiait ses passions, qu'il préférait les groupes de rock anglais aux américains, boire son café noir sans sucre et sans lait tous les jours à 7h30, des détails insignifiants, mais aussi des morceaux de vie. Comme ce jour, où il m'avait écrit un long message pour me parler de la grossesse à risque de sa sœur ou de la dispute qui avait éclaté avec sa mère. Dès la première semaine, on s'écrivait tous les jours et je ne trouvais pas bizarre qu'il ne propose pas de me rencontrer. "Il doit être occupé". J'aimais prendre mon temps et je n'avais pas forcément envie de précipiter la chose. Ensuite, j'étais partie en vacances à l'étranger avec des amis pendant dix jours.
Le jour de notre premier rendez-vous, il me pose un lapin.
Ca ne nous avait pas empêché de converser comme des adolescents, toutes les nuits par messages, à se confier des petits secrets, s'avouant qu'on pensait à l'autre. On avait prévu de se voir à mon retour, la date était même posée. On échangeait principalement par SMS. Je lui avais demandé de m'envoyer son Instagram ou son Facebook, mais il m'avait certifié n'être sur aucun réseau social. Ok, j'avais trouvé ça bizarre, mais pas tellement, c'est surprenant, mais je ne voulais pas le juger.
Tout se passait si bien, je ne voyais pas en quoi ce détail viendrait changer la donne. On devait se rencontrer un samedi après-midi, à 15h dans un parc, pour boire un café. J'aimais bien l'idée du date de jour et non le soir dans un bar, ça changeait de mes habitudes. J'étais excitée, impatiente, pas timide puisque j'avais le sentiment de le connaître vraiment, après ces trois semaines à discuter. J'ai attendu dix minutes, puis vingt, puis trente. Il ne répondait pas à mes appels, à mes SMS. Il m'avait posé un lapin. Quelques heures avant, il me rapportait à quel point il avait hâte de me voir, blaguait sur le fait d'amener ou non un bouquet de fleurs, et voilà que seule sur un banc, j'attendais indéfiniment un fantôme. J'étais déçue, inquiète et je me faisais des tonnes de films : il devait lui être arrivé quelque chose. J'étais loin de me douter de la réalité !
"Je dois t'avouer quelque chose : ce n'est pas moi sur les photos"
Dans la soirée, il a fini par m'écrire. Non pas pour s'excuser, mais pour me dire "je dois t'avouer quelque chose". Là, j'avais commencé à m'inquiéter, il avait ajouté "ce n'est pas moi sur les photos". La claque. Sur le coup, j'étais choquée et très curieuse, pourquoi avait-il fait ça ? Il m'a expliqué qu'il n'avait pas confiance en lui et qu'il voulait tester les filles, pour voir si elles étaient attirées par sa beauté intérieure. Perdue, triste, je lui ai quand même demandé une photo de lui, du vrai lui. Il m'en avait envoyé et… il ne me plaisait pas. Il n'était pas laid, bien qu'il ne soit pas mon style, mais simplement, il avait menti. Peu importe son physique, c'est l'intérieur de lui qui me dégoutait et qui me faisait peur. J'ai été honnête, je lui ai expliqué. Et là, une deuxième claque, il s'est vexé. Il m'a écrit des horreurs, alors que c'était lui qui m'avait menti ! J'ai tenté de lui faire comprendre que sa démarche n'était pas correcte, qu'il ne pouvait pas m'en vouloir de lui dire ça, puisque c'est lui qui avait menti. J'ai supprimé son numéro et je ne voulais plus jamais avoir affaire à lui.
Pendant trois semaines, j'ai noué des liens avec un imposteur
J'étais outrée, déçue, frustrée. J'étais si contente de rencontrer quelqu'un qui me plaisait, mentalement comme physiquement, avec qui nouer un lien, je pensais que ça pouvait mener à une relation cool. Mais s'il a menti sur son physique, sur quoi d'autre l'a-t-il fait ? Avait-il réellement une sœur ? Jouait-il vraiment de la musique ? Je n'ai pas cherché à trouver le "vrai" lui. Je ne lui ai pas demandé si Romain était son prénom. J'ai pensé à chercher le "vrai" mec derrière les photos, pour lui raconter cette histoire de catifishing, lui confier que quelqu'un se faisait passer pour lui avec une fausse identité. Et puis, je n'ai pas eu envie de livrer cette bataille. J'ai arrêté les applications. Complètement dégoûtée, j'avais l'impression d'avoir perdu mon temps, chaque profil me paraissait faux. À ce moment, je cherchais quelqu'un pour me poser, donc cet imposteur avait entièrement abimé ma confiance et m'avait fait extrêmement peur. Qui était cet homme à qui j'avais révélé de nombreuses choses personnelles pendant trois semaines ?
S'il y a du feeling et de la discussion, j'essaie maintenant de voir la personne le plus vite possible.
J'ai fini par re-télécharger les applications et je me suis réconciliée avec celles-ci. Par contre, plus jamais de mensonge, maintenant, je fais extrêmement attention. Je fais en sorte de swiper si l'homme a au moins trois photos. S'il y a du feeling et de la discussion, j'essaie de voir la personne le plus vite possible, je n'attends plus autant. Et je lui demande toujours des informations personnelles et vérifiables : son travail et dans quel type d'entreprise, son Instagram ou son Messenger. Oui, je stalke et je fais des recherches, un minimum, pour m'assurer que ce n'est pas un autre usurpateur d'identité. J'essaie de ne pas trop stalker, pour ne pas créer des attentes ou des déceptions, et ensuite saboter le date. Mais je veux toujours m'assurer que la personne à qui j'échange existe vraiment. J'ai d'ailleurs raconté cette histoire à quelques hommes sur Tinder et l'un d'eux avait proposé de faire notre premier date en visio, quand un autre m'avait envoyé de nombreuses photos de lui pour me prouver qu'il ne mentait pas. Ils avaient été effarés par mon histoire et agissaient de façon bienveillante. Quelques fois, on peut croiser le chemin de personnes qui méritent notre attention et d'autres fois, on peut attraper un mauvais poisson. À 25 ans, c'était mon cas.